Le monde du
metal progressif est souvent ingrat, beaucoup de prétendants et
peu de place sur le trône… Dans ce contexte, la concurrence est
rude mais Andromeda semble avoir trouvé les arguments qui permettront
à ce jeune groupe de percer. Sortie il y a deux ans déjà, Extension
Of The Wish a souffert d'une mauvaise distribution et d'une instabilité
de line-up, lui assurant tout juste un succès d'estime dans les
milieux spécialisés. Mais cette version 2001, remixée et mieux
interprétée est en tout point une réussite. La recette est certes
classique, mais le groupe tire son épingle du jeux par une fraîcheur
et un sens de l'arrangement vraiment singulier en évitant tous
les écueils inhérents à ce genre musical. Accélérations, breaks
au synthé, gros riffs, le résultat est impressionnant, entre fougue
heavy et classe prog'. Le nouveau chanteur n'est pas sans rappeler
un certain Jorn Lande dans le timbre de la voix, et le jeune virtuose
Johan Reinholdz n'a rien à envier à ses ainés. Début prometteur,
annonçant des lendemains radieux.
Geoffrey
Quand, en
1992, Dream Theater sort son séminal Images and Words, il ne se
doute pas que son morceau Métropolis va devenir la matrice et
le mètre-étalon d'un genre nouveau, le métal progressif. En près
de dix minutes révolutionnaires, fulgurantes, intenses et d'une
densité restée inégalée, le groupe établit toutes les caractéristiques
d'une forme de musique à la sophistication insensée : breaks incessants,
mélodies épiques, virtuosité et inventivité instrumentale, liberté
d'inspiration -avec un net penchant pour le jazz. Images and words
a aujourd'hui dix ans, et son empreinte sur la scène métal est
incontestable : des dizaines de groupes l'ont pris pour référence
et s'en s'ont réclamé. Evidemment, la plupart d'entre eux se sont
révélés être de pathétiques succédanés. Mais d'autres ont su transcender
leur modèle et imposer un style authentiquement personnel (Angra,
Vanden Plas, Symphony X, Ark...). Andromeda est de ceux-là. Le
premier album de ce combo suédois mené par le guitariste Johan
Reinholdz, compositeur de la quasi-totalité des morceaux, combine
l'essentiel des qualités d'Images and Words. Extension of the
wish est tour à tour effroyablement technique, atmosphérique et
expérimental -les sons étranges, les tonalités jazzy et les délires
de construction rappellent parfois Frank Zappa. Plus important,
les longs riffs alambiqués et sinueux de Reinholdz construisent
des mélodies qui impriment durablement la mémoire. On pourra malheureusement
regretter la grande hétérogénéité du tout -les cinq premiers morceaux
sont clairement supérieurs aux quatre suivants-, et une certaine
tendance à tomber sporadiquement dans les travers du genre -solos
démonstratifs, musique froide et clinique. Ce premier album laisse
en tous cas augurer du meilleur, et Andromeda s'impose instantanément
comme un groupe à suivre avec attention.
Pierre
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