L'impression que The Dark Ride avait laissée était celle
d'un groupe qui avait presque changé d'optique, s'orientant vers
des sphères sombres et dépressives et délaissant
définitivement le côté déjanté et
"festif" des premiers temps ("Rise and Fall" du
keeper II ou "Perfect Gentleman" de Master of the rings).
Suite à cet album qui fait désormais figure de bête
noire au classement de Michael Weikath et à un changement presque
de moitié de line-up, Rabbit Don't Come Easy est une sorte de
synthèse de tout ce que le groupe a pu traverser et créer
pendant plus de quinze ans, l'aboutissement d'années de recherches
et d'hésitations. C'est un Helloween frais, jeune et plus créatif
que jamais qu'on retrouve dans ce Rabbit..., à la fois enlevé
(Open your life) et lourd (Liar), traditionnel (Just a Little Sign)
et expérimental (Back Against The Wall), lent (Don't Stop Being
Crazy) et rapide (Just A Little Sign, The Tune), étonnament imprévisible
alors qu'encore sur The Dark Ride certains morceaux affichaient un grand
manque d'originalité. Il y aurait beaucoup à dire sur
cet album, notamment sur le jeu sans défaut de Mikkey Dee, la
voix d'Andi Deris qui ne cesse de s'améliorer et qui, à
l'image de son groupe s'aventure dans des recoins nouveaux, la touche
de fraîcheur de Sascha Gerstner dans les compos, et bien d'autres
qualités, tant il brille par son immense richesse et sa complexité
compréhensible seulement après un certain nombre d'écoutes.
Devant une telle charge d'énergie de maturité et de fraîcheur,
de dextérité, de virtuosité, d'expérience,
on ne peut que s'incliner et rendre à Helloween la place de maître
qu'il était sur le point de perdre...
Anne-Celine