Au fil de leurs albums, les jeunes prodiges de Sonata Arctica ne se
sont jamais vraiment détachés de cette étiquette
d'héritiers de Stratovarius, et malheureusement Winterheart's
Guild aura encore du mal à la décoller. Il serait cependant
de très mauvaise foi de soutenir que Sonata Arctica n'a jamais
fait qu'imiter ses aînés : d'autres groupes le font avec
beaucoup moins de personnalité, et ce n'est pas peu de parler
de personnalité avec ces Finlandais-là. Dès Silence,
ils ont réussi à imposer un style assez original sans
pour autant franchir les limites d'un speed metal énergique plutôt
conventionnel. Avec ce dernier album, l'influence de Stratovarius est
encore présente mais davantage maîtrisée et ne se
retrouve que dans les parties les plus énergiques de l'album.
D'un autre côté, Sonata Arctica est presque passé
maître dans la composition de chansons mid-tempo qui savent avoir
une certaine puissance sans pour autant être très rapides
(Broken). Cependant, rien de vraiment nouveau dans ce Winterheart's
Guild : des ballades peut-être très belles ( Draw Me, The
Misery) mais trop banales qui n'ont plus le charme d'un "Replica"
(Ecliptica) ou d'un "Sing in silence", des compos speed certes
très bien maîtrisées mais sans grande originalité,
des impressions de déjà-vu (l'intro de "Victoria's
Secret" qui n'est pas sans rappeler la deuxième version
d'un certain "San Sebastian"). Pour sauver cet album, il reste
les lignes de chant très accrocheuses executées par un
chanteur qui surprend encore et encore par sa douceur ou sa hargne (Champagne
Bath), des passages mélancoliques qui alternent avec d'autres
parties furieuses, une maturité qu'on n'avait pas encore sur
Ecliptica et une grande maîtrise instrumentale de la part de tous
les membres. Manquent l'épique d'un "Power Of The One"
ou "The End Of This Chapter" et ce petit plus qui aurait pu
offrir la consécration à Sonata. Mais ce n'est que leur
troisième album, et du reste, un très bon, à ne
pas rater...
Anne-Céline