Quoiqu’en disent certains, il n’y a pas eu, pour l’instant, de véritable erreur de parcours dans la discographie de Cradle Of Filth. Pour ces mêmes personnes, tout s’est arrêté pour le groupe après l’album référence qu’est Dusk And Her Embrace. Pourtant, que ce soit les albums Cruelty And The Beast, Midian, ou encore celui de l’expérience ratée chez Sony, Damnation And A Day, le groupe a toujours fait preuve d’une constance créatrice irréprochable, avec plus ou moins de brio certes, mais est resté, et reste, fidèle à son style. En réalité, le seul problème de Cradle Of Filth fut la concurrence, rien d’autre. Car au moment de sa gloire, le grand public (toute proportion gardée) découvrait à peine le black metal et propulsa le groupe au sommet de cette nouvelle vague satanique. Puis Dimmu Borgir a pleinement montré son talent, suivi par un nombre grandissant de formations symphonico-black metal, reléguant les Anglais au statut de grand-père poussiéreux que l’on aime railler. Malgré cela, Cradle a survécu, a persisté, malgré des changements de line up devenus presque sa marque de fabrique. Revoici donc le groupe sur un nouveau label, Roadrunner, et un album, Nymphetamine, reflétant parfaitement l’état d’esprit d’un groupe ayant pleinement la maîtrise de son art. Car à force de pratiquer le black metal, le groupe en connaît tous les rouages, et en apprivoise les tenants et les aboutissants. Une fois de plus, les Anglais délivrent un album sans défaut majeur. Peut-être trop lisse une fois de plus, mais suffisamment varié et intense pour retenir l’auditeur par sa richesse. Cradle se fait violent (Gilded Cunt), mélancolique (Gabrielle), sublime (English Fire), irrésistible (Filthy Little Secret) et délivre toujours des master-pieces du style (Absynthe With Faust). Non, Dani n’a pas changé, ses cris atypiques venant toujours hanter et donner vie aux compositions, même s’il tente, parfois, de s’adoucir (English Fire). Pour le reste, Cradle Of Filth reste comme un cimetière un soir de pleine lune : froid avec une beauté malsaine que l’on n’ose aimer…
Geoffrey