A l'écoute de cet album de Sirenia, on est en droit de se demander
si les raisons avancées selon lesquelles Morten Veland aurait
quitté Tristania ("divergences musicales") ne sont
pas une couverture pour parler tout simplement d'incompatibilité
de caractères. Car, même si la vocation de Sirenia est
résolument plus expérimentale et electro, bon nombre des
ambiances et des riffs de ce "An Elixir for Existence" nous
rappellent tantôt "Angina", tantôt "¨Pale
Enchanteress". Morten Veland cherche cependant et de bonne foi,
à s'extirper des contraintes qu'il semblait avoir dans Tristania
en s'octroyant une place bien plus importante au niveau des vocaux (avec
une chanteuse moins présente et moins charismatique que Vibeke
Stene, mais plus atmosphérique) et en agrémentant les
compos d'un tas de fioritures qui enrichissent l'album de façon
non négligeable. Trios piano-voix féminine-violon, qui
ne sont certes plus vraiment extraordinaires dans ce style, mais qui
savent toujours dégager une émotion quand ils sont bien
faits, programmations électro et samplers divers, ainsi que des
ambiances trip-hop (surtout le très beau "Save me from myself")
confèrent à l'album une dimension à la fois lyrique
mais nettement moderne, à l'image du mélange de styles
sur le visuel de l'album. Même avec ce deuxième album,
plus personnel, Morten Veland reste attaché à son passé
dans Tristania, mais l'on voit se profiler peu à peu dans son
horizon un groupe à part entière avec un style unique.
Anne-Céline