Le jour où il y aura une « ferme célébrité » pour les stars du metal, il serait vraiment bon de mettre dans la même pièce Dani Filth de Cradle Of Filth, Dave Mustaine de Megadeth, Shagrath de Dimmu Borgir et Sven d’Aborted. Et de voir comment cela se passerait, quand l’on sait l’instabilité qui caractérise ces formations, le fort caractère de ses leaders, et à quel point il leur semble difficile de sortir deux albums de suite avec le même line-up. Car oui, Aborted présente dans ce disque un groupe complètement différent de celui qui jouait sur l’album précèdent, et un line-up encore différent de celui que l’on a pu voir sur scène l’an dernier. Mais ces différents changements de personnel ne semblent pas avoir affaibli la bête Aborted, toujours avide de conquête et de chair fraîche, et qui se donne aujourd’hui tous les moyens pour y parvenir. Le nouveau line-up n’a en aucun cas fait s’éloigner de ses bases le groupe, et l’a au contraire bonifié, lui amenant plus de clarté et de précision dans ses exécutions. Ce nouvel album est donc moins fouillis que ses prédécesseurs, et exploite au maximum chaque idée. Les riffs en deviennent plus accessibles mais surtout beaucoup plus meurtriers, appuyés par un chant hors norme, atypique et polymorphe, capable à lui seul d’engendrer des ambiances malsaines ou plus farouches. Un album où s’entrechoquent de nombreuses influences, du grind au thrash, en passant par le death et une pointe de hardcore, le tout déchiqueté et broyé pour donner une vraie personnalité, plus proche d’un Darkane avec le virus de la rage que d’un Carcass. Aborted a aéré sa musique par l’adjonction de claviers, et en utilisant au mieux de nombreux breaks, évitant l’étouffement inhérent à ce genre de musique, cassant toute monotonie et démontrant un talant d’écriture qui s’affine progressivement au fil des albums. Un groupe définitivement dans l’élite du grind/death mondial.
Geoffrey
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