Le black metal est vraiment un milieu élitiste. Non content
d’être par essence une musique pour érudits du
metal, il est très difficile d’exister dans cette bulle
fermée sur elle-même, prête à dégainer
à chaque faux pas de ses membres. Et cela, Dimmu Borgir le subit
depuis bien longtemps maintenant, parce que le groupe a su sortir ce
style de l’ombre et lui amener une dimension mondiale. Et
n’en déplaise à certains, c’est bien parce
que le groupe est au-dessus des autres qu’il a réussi,
contrairement à cette idée de traîtrise et de
compromis dans sa musique. Depuis Spiritual Black Dimensions,
l’ascension est sans limite, le groupe repoussant toujours plus
les possibilités du black metal, y incluant des orchestrations
magistrales, des mélodies en chant clair et des effets sur les
voix.
L’apothéose ayant été atteinte sur Death
Cult Armaggedon, Dimmu Borgir, plutôt que de prendre le chemin de
la facilité, a décidé de secouer un peu ses bases
et de proposer autre chose, avec un album concept très
ambitieux. Certains ne comprendront pas, se plaindront de ne pas
retrouver le Dimmu d’avant, mais les plus ouverts
reconnaîtront cette façon unique de composer,
transposée dans un album qui ne fait que monter en puissance,
suivant le thème du disque, au rythme de ce prêtre qui se
rend compte petit à petit que ce n’est pas avec Dieu, mais
bien avec le démon que son destin est lié. In Sorte
Diaboli paraît plus simple et plus direct, mais se
révèle irrésistible après plusieurs
écoutes.
L’arrivée d’Hellhammer apporte un jeu plus
organique, (un peu) moins triggé, et surtout beaucoup plus de
diversité (The Chosen Legacy). La voix de Vortex est
utilisée au mieux, avec certainement ses meilleurs parties
à ce jour (The Sacrilegious Scorn) et Shagrath, gavé
d’effets, assène les textes avec sa maîtrise
habituelle et ce timbre atypique. Les riffs oscillent entre thrash et
black, en restant d’une efficacité propre au groupe,
soutenue par des orchestrations parfaites (l’intro de The
Serpentine Offering est l’une des meilleures jamais
composées par le groupe).
Alors on pourra toujours pinailler, chercher les passages plus faibles,
ce sera toujours vain. Dimmu Borgir domine outrageusement et sans
pitié le petit monde du black metal.
Site : http://www.dimmu-borgir.com/
Geoffrey