l nous a fallu attendre 8 ans pour que AC/DC donne un successeur à
Stiff Upper Lip. Jamais le délai n’avait été aussi long entre deux
albums de nos Australo-Ecossais préférés. La rumeur voulait que ce
qu’AC/DC avait de prime abord proposé pour inaugurer son nouveau deal
avec Sony avait été rejeté, la qualité étant jugé insuffisante. Les
revoici donc renvoyés à leurs chères études. Il faut dire que certains,
dont votre serviteur, avaient trouvé Stiff Upper Lip profondément
ennuyeux, la cause à ce mid tempo permanent pendant lequel il ne se
passait rien, dépourvu de cette tension sous-jacente qui rend la
musique d’AC/DC si excitante. Bref, AC/DC ronronnait comme un gros chat
dans son panier, les griffes gentiment rentrées.
Black Ice, comme pour se faire pardonner de cette attente, est composé
de 15 chansons : jamais un album d’AC/DC n’en avait compté autant.
« Rock n’ Roll Train », premier single issu de l’album, est
le titre le plus évident avec une structure très classique
couplet/refrain/ couplet/ refrain/solo /couplet/refrain. Comme la
plupart du temps chez AC/DC, serait-on tenté de dire ! C’est vrai
mais ce Black Ice réserve son lot de surprises. Tout d’abord, la
structure précitée n’est plus forcément de mise et nombre de titres
comportent leur lot de breaks, et de variations diverses qui empêchent
l’album de sombrer dans la monotonie. Si si, AC/DC peut surprendre
après plus de 30 ans de carrière. Pour ce qui est des nouveautés, la
basse a plus d’importance que par le passé, on pourrait même dire que
le duo basse/batterie est la colonne vertébrale de ce Black Ice. Le
meilleur exemple étant « War Machine », avec son rythme
menaçant où la basse tient les premiers rôles tout au long de la
chanson. Angus Young n’est pas en reste et y plante des interventions
assassines comme des banderilles. Autre grosse surprise avec Angus
Young s’essayant avec bonheur au bottleneck sur « Stormy May
Day », excellent titre blues comme un clin d’œil au « Stormy
Monday » de T. Bone Walker, popularisé par Albert King. Autre
originalité, « She Likes Rock n’ Roll » possède un groove
(encore grâce à la basse) proche du Funk qui donne envie de remuer du
cul et un refrain taillé pour faire chanter les stades. A remarquer
également « Anything Goes » qui sonne assez pop un peu à la
manière d’un « Who Made Who » ou « You Shook
Me » et qui devrait cartonner live. Même des titres très
classiques comme l’entraînant « Rocking All The Way », le
bluesy « Money Made » ou « Smash & Grab » sont
efficaces, déjà grâce aux refrains vraiment réussis et à la conviction
de l’interprétation d’AC/DC dont l’enthousiasme est presque palpable.
Les compositions ont visiblement été plus travaillées que sur les 2
précédents albums comme en attestent les nombreuses ornementations
sonores qui jalonnent l’album et une foule de subtilités qui se
découvrent écoute après écoute. Le grand homme de cet album est sans
nul doute Brian Johnson qui délivre une performance remarquable, a tel
point qu’on a l’impression d’avoir affaire au Brian des débuts. La
production est quant à elle fantastique, probablement la meilleure de
l’ère Johnson, assurée par Brendan O'Brien (Pearl Jam, King’s X, Neil
Young, RATM, Springsteen etc.), qui a réussit à renouveler le son
d’AC/DC sans le dénaturer et surtout a su les pousser à donner le
meilleur d’eux-mêmes.
Au final, Black Ice est probablement l’album le moins immédiat à
appréhender des dernières productions d’AC/DC mais aussi le plus
excitant. En tout cas, cet album n’a pas fini de tourner sur les
platines.
Site : http://www.acdc.com
Site : http://www.myspace.com/acdc
Breizhjoker