Certains splits sont apparus au fil du temps comme un immense gâchis,
laissant un goût horrible d’inachevé, celui des prog-deathers
américains de Cynic faisant partie de cette catégorie. En effet, les
géniteurs du fantastique Focus, sorti en 1993, n’avaient pas réussi à
séduire un public qui n’était en fait pas encore prêt à accueillir une
musique aussi torturée et aérienne dans le milieu du death : trop
prog et mélodique pour les fans de death et trop brutale pour les
progueux... Bref, le groupe avait très vite jeté l’éponge, se
concentrant sur un autre projet, Portal, qui ne resta malheureusement
qu’au stade de la démo... Oui, mais voilà, avec le retour au premier
plan du death old school, les gars se sont dit qu’il y avait peut-être
une nouvelle place pour eux, surtout depuis que les festivals européens
avaient de nouveau montré de l’intérêt pour eux, à un moment où Atheist
ou encore Pestilence reviennent aussi... Et l’incroyable, l’inespéré,
l’impalpable se produit enfin : Cynic ressort un album, en plus
chez nos frenchies de Season Of Mist !
Reformé autour du line up originel (Sean Reinert, Sean Malone et Paul
Masvidal), renforcé par un certain Tymon à la deuxième gratte et
aux growls, le groupe donne enfin une suite à Focus et très
franchement, c’est du grand art ! Oh, le style n’a pas
changé : ne vous attendez pas à du blast ici ni à des envolées
brutales ! Tout est calculé pour vous emmener dans un voyage
intersidéral, du fait de la voix robotique de Paul, toujours trafiquée
au vocoder et des riffs torturés, parfois joués en son clair, toujours
mélodiques. La voix de Paul, justement, parlons-en : pour
certains, c’est une voix de tapette trafiquée mais force est de
reconnaître que sans elle, il n’y a tout simplement pas de Cynic !
Encore plus mélodique que dans le passé, elle est toutefois un peu plus
naturelle, tandis que Tymon vient donner un peu de brutalité à
l’ensemble par des backing death de fort bon aloi. Côté soli, c’est
évidemment de la haute voltige mais sans en rajouter : ils servent
les chansons et pas le contraire... Quant à la section rythmique formée
par les deux Sean, que dire ? C’est une véritable leçon de
basse-batterie technique à laquelle vous aurez droit ici ! Quelle
virtuosité !
Bref, Cynic sort ici l’album tant espéré en étant encore plus
progressif que par le passé et reprend le trône qu’il n’aurait jamais
du abandonner vers 1994. Seul bémol à cet album mais il semble de
taille : 34 minutes, c’est trop court ! On en aurait bien repris
pour 20 minutes supplémentaires ! Cynic n’est pas un groupe de
death progressif parmi tant d’autres : Cynic est LE death
progressif, tout simplement et on se demande bien de qui Opeth ou eux
aurait du faire la tête d’affiche de leur tournée commune en
novembre...
Site : http://www.myspace.com/cyniconline
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