On avait peur de voir Enslaved stagner après Isa et Runn. Comme à
chaque nouvel album en fait. Mais encore une fois, Enslaved a grandi.
Vertebrae met à profit les expérimentations passées et donne vraiment à
Enslaved une identité forte. Pas seulement une identité, une identité
forte. La nuance est importante. La musique d'Enslaved ne peut plus
être décrite comme un mélange de ci ou de ça. Un peu comme Opeth, le
son du groupe est désormais assuré, les éléments techniques
parfaitement en place (le chant clair est enfin au point) et les
mélodies tellement...Enslaved ! Bref, sur Vertebrae, Enslaved fait du
Enslaved. Le meilleur Enslaved, le plus assuré, le plus naturel et le
plus original qui soit. Les ambiances sombres sont tour à tour
véhiculées par le chant si particulier de Grutle, puis par le chant
clair et mélancolique. La douleur du black métal se trouve dans les
riffs et les structures progressives. Le son rude et organique renvoie
aux années psyché mais aussi au climat du Nord. Non, le côté pagan des
débuts n'est pas anodin dans l'évolution du groupe. Mais Enslaved ne
s'exprime plus par la vitesse ou la violence frontale. Le ton est plus
torturé, alambiqué, complexe et riche. Les solos très seventies et
l'orgue font leur coming out, et le groupe avance encore dans son
mélange des genres (« Reflexion », le totalement halluciné
« Center »). Enslaved arrive à maturité aujourd'hui, et les
magnifiques tirades que sont « Ground » ou « New
Dawn », belles à pleurer, sont là pour le confirmer : Enslaved est
désormais dans la cour des très grands. On s'était trompé à chaque fois
depuis 4 albums maintenant, en disant qu'Enslaved pourrait tourner en
rond bientôt, mais il y a fort à parier que le groupe n'a pas encore
fini de grandir.
Site : http://www.enslaved.no
Site : http://www.myspace.com/enslaved
Yath