Par Breizhjoker :
En voilà un qu’on n’attendait plus, d’ailleurs la sortie de ce Chinese
Democracy était devenue un sujet de blague récurrente au point qu’elle
en avait presque remplacé le "quand les poules auront des dents". Il
faut dire que de Guns N’ Roses, il ne reste qu'Axl, le caractériel
rouquin ayant fini par lasser tout son monde quand il ne les foutait
pas à la porte. Du Guns N’ Roses, tout le monde sait comment ça sonne.
Un Hard Rock dans la veine du Aerosmith des débuts avec un son bien
chaud, bien sauvagement Rock N’ Roll, joué par une meute de jeunes
chiens fous. Après un très bon album de reprises intitulé The Spaghetti
Incident, on n’entendit plus parler d’eux que dans la rubrique ragots
et engueulades.
Vous souvenez-vous de l’ignoble « My World » qui clôturait
Use Your Illusion II, avec ses sons électro ? Et bien, sur ce
nouvel album, Axl a suivi cette idée. Bien sûr, il y a des guitares
mais le son de celles-ci est passé à travers tant d’effets qu’on
obtient un son très synthétique aux antipodes de celui de Slash. En
fait, on a parfois l’impression d’écouter une démonstration de ce que
l’on peut faire avec les Pro-Tools tant l’album est envahi de
bidouillages et de sons électroniques. Tout ça pour dire que de Guns N’
Roses, il ne reste que le nom et la voix d’Axl : bah oui, c’est
lui qui avait déposé le nom, business is business. Et les compos, me
direz-vous ? Les compos sont plutôt bonnes mais encore une fois, il
faut aimer ce genre de sons ; ainsi, ceux qui ne jurent que par le
classic Hard Rock peuvent passer leur chemin tout de suite. Ceux qui
attendent des soli de guitares aussi beaux que ceux de Slash peuvent
également laisser tomber. Alors, il est pour qui cet album ? Il a
des chances de plaire à ceux qui n’aimaient pas les Guns et à ceux qui
n’aiment pas le métal. "Chinese Democracy" ouvre le bal, sans doute
pour ne pas faire fuir d’emblée les ex-fans des Guns car ce titre est
celui qui reste le plus dans la lignée de l’ancien Guns N’ Roses.
« Schakler’s Revenge », très bonne chanson d’ailleurs,
possède par moments des sonorités électro/Manson light que l’on
retrouvera régulièrement tout au long de l’album. « If The World »
contient des sons faisant penser à Massive Attack et a toutes les
qualités pour passer sur NRJ, c’est dire si c’est bien. Avec
« Street Of Dream », on est en plein syndrome Elton John, Axl
s’accompagnant au piano pour une ballade somme toute sympa. Tout comme
« There Was A Time » d’ailleurs. Re-ballade avec
« Catcher In The Rye » et là, ça commence à devenir lassant.
Heureusement, « Scrapped » arrive pour remettre un peu
d’énergie et rappeler que les Guns sont affiliés à la famille du Metal.
Sinon, le reste est plutôt anecdotique mis à part
« Madagascar » qui est une jolie chanson.
L’album comporte quelques bons moments mais sa sonorité ainsi que le
surnombre de ballades (environ les 2/3 de l’album) risquent d’en
rebuter plus d’un. Au final, est-ce que les 15 années de gestation sont
justifiées au regard du résultat ? En aucun cas, d’ailleurs aucun
album ne peut justifier un tel délai et surtout pas celui-ci. Ce qui
est également gênant est que Axl sort sous l’appellation Guns N’ Roses
un album qui n’a rien à voir ni dans l’esprit, ni dans la forme avec
les Appetite, Use Your Illusion et Lies. L’honnêteté vis-à-vis du
public aurait voulu que cet album soit présenté comme celui d’Axl et
rien d’autre, mais c’eut été beaucoup moins vendeur. En tout cas, les
anciens fans des Guns ne peuvent qu’espérer que les ex-Gunners
regroupés dans Velvet Revolver reprennent le flambeau.
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Par Gaet' :
Le
mythe Chinese Democracy déboule enfin dans les bacs,
après plus de dix années d’attente durant
lesquelles beaucoup d’encre aura coulé à son sujet.
Un album qui aura été un des disques les plus
controversés dans l’histoire du rock, avant même sa
sortie, et qui sera devenu une légende quant à la
possibilité de l’entendre un jour. On passera les
querelles et les potins en tout genre qui aboutirent à la
séparation du groupe au milieu des années 90. De cette
rupture, il ne reste plus que le charismatique Axl Rose et le
claviériste Dizzy Reed, membre du groupe depuis la série
Use Your Illusion. Alors mettons de côté les
préjugés du style : « Guns N’ Roses sans
Slash, Duff et compagnie… ça n’est pas du Guns, et
donc Chinese Democracy est nul ». On sait ce qu’il en est
et c’est ainsi. Passons donc à l’essentiel et
penchons-nous sur ces quatorze nouveaux titres.
Bien évidemment, ceux qui sont restés sur Appetite For
Destruction peuvent passer leur chemin et continuer à
écouter Velvet Revolver sans se retourner. Les autres, ceux qui
ont aimé l’évolution du groupe sur les Use Your
Illusion, savent qu'Axl a toujours souhaité apporter une touche
plus moderne à l’identité GN’R. N’ayant
plus ses ex-compères pour s’opposer à ses envies,
il s’est entouré des bonnes personnes pour
concrétiser ses idées. La liste est tellement longue
qu’on évitera de se plier à une
énumération banale, mais sachez qu’entre autres
Buckethead, Ron Thal (Bumblefoot), Robin Finck (Nine Inch Nails), Josh
Freese (The Vandals, A Perfect Circle, Nine Inch Nails…) ont
contribué à ce projet ambitieux de pérenniser
l’entité Guns tout en apportant une touche plus
contemporaine aux compositions. Alors, aux riffs biens rock n’
roll et aux arrangements orchestraux, s’ajoutent des rythmiques
plus électro-pop-rock, des effets sur la voix, sur les sons de
gratte… mais l’esprit Guns N’Roses est toujours
présent à travers des riffs implacables (Scraped, I.R.S.,
Shackler’s Revenge, Riad N’ The Bedouins…), des
refrains percutants (Catcher In The Rye, Better…), des ballades
emmenées par un piano mélancolique (Street Of Dreams,
This I Love) et des solos de guitares comme on en entend encore
rarement, aux envolées interminables (There Was a Time…).
Le chant d’Axl est tout simplement à la hauteur de ce
qu’il a toujours proposé. Il n’a pas perdu son
timbre de voix si particulier et s’accompagne
d’arrangements vocaux travaillés et efficaces. Ses textes
sont toujours aussi universels, tout en se nourrissant d’une
approche assez personnelle sur le monde qui l’entoure et de son
vécu (Madagascar, Scraped…). Comme il faut bien reprocher
quelque chose, on regrettera une basse pas forcement mise en avant,
contrairement au jeu énergique de Duff McKagan, mais cela reste
un détail face à la qualité et la quantité
de tubes que comporte l’album.
Alors au final, on est plus que convaincu par ce Chinese Democracy, qui
a le mérite de vivre dans son temps et de ne pas se contenter de
reproduire bêtement ce qui a pu être fait auparavant. On
pourrait reprocher à Axl Rose de s’aider du nom d’un
des plus grands groupes de l’histoire du rock, pour enfin sortir
l’album le plus cher de tous les temps ; mais même si
ça ne valait pas forcément quinze ans d’attente, ce
cinquième album des Guns N’ Roses est un vrai petit
régal, qui s’apprécie au fil du temps et dont il
vous faudra plusieurs écoutes pour en déceler les
moindres détails. Un album qui sera encore le sujet de nombreux
débats et qui fera encore couler beaucoup d’encre de
chine. Mais on est en démocratie, alors libre cours à
vous d’en penser ce que vous voulez.
Site : web.gunsnroses.com
Myspace: www.myspace.com/gunsnroses
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