Dire que ce nouvel album des Américains d’Iced Earth
était attendu est un doux euphémisme, principalement en
raison du retour du seul chanteur du groupe acceptable pour de nombreux
fans, à savoir Matt Barlow, après que Ripper se soit fait
jeter comme une vieille chaussette trouée. Album d’autant
plus attendu au tournant que le précédent, Framing
Armageddon, sorti l’an dernier, ne nous avait
pas emballés, c'est le moins que l'on puisse dire.
Et bien, ce nouveau et dernier volet faisant suite à la trilogie originelle Something Wicked
semble suivre un peu le même chemin alors que ce n’est
pourtant pas faute d’avoir écouté encore et encore
cet album pour se faire une idée valable, mais on ne peut
qu’en arriver à la conclusion que le dernier album
terrible d’Iced Earth fut Horror Show, sorti en 2001, bien que
The Glorious Burden, sorti en 2004, fut de bonne facture.
En fait, on a la désagréable impression, à
l’écoute de la nouvelle livraison, qu’Iced Earth est
incapable de rééditer la fureur couplée à
la mélodie qui a fait sa renommée avec le premier volet
de Something Wicked. Jon Schaffer nous avait promis un album plus
violent après Framing Armageddon, force est de reconnaître
qu’on s’est demandé au départ si le groupe ne
venait pas d’inventer le thrash pour papys, même si tout
s’est relativisé par la suite et que cette chronique sera
donc nuancée et très longue, juste parce que c’est
Iced Earth !
Alors, l’album comporte de vraies pépites, mais
c’est un peu l’arbre qui cache la forêt. Le titre qui
ouvre l’album, « Behold The Wicked Child »,
démarre sur un riff bien thrash avec une batterie
énergique avec ces arrangements semi-classiques et ces
chœurs presque orientaux dont le groupe a le secret ; on se dit
alors que Jon ne nous a pas mentis et qu’on va à nouveau
pouvoir se prosterner, d’autant que la voix de Matt est vraiment
là, intacte, puissante, mélodique, nous filant des
frissons. Mais assez vite, l’album tombe dans un faux rythme avec
« Minions Of The Watch », même si le refrain vous
pénètre littéralement le crâne. La cadence
repart avec « The Revealing », où la double grosse
caisse de Brent Smedley ramone bien. Iced Earth décide alors de
nous emmener dans une mièvrerie complètement planante,
« A Gift Or A Curse? » toute en arpèges et darbouka
(tambour arabe), sauvée par la prestation vocale de Matt et un
très bon solo de Troy Seele. On enchaîne alors sur un
autre titre très heavy mélodique, « Crown Of The
Fallen », assez saccadé rythmiquement mais
gâché selon nous par un refrain trop gnan-gnan.
Heureusement, le titre suivant, « The Dimension Gauntlet »,
remet les choses en place grâce à des riffs bien incisifs
et quelques accélérations salvatrices et un gimmick de
guitares qui vous rentre complètement dans la tête pour
finir sur un riff spécial headbanging. Ce titre fait vraiment du
bien après s’être enquillé les deux / trois
titres moyens d’avant. Ensuite, vient « I Walk Alone
», premier single présenté en mai : une
rythmique en béton armé, des passages plus lourds et un
refrain facilement mémorisable où la voix de Matt et les
backing font merveille, tout comme les très riches arrangements
de ce morceau particulièrement épique. Le groupe repart
alors sur une belle power ballad, « Harbinger Of Fate »,
qui comporte certainement le refrain qui tue le plus sur cet album,
sorte de moment de bravoure où Matt déchire tout et qui
voit le retour d’un darbouka. Avec « Crucify The King
», le groupe tente carrément de
nous endormir mais Matt, en variant très bien sa voix en
utilisant tous ses registres, de l’agressif au très aigu,
nous met la trique quand même, d’autant que la fin du
morceau est bien plus énergique et qu’on peut enfin
retaper du pied et secouer la tête. « Sacrificial Kingdoms
» évolue ensuite sur un rythme assez lourd pour
enchaîner sur « Something Wicked (Part 3) », qui est
carrément soporifique même si les chœurs sont assez
grandioses et font penser à un péplum romain.
On est alors sortis de notre torpeur par « Divide Devour »,
le titre le plus agressif de l’album où la section
rythmique fait des merveilles le tout étant supporté
à nouveau par des chœurs grandioses. Mais enfin quoi,
pourquoi Iced Earth ne nous a-t-il pas sorti plus de titres comme
celui-là sur cet album ? « Come What May », le titre
le plus long de la galette et peut-être aussi le plus
mélodique, vient clore l’album de belle façon,
malheureusement encore une fois sur un rythme un peu trop lent. «
Epilogue », avec juste son violon et son darbouka, semble vouloir
nous dire adieu pour terminer..
Conclusion ? Sur plus de 59 minutes, Iced Earth délivre un
nouvel album impeccable dans ses arrangements, avec des idées
que beaucoup de groupes n’auront jamais, avec le même son
depuis des années mais le constat reste le même : cet
album est trop mou dans son ensemble ; ça manque encore une
fois de patate. En fait, si cet album était sorti avec Ripper
Owens au chant, on aurait dit qu’Iced Earth était
peut-être fini, incapable de rééditer ses exploits
passés, incapable d’accélérer le mouvement
après des breaks thrash imparables. Oui, mais voilà, Matt
Barlow est revenu aux affaires (merci à Michael Kammeyer et
Pyramaze au passage) et il sauve à lui seul cet album par une
prestation de très haute volée. Très très
loin d’être catastrophique, ce nouvel album du groupe ne
répond donc pas totalement à nos attentes et nous
frustre, nous faisant presque enrager. Peut-être au final
attendons-nous trop d’Iced Earth maintenant… Ceci dit,
ça ne nous empêchera pas de continuer de nous prosterner
devant Jon et Matt à chaque fois qu’ils viendront rejouer
par chez nous, comme on l’a fait au Hellfest ou au Graspop cette
année !
Site : http://www.icedearth.com/
Site : http://www.myspace.com/icedearth
Will Of Death