S’il y a bien un album qui était attendu par les amateurs
de hard rock, en dehors de l'arlésienne Chinese Democracy, c'est
bien celui de Mötley Crüe. La réunion des Californiens
ne s'est pas faite sans mal et a été à la limite
de capoter à plusieurs reprises. La tournée Carnival Of
Sin fut un triomphe et pour que cette réunion n'ait pas une
allure d'éternelle tournée d'adieux, il fallait un nouvel
album. Encore une fois, jusqu'au dernier moment, ce n'était pas
acquis : en cause la personnalité versatile de certains et les
conflits larvés entre certains membres du Crüe. Le dernier
album enregistré par le line-up original était le
controversé Generation Swine en 1997. Au delà des
qualités intrinsèques de l'opus, de nombreux fans ont
été déçus par la tournure indus du groupe.
Le résultat fut un échec commercial et le départ
de Tommy Lee.
Ce Saints Of Los Angeles était attendu avec impatience et
inquiétude car nos lascars sont capables de tout, y compris de
désorienter leur public en prenant une orientation inattendue.
Il est à noter que si, comme d'habitude, Nikki Sixx a
été le principal compositeur, ont légalement
largement participé les producteurs et co-producteurs.
L'intro résonne comme « In The Begining » qui ouvre
le monumental Shout At The Devil. Et comme sur Shout At The Devil, le
premier titre « face down the dirt » envoie
sévère et son refrain in your face est une tuerie qui
ouvre l'album de la plus belle manière. Il n'y a pas de doute,
c'est au Mötley Crüe des 80's qu'on a affaire. Vince Neil est
en grande forme et donne un superbe relief aux chansons, Mick Mars est
inspiré sur ses soli et la section rythmique bétonne
l'ensemble très efficacement. Quel bonheur d'entendre à
nouveau la frappe de mule de Tommy Lee. Le propos de Mötley
Crüe est globalement insouciant et nous propose plus de faire la
fête que de nous poser des questions existentielles : en
témoignent l'excellent « Down At The Whisky » qui
nous renvoie à l'époque où ils descendaient
Hollywood Boulevard chaussés de talons-aiguilles se mêlant
aux putes et se confondant avec elles par leurs tenues pour
enchaîner les gigs au célèbre Whiskey A Gogo.
L'album devait d'ailleurs s'intituler "The Dirt", du nom de leur
autobiographie, ce qui aurait été bienvenu car les
chansons traitent de la débauche ( « This ain't a love
song, this is a fuck song »), de la drogue (« The animal in
me »), de l'insouciance (« The saints of L.A. ») et
de tous les excès qu'a connus le gang. Pour autant, l'album
n'est pas passéiste. La production est d'excellente facture, et
si elle plaira aux nostalgiques des 80's, comporte des sonorités
modernes comme sur « MF of the year » qui situe bien SOLA
dans son époque. Pour le reste ; pas de ballades, le Crüe
est de retour pour tout casser et le fait savoir. Probablement le
groupe le plus authentiquement déjanté des 80's, MC est
celui qui l'est le plus resté.
Au final, ces 12 titres composent un excellent album, celui que
beaucoup attendaient depuis Dr Feelgood. Les fans ont vu leur patience
récompensée par un album de haut niveau en
espérant qu'il y en ait d'autres. The Crüe is Back !
Site : http://www.myspace.com/motleycrue
Breizhjoker