Portal
Portal
Seepia & Outre (rééditions) (2008)
genre : Extreme Noise Shit
2/10 (un point par album... lol) voir 1/10, j'hésite
Ordo Decimus Peccatum / Osmose Productions


La Madeleine de Proust. Qui n'en a pas entendu parler ? Et bien, après une intro pétrifiante, Portal me fit éprouver le même phénomène avec "Outre". En effet, à peine ai-je entendu les guitares que me voici transportée il y a quatre ans à un concert de Meshuggah que j'ai fait sous space-cake. Mais n'allez pas vous méprendre ; la musique de Portal n'a rien à voir avec la musique du groupe sus-cité. Par contre, le son, perçu par le prisme de la drogue verte dans le cas de Meshuggah, et perçu tel quel dans le cas de Portal, oui. Je me retrouve devant les enceintes à essayer de percevoir le son des guitares qui me paraît être une espèce de boule que mon oreille n'arrive pas vraiment à percevoir (ah, les comparaisons du drogué). En fait, pour ce qui est du son, "Outre" est quasiment inécoutable. Il faut s'accrocher pour tenir jusqu'à la dernière seconde sans appuyer sur le bouton stop. Des guitares qui semblent étirées et qui semblent étirer le temps sur des riffs qui pourraient vaguement faire penser à Morbid Angel, tant l'esprit en proie à l'ennui se met à vagabonder...
Des compos qui en viennent toutes à se ressembler et qui produisent sans doute bien autre chose que l'effet recherché : une apathie des plus épaisses. Le tout entrecoupé d'un interlude non-musical (j'irai même presque jusqu'à dire a-musical) qui n'a d'autre intérêt que de vous défoncer les tympans. Bruitiste, en somme. Et que dire de la batterie qui sonne électronique au possible ? Et comme décalée ? Bref, la platitude. La platitude dans une certaine tension, peut-être, mais la platitude n'a t-elle pas raison de la tension à l'usure ?

        Seepia


Pour ce qui est de l'autre album, "Seepia", et qui est apparemment le plus ancien, dès les premières notes, me voici en pleine descente. J'entends les guitares, mais je ne perçois la voix qu'avec difficulté et j'ai mal à la tête. Un chouia mieux que "Outre", quoique toujours aussi bordélique, répétitif, chaotique, cacophonique et fatigant. Une boue compacte qui ne laisse aucune place à la respiration. On peut vaguement songer à Revenge ou encore Blasphemy dont ils pourraient constituer un lointain cousin death metal, quoique Portal se définisse comme un croisement entre Beherit et Immolation (personnellement, je pouffe). Le son est sourd, le bruit de fond permanent, les guitares noient la batterie et la voix qui, de toute évidence, ne font que suivre les dites grattes. Si la musique de Portal devait m'évoquer une image, ça serait celle de la purée de pois cassés non moulinée. Des grumeaux partout, aucune cohésion d'ensemble à part peut-être la couleur vert vomi des grands jours. Portal se vante de ne pas respecter les règles ; le groupe n'a sans doute pas compris que la déstructuration part d'une structure initiale, d'où le peu d'intérêt de leur musique. En guise de déstructuration réussie, je m'en vais écouter The Velvet Underground et quelques oeuvres de Bartok et Ligeti en buvant un bon pastis - histoire de remonter le niveau - refermant le Portal, à jamais certain de ne plus goûter à cette madeleine avariée.

Site : http://www.portalabode.com/

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