Trinacria est la rencontre de deux univers. Celui du métal,
représenté par les membres d'Enslaved et celui de la
Noise music de Fe-Mail. Un croisement très intéressant
comme ça devient souvent le cas en Norvège quand les
musiciens Métal cherchent à faire autre chose (Audrey
Horne, ...). Le genre de projet dont certains parviendront à
s’imprégner totalement et où d’autres ne
verront peut-être qu’une escroquerie sans nom. Le moins que
l’on puisse dire c’est que leur musique va diviser.
Composé majoritairement par Ivar Bjørnson
d’Enslaved, dont on reconnaît inévitablement la
patte dans de nombreux riffs, dans l’ossature des morceaux,
l’album est une réelle succession de riffs et de nombreux
bruits et sons stridents se rapprochant de l’industiel noisy, qui
parsèment le tout. Encore une fois, soit on crie au
génie, soit on prend vite une aspirine. Grutle Kjellson, le
chanteur d’Enslaved, vient poser sa voix rocailleuse à
souhait et le martelage de la batterie à coup de double grosse
caisse ne peut pas nous faire oublier l’univers métal.
C’est vraiment comme si le black psychédélique et
progressif d’Enslaved se transformait en une succession de lignes
répétitives et hypnotiques. Le début de
l’album a beau être tonitruant, la deuxième partie
est plus calme, plus planante, plus diffuse, comme s’il nous
avait fallu supporter l’enfer avant de pouvoir enfin atteindre la
quiétude du paradis et les voix enchanteresses des elfes du
Seigneur des Anneaux. Le morceau éponyme « Travel Now
Journey Infinitely » en est le meilleur exemple. Soyez pourtant
sans craintes, les guitares saturées ne sont pas
oubliées, ni même le chant éraillé, mais on
se sent plus transporté vers les cieux que dans les bas-fonds
vers le trépas.
Cet album de Trinacria est sincèrement à recommander aux
personnes ouvertes d’esprit et aux fans de la dernière
période d’Enslaved. Les amateurs exclusifs de métal
peuvent passer leur chemin. Nous, nous avons réellement
aimé mais cet avis ne sera certainement pas unanime...
Site : http://www.myspace.com/trinacriamusic
Pierre Antoine