Quels que soient ses défauts et qualités, Black Gives Way
To Blue va vous toucher. Si on ne vendait pas cher la peau
d’Alice In Chains vers la fin des années 90, on a vraiment
enterré le groupe avec Layne Staley, décédé
en 2002 des suites d’une overdose. Hyper-affecté, Jerry
Cantrell, leader du groupe, aura mis du temps à s’en
remettre, essayant d’exorciser ses démons via des albums
solos (dont le troublant Degradation Trip) et des tournées avec
Alice In Chains (le groupe ayant commencé par des concerts
événementiels en 2005, sous forme d’un trio
accompagné de guests au chant, avant de recruter W. Duvall et de
repartir de plus belle). Et si Black Gives Way To Blue est
émouvant, ce n’est pas parce qu’il est triste ou
déprimé, ou qu’il pleure encore un Layne
ouvertement évoqué dans les paroles. Non, Black Gives Way
To Blue est touchant parce que c’est véritablement le
disque de la renaissance du groupe, il contient une lumière, un
espoir, une joie de vivre qu’Alice In Chains a retrouvée.
A l’écoute de cet album, et des propos de Mike Inez (cf.
interview dans ce même numéro), aucun doute n’est
possible, Alice In Chains avait besoin de faire cet album pour revivre,
et le meilleur reste à venir. Mais ne brûlons pas les
étapes et apprécions Black Gives Way To Blue à sa
juste valeur. Le nouveau chanteur/guitariste (Duvall) n’essaye
pas de remplacer Layne. Il s’est installé, dans son coin,
et vit AVEC l’ombre de Layne, intouchable. Si le courageux
gaillard a convaincu les fans par la force de ses prestations
scéniques, il va continuer d’épater sur platine,
cela ne fait aucun doute. Pour le reste, ce nouvel album est (encore)
un excellent disque de grunge de la part d’Alice In Chains,
tendre, émouvant, parfois énervé et musicalement
impressionnant. Jerry Cantrell est un musicien hors-pair, compositeur
de génie qui a inventé un style à lui tout seul,
style qui caractérise évidemment cet album. Black Gives
Way To Blue est un concentré du savoir-faire Jerry Cantrell :
des moments acoustiques (le poignant titre éponyme sur lequel Mr
Elton John himself joue du piano), des moments épiques
(« A Looking In View ») et
bien-évidemment, un hit monumental qui squatte
déjà les charts outre-Atlantique :
« Check My Brain ». Vous avez peut-être
tiqué en lisant le mot « grunge » plus
haut et c’est tout à fait compréhensible, le fan de
métal en veut au grunge qui a un peu détruit le
« true » et l’attitude underground. Mais
comment ne pas tirer un coup de chapeau à cette scène de
Seattle dont les principaux acteurs - Pearl Jam, Dave Grohl, Chris
Cornell et maintenant Alice in Chains- sont encore présents par
la simple force de leur talent ?
Alice In Chains signe son retour avec la manière et on attend
déjà impatiemment les shows et le prochain album.
Émouvant à en pleurer.
Site : http://www.aliceinchains.com
Yath