En recevant l’exemplaire promo de ce nouvel album d'Ephel Duath,
celui-ci était accompagné d’une sympathique peluche à l’effigie d’un
chien. Nous nous sommes dit qu’à l’approche des fêtes, Earache
souhaitait nous honorer d’un présent fort agréable. Et puis, une fois
le nom de l’album révélé, l’explication nous est apparue évidente.
Through My Dog’s Eyes est en fait construit autour d’un concept
original, centré sur une série d’événements vécus et vus à travers le
regard qu’un chien pourrait avoir face à ces situations.
Une représentation donc très imagée et personnelle, qui vient affirmer
que Davide Tiso (seul membre d’origine et tête pensante du groupe)
cherche toujours à démarquer la musique de Ephel Duath vers des
territoires encore inexplorés ou peu courants, et pousse en conséquence
plus loin les limites de l’album concept. Les textes ont donc un rôle
important dans la construction des morceaux, puisqu’ils en sont la
source. Cela se traduit donc par des réflexions comme sur le titre
d’ouverture « Gift », qui raconte l’histoire d’un molosse qui
vient apporter à son maître un chat décomposé, et s’interroge à savoir
si son offrande lui plaît. Parfois absurdes, comiques mais aussi plus
réfléchis (l’insouciance d’un chien sur le monde qui l’entoure
n’est-elle pas enviable ?), les textes ne vous laisseront donc pas
indifférents.
Musicalement, Tiso a là aussi poussé l’expérimentation en renouvelant
le style du groupe, pour l’emmener cette fois vers une forme beaucoup
moins agressive que sur les précédents albums, orientée vers un jazz
avant-gardiste technique, beaucoup plus posé et aux ambiances froides
qui rappellent Trevor Dunn’s Trio-Convulsant et John Zorn. Même
l’interprétation se veut originale et différente par rapport aux
précédents albums, puisque seules des guitares et une batterie,
exécutée avec finesse par le talentueux Marco Minnemann (Necrophagist,
Paul Gilbert, Ukz…), viennent accompagner le sobre chant de Luciano
Lorusso.
Ephel Duath surprend donc encore une fois, et affirme le potentiel
novateur et expérimental qui est la moelle même de sa musique. Un
album, certes plus calme, moins agressif, avant-gardiste, exécuté avec
une habilité remarquable. Ephel Duath est bien plus qu’un groupe, c’est
une entité qui ne cherche pas à reproduire ce qu’elle a fait auparavant
mais qui se veut plus axée sur la fusion et l’interprétation d’un genre
nouveau. Un cinquième album qui laisse donc place au jazz et au travail
d’ambiance, absolument pas indigeste et qui pourrait bien se révéler
être l’album de la maturité.
Site : http://www.myspace.com/ephelduath
Gaet’
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