Remission et Leviathan, leurs deux premiers albums, les avaient
propulsé parmi les groupes de metal les plus novateurs et percutants de
leur génération. A la grande surprise de tout le monde, Blood Mountain,
s’avérait plus accessible et limpide, tout en étant d’un haut niveau
technique. Mastodon s’imposait ainsi comme Le groupe metal des années
2000. Alors qu’on pensait qu’ils ne pourraient plus nous surprendre
avec leur son à la fois violent, mélodique et inspiré du hard-rock des
années 70, ils offrent leur quatrième album concept au potentiel
d’album rock de légende.
Il est souvent difficile pour un groupe d’arriver à se surpasser
surtout quand celui-ci a déjà fait preuve d’une ahurissante
inventivité. Ça n’est vraisemblablement pas le cas des quatre Géorgiens
de Mastodon, qui encore une fois, innovent avec cette fois un album
symphonique, abandonnant ainsi de plus en plus leur côté colosse du
metal au détriment d’un rock épique réellement progressif. Finis les
growls et les hurlements dantesques (c’est Scott Kelly qui s’en charge
sur le titre du même nom que l’album). La place est faite au chant
clair et équitablement réparti entre un Brent Hinds aux vocalises plus
heavy et un Troy Sanders plus rock. Même Brann Dailor s’y colle avec
succès sur l’introductif « Oblivion ». Basé sur le concept
des voyages extracorporels, du monde des songes et des esprits… Crack
The Skye se veut moins agressif, plus posé et s’offre à nous comme un
portail vers une autre dimension. L’utilisation de nouveaux instruments
comme le banjo, l’orgue Hammond, le xylophone… et l’ouverture à des
styles comme le free jazz (le passage à la sauce Dillinger Escape Plan
sur « The Last Baron ») et l’incrustation de moments très
groovy (limite funk dans certains riffs), affirment l’ouverture vers
d’autres horizons, se détachant ainsi des racines métalliques des
premiers efforts. Le voyage vers les cieux est long et se matérialise
au travers de compositions toujours plus riches, au haut niveau
technique mais paradoxalement plus posées (le jeu de batterie de Brann
Dailor paraît moins tentaculaire et plus subtil), et donne ainsi
naissance à deux morceaux dépassant les dix minutes (« The
Czar » et le magnifique « The Last Baron »).
On sentait les choses venir mais on s’octroyait toutefois le bénéfice
du doute tellement l’ascension semblait difficile. Mais pour notre plus
grand bonheur sensoriel, Crack The Skye confirme que Mastodon ne
connaît pas de limites à sa créativité, et assure ainsi sa position
parmi les groupes les plus captivants de cette décennie. Ce quatrième
chapitre est indéniablement l’œuvre la plus aboutie et spectaculaire de
ce groupe, qui n’est pas prêt d’arrêter de nous étonner. Un album qui
pourrait bien devenir une légende d’ici quelques années.
Site : http://www.mastodonrocks.com
Site : http://cracktheskye.com
Site : http://www.myspace.com/mastodon