Rappel pour les kids qui liront ces lignes et ceux qui ne sont pas familiers
avec certaines branches biscornues du Metal extrême, le plat du
jour est copieux : Scorn. Projet créé par le batteur
Mick Harris en 1991 au sortir de Napalm Death au sein duquel il ne trouvait
plus sa place (d’autres sons de cloches faisaient état d’un énorme
manque de confiance en lui), la volonté affichée est de
créer la musique la plus extrême qui soit. L’un des inventeurs,
si ce n’est l’inventeur du blast, s’associe donc à un autre ex-Napalmien,
Nick Bullen, pour entamer cette gentille entreprise. Ici, pas question
de métal et encore moins de blast.
Le mythique label réédite deux albums du groupe épuisés
depuis longtemps, Evanescence et Ellipsis, sortis initialement en 1994
et 1995. Le premier est un disque de pure musique industrielle : électronique
(dominante malgré l’emploi de la basse et de la batterie), répétitive
et truffées d’effets. Les rythmiques y sont quasi-omniprésentes,
les ambiances confinant parfois à l’obsession (un autre ex-ND Justin
Broadrick de Godflesh participe également au disque). Si le ton
monocorde est parfois cassé par quelques éclaircies bienvenues
(le presque new-wave « Automata », l’utilisation
sporadique du chant), difficile il faut l’avouer de se manger une galette
de cette trempe. Le second, EP plus qu’album, comprend uniquement des
remix. Compositions plus étoffées certes, mais paradoxalement
plus accessibles. Le loustic de Birmingham fait appel à des artistes
extérieurs comme Coil ou Bill Laswell pour repenser sa musique,
comme si elle ne se suffisait pas à elle-même. Plus dansant,
avec un tempo accéléré, proche parfois d’une musique
de films (« Night Ash Black/Night Tide »), l’EP
est majoritairement tourné vers l’ambiant façon club. Amateurs
de barbecue métal, la sortie est par là…
Quel dommage que des liner-notes aient été squeezées
par le label qui omet pour le coup toute notion d’archives et de rétrospective.
Mick Harris, plutôt prolixe, n’aurait certainement pas rechigné
à bavarder sur ce qui représente en 2009 l’essentiel de
sa carrière. Extrême alors ? Oui. Audacieux aussi, régulièrement
chiant, Scorn reste un objet unique dont ces rééditions
sont plus à posséder à titre anecdotique que par
réel intérêt.
Site : http://www.mickharris.net
Site : http://www.myspace.com/mjhscorn
Mathieu