Switchblade n'en est pas à son coup d'essai et a fait,
depuis son premier 7'' de 1998, son petit bonhomme de chemin.
Tous leurs albums sont dotés d'un visuel sombre et ont la
particularité de ne pas avoir de titre. Si ce n'est l'année
de leur parution. Une bonne partie de l'œuvre des Suédois
repose sur les deux postulats suivants. Premièrement, la lenteur
a l'avantage de dévoiler le moindre détail. L'étape
d'après, le pas suivant, se fait davantage attendre, faisant
brûler d'impatience l'auditeur. Deuxièmement, la
lourdeur et la rapidité se voient renforcées dans les perceptions
si elles suivent un plan lent, voire un silence. Sur la galette de cette
année, on retrouve bien entendu ces fondements.
L'opus en est écrasant, violent, étouffant et surtout,
lent. Le trio offre presque le temps d'aller boire un café
entre chaque frape de caisse claire. Mais chacune de ces dernières
est d'une puissance et d'une lourdeur à vous en faire
péter le crâne. Doom noir, doom lent, doom oppressant, doom
funeste, doom très drone. Doom, aussi, qui croise les univers d'Amen
Ra, de Monarch et de Sunn O))), maltraitant le son et déchirant
le silence. Anders Sten dessine en filigrane des vocalises sombres et
dérangeantes qui se rangent ainsi au service de l'écroulement
cataclysmique général que provoque l'album. Ce cinquième
opus pue la mort, le désespoir, le mal, et la haine. Que demande
le peuple ?
Site : http://www.myspace.com/switchblade
Gilles Der Kaiser