Post-hardcore. Post-rock. Post-structuralisme.
Post-keynésianisme. Post-colonialisme. Post-ambulatoire. Le
problème, voyez-vous, avec cette fameuse préposition
qu'est « post », est que même si elle donne
une idée des bases sur lesquelles ladite chose s'est construite,
elle empêche une appellation qui permettrait au mouvement de
pleinement se réaliser. Autrement dit, elle réduit un
mouvement à une simple réponse à un autre
mouvement. Mais que fait-on lorsque l'on se retrouve face à
quelque chose de différent ? Recherche-t-on un nouveau nom ?
Mais au bout du compte, à quoi bon ? Car dans le fond, le nom,
l'étiquette, l'emballage, on s'en tape.
Ne comprenez pas par là que When Icarus Falls réinvente
totalement le métal. Mais ils ont ce « je ne sais
quoi », ce petit truc en plus qui fait toute la
différence. Ils osent quelque chose de rafraîchissant. La
musique du combo est touchante, bouleversante, introspective, juste,
froide, profonde et grandiose. Bien que petit nouveau de la
scène helvétique, le groupe réussit un coup de
maître avec son premier EP. Ah oui, les présentations. Ils
viennent de Lausanne, Suisse. Ils sont cinq. Et ont été
bercés à l'Isis, au Cult Of Luna et au Godspeed You!
Black Emperor. Mais le truc fort, comprenez-le bien, c'est que
contrairement à beaucoup trop d'autres formations, eux,
parviennent à véritablement s'inspirer de ces groupes, et
non à les recopier. Car la musique que nous propose When Icarus
Falls est racée, grande, mature et composée à la
fois d'arrangements recherchés et de mélodies à
fleur de peau. Ici, l'envol se prend en douceur, sur les rives d'une
mer tranquille. Les Suisses prennent leur temps et pourtant, jamais des
instants aussi lents n'auront passé aussi vite. Le son de la
basse, rond, séduisant, doux même, se conjugue à
merveille avec les planements rapides, juste au-dessus de l'eau
paisible, que produisent quelques notes de synthé et de guitare
brillamment jouées en boucle avant que n'évoluent les
morceaux dans d'autres plans. Les rythmiques, elles, ne sont pas des
équations mathématiques impossibles à
résoudre, mais une prosodie simple et travaillée, qui
vient appuyer la tournure dramatique et aérienne de la musique
de When Icarus Falls.
Finalement, la dynamique mise en place grâce à
l'articulation des morceaux autour des lignes de synthé fait
mouche et permet aux compositions d'être d'avantage encore
chargées en émotion et taillées en profondeur.
Oui, When Icarus Falls, c'est simple et c'est complexe à la
fois. C'est beau et c'est triste en même temps. Ça se vit.
Ça se réfléchit. Et ça ne s'oublie pas. Il
semblerait qu'Icare ait compris que la cire fondait au soleil.
Site : http://www.whenicarusfalls.com
Gilles Der Kaiser