Black Sheep Wall ? Pffff, du mou, du très mou, du surgelé
pour ondes FM. Gaza ? Non, mais attendez les cocos, qu'ils aillent se
rhabiller dans le genre “on fait du lourd“. Anaal Nathrakh
? Quoi? De la musique de chambre, pardi !
En résumé, Buster (mais oui, l'album avec une magnifique
pochette arborant un petit lapin, du rose et des espèces de
méduses ressemblant à des morilles) nous donnait, en
2008, une véritable leçon en matière de lourdeur.
Sauf qu'entre cette époque-là et ce nouvel EP, le
guitariste du groupe, Daniel Kraus, est décédé des
suites d'une longue maladie. La violence cède alors la place au
dégout et à une colère aiguisée contre le
monde. Le groupe change d'approche. Au revoir les titres absurdes, la
basse qui claque, les couinements en guise de chant, la ressemblance
avec Black Sheep Wall (dont on retrouve d'ailleurs des membres au sein
d'Admiral Angry). Bonjour le doom lent, les atmosphères sordides
et les chordes vocales qui se déchirent. Une des seules
constantes est l'accordage incroyablement bas des guitares. Niveau
contenu, dur dur de suggérer une telle matière,
puisqu'aussi viscéralement malsaine. Putride, cramé vif,
démembré, déchiré, saigné :
extrême tableau que voilà. Et extrême, Admiral Angry
l'est certainement. Malheureusement, le groupe a une
légère tendance à un peu étirer inutilement
son propos, ce qui vient parfois entacher la qualité de la
composition.
Mais il serait malgré tout fort fâcheux de passer à
côté de la qualité avec laquelle une telle haine
est déversée. L'unique morceau de cet EP (dont le titre
paraît carrément euphémistique), enregistré
live on tape (avec du bon vieux matos vintage, comme on dit), est
proposé en vinyle (ça aussi, c'est vintage) ainsi
qu’en CD (un peu moins), qui de plus est en version
limitée. Donc hop, on va vite le commander avec son fascicule
chez son marchand de journaux avant qu'il ne soit trop tard !
Site : http://www.myspace.com/admiralangry
Gilles Der Kaiser