Angra
Aqua (2010)
genre : Metal Prog Conceptuel
8,5/10
SPV / Steamhammer


Progressivement mais avec une détermination sans faille, les Brésiliens d’Angra s’éloignent des rivages du Speed mélodique qui les a fait connaître. Temple Of Shadows (2004) et Aurora Consurgens (2006) n’auront été que des étapes : le groupe propose désormais une musique tour à tour complexe ou épurée, assez élitiste, servie par une technique en tout point remarquable. Le concept-album dont il est question en cette rentrée est bâti à partir de La Tempête, dernière tragicomédie de Shakespeare écrite en 1611, avec l’eau comme thème récurrent (cf. la belle pochette du webdesigner brésilien Gustavo Sazes, qui succède ainsi à Isabel De Amorin). Rafael Bittencourt résume l’histoire en ces termes : « La scène s'ouvre sur le naufrage, provoqué par Ariel (l’esprit de l’air), d'un navire portant le roi de Naples, son fils Ferdinand ainsi que le frère parjure de Prospero, Antonio. Usant de sa magie et de l'illusion, Prospero fait subir aux trois personnages échoués sur l'île diverses épreuves destinées à les punir de leur traîtrise, mais qui ont également un caractère initiatique. En fin de compte, Prospero se réconciliera avec son frère et le roi, mariera sa fille avec Ferdinand, libérera Ariel et Caliban (l’esprit de la mort) puis renoncera à la magie pour retrouver son duché ».

Le single speed et saccadé « Arising Thunder » ouvre le bal après l’intro orageuse de circonstance, mais l’impact n’est pas si intense que ça. Non, c’est le magnifique « Awake From Darkness » qui joue le rôle d’accroche, avec ses enchaînements d’accords intelligents et ses interventions de piano / violon. Le jeu de Ricardo Confessori, revenu au bercail après avoir travaillé sur Brainworms I du Bittencourt Project en 2008, rappelle si besoin en était le passé glorieux du groupe, notamment l’intro de « Nothing To Say ». La paire Loureiro / Bittencourt excelle comme à l’accoutumée (plans rapides en palm-muting sur « The Rage Of The Waters ») et les breaks habiles empruntés au Prog, au classique, à la musique brésilienne, voire à la Pop (« Spirit Of The Air ») rehaussent chaque composition. On a par contre connu Edu Falaschi plus en voix mais sur « Ashes », clin d’œil aux comédies musicales sentimentales des 70’s, son ton inhabituel de rocker fatigué fait mouche.

Disons-le tout net, Aqua n’est pas facile d’accès, mais recèle de tellement de trésors cachés que l’auditeur n’est pas près de se lasser au fil des écoutes. Et pour les die-hard fans qui en redemanderaient, la version double vinyle propose 3 titres bonus : « Nova Era », l’excellentissime « Spread Your Fire » et « The Course Of Nature » !

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J. C. Baugé