Qu'on se le dise, il existe des groupes intelligents, des groupes qui savent se parler, communiquer entre eux et qui comprennent que quelque chose n'a pas fonctionné à un moment de leur carrière. Lancé depuis son début par une dynamique d'albums très respectables, par une série de tournées européennes imposantes et par un succès qui a fait de lui l'un des groupes les plus importants de la scène Française, Dagoba avait plongé dans l'excès en frôlant l'indigestion à la sortie de Face The Colossus (2008). Un album qui comportait de bonnes choses mais qui mettait un terme à la créativité et à l'intérêt d'un groupe de Power Metal à cette époque. Trop produit, trop parfait, avec moins d'âme, tout les entraînait vers un chemin glissant qui n'inaugurait rien de bon pour le futur.

Seulement voilà, 2010 est une autre histoire et Dagoba a réussi quelque chose de très difficile pour un groupe : se renouveler. Sans rogner leur travail et leur style, les Marseillais ont su poser les choses (en ne retournant pas chez Tue Masden pour enregistrer par exemple) et analyser leur musique pour retrouver cet engouement d'antan et Poseidon est la conséquence de cette réflexion. En composant des morceaux plus directs et moins surfaits ("Dead Lion Reef" , "Black Smokers") et en retrouvant les automatismes de ses débuts, le groupe a accouché d'un disque solide, sans aucun temps mort. En choisissant de produire seul ce quatrième opus et de retourner aux sources pour le mixage (chez Dave Chang - responsable du travail sur les premiers disques), Dagoba a pris le risque de se faire confiance et d'accumuler l'expérience qu'ils ont gagnée depuis leurs débuts.

Sans s'étaler sur le mini-concept de cet album dont les 12 morceaux mettent en scène le périple du Poseidon, on appréciera dès l'ouverture du disque, les qualités de composition des musiciens, qui marquent leur empreinte avec des structures très puissantes, alternées par un chant brutal et un chant clair qui est d'une efficacité incroyable. L'orchestration des morceaux et l'utilisation plus épurée des machines rendent le travail bien plus fin, plus lumineux et embellit pleinement les instruments.

Il ne s'agit plus de dire que Dagoba est un bon groupe de scène, qu'il a une nouvelle fois le potentiel pour séduire les marchés étrangers, il faut maintenant se rendre compte de la qualité artistique et du fait que Poseidon est une étape dans le Power Metal. Remercions-les d'avoir cru en eux et d'avoir pensé qu'ils pouvaient être les seuls à savoir faire sonner leur musique comme il se doit. Quelque chose est en marche...

Pervers Pépère