Deux ans après un Building An Empire au succès critique certain - Steven Wilson de Porcupine Tree ne tarit pas d’éloges à son sujet - Nicolas Chapel revient avec Mute. Seul aux commandes de Demians (cf. le roman d’Hermann Hesse pour le nom), le français multi-instrumentiste ne s’embarrasse pas de musiciens de session. Reclus en Normandie, libre de toute entrave ou frustration, il retranscrit la musique qu’il a dans la tête, une musique rock contemporaine riche en ambiances et difficilement classable.
La première partie de l’album est assez étrange, entre intros bruitistes, refrains pop rock modernes, percus peu conventionnelles, chant lancinant avec allers-retours de guitare saturée… les moments d’accalmie font penser à du Robert Wyatt époque Rock Bottom, l’accroche en moins. L’auditeur retrouve ponctuellement ses repères sur « Overhead » (violons orientaux à la Led Zep) et « Rainbow Ruse » (relents de Chris Cornell dans le chant), avant de se perdre dans des superpositions de parties orchestrées peu harmonieuses ou des successions d’accords au piano ultra-dépouillées.
Intimiste et souvent mélancolique, Mute l’est assurément. Nombriliste et faussement ésotérique… peut-être. Nicolas a une propension à exprimer des sentiments refoulés via des compositions beaucoup trop diluées. Et même s’il juge que le travail en équipe n’est pas toujours une sinécure, la relecture de cet album en live pourrait tout de même se révéler intéressante avec les exécutants Antoine Pohu à la basse et Gaël Hallier à la batterie.
Site : http://www.myspace.com/demiansmusic
J. C. Baugé