Fear Factory
Mechanize (2010)
genre : Old School Fear Fact’
10/10
AFM / Underclass


Qui jusqu’à aujourd’hui avait encore foi dans Fear Factory ? Pouvait-on, entre projets parallèles, d’Arkaea à Ascension Of The Watchers, et bataille juridique, imaginer une renaissance en 2010 ? Alors, à l’annonce du retour du guitariste historique du groupe Dino Cazares, les esprits perfides et tordus y ont une fois de plus vu une ligne de plus dans le chaos général entourant la longue agonie d’une des gloires du Metal de la fin des années 90 et du début des années 2000. Et nous les premiers. Surtout avec ce jeu des chaises musicales, où des musiciens reviennent quand d’autres s’en vont, avec l’abandon du bateau à la dérive du batteur Raymond Herrera et du bassiste Christian Olde Wolbers. Mais voilà, sans minimiser l’impact de ces derniers dans la musique de Fear Factory, l’essentiel est de retour. Et comme une évidence, l’alchimie inexplicable entre Burton C. Bell et Dino Cazares est bien l’essence même de la formation américaine. Jamais Burton n’a aussi bien chanté qu’accompagné de Dino, et jamais le guitariste n’aura autant brillé que soutenu par le chant de Burton. CQFD.
Dans les faits, Mechanize nous ramène là où le groupe a dérapé, et se situe donc dans la suite logique du pachydermique Obsolete, en lieu et place d’un Digimortal sentant déjà les pissenlits. Si la base est connue, rythmiques martiales, riffs saccadés, chant hurlé et mélodique sur les refrains, l’exécution comme l’inspiration donnent à Mechanize des accents d’album imparable. Rhys Fulber (le seul producteur capable de comprendre le groupe ?), de retour pour les ambiances cybernétiques et inquiétantes ou ses choix atypiques sur les sons, reprend sa place de cinquième membre de l’ombre de la formation. Si Burton C. Bell reste égal à lui-même sans tenter la moindre prise de risques en chantant dans le registre que l’on attend de lui, Dino Cazares, fort de ses expériences dans des formations plus brutales comme Divine Heresy ou Asesino, insuffle des riffs plus agressifs, penchant souvent vers le death metal, sans pour autant oublier l’essence-même du groupe, et les fans se délecteront de ses breaks taillés pour le headbanging ou d’autres en son clair, typiques de l’usine de la peur. Rendons aussi hommage à la section rythmique entraînée par un Gene Hoglan au jeu mythique, bien plus riche (même si tout autant triggé) que Raymond Herrera, et Byron Stroud à la basse, même si le mix final de l’album ne lui rend pas justice.
Peut-être plus par pure nostalgie que par objectivité, nous pensons que cet album est un brûlot, une petite pépite dont le rythme ne redescend jamais, qui redonne à Fear Factory une place qu’il n’aurait jamais due quitter. Et putain que c’est bon !

Geoffrey