Qui jusqu’à aujourd’hui avait encore foi dans Fear Factory ? Pouvait-on,
entre projets parallèles, d’Arkaea à Ascension Of The Watchers,
et bataille juridique, imaginer une renaissance en 2010 ? Alors,
à l’annonce du retour du guitariste historique du groupe Dino Cazares,
les esprits perfides et tordus y ont une fois de plus vu une ligne de
plus dans le chaos général entourant la longue agonie d’une
des gloires du Metal de la fin des années 90 et du début
des années 2000. Et nous les premiers. Surtout avec ce jeu des
chaises musicales, où des musiciens reviennent quand d’autres s’en
vont, avec l’abandon du bateau à la dérive du batteur Raymond
Herrera et du bassiste Christian Olde Wolbers. Mais voilà, sans
minimiser l’impact de ces derniers dans la musique de Fear Factory, l’essentiel
est de retour. Et comme une évidence, l’alchimie inexplicable entre
Burton C. Bell et Dino Cazares est bien l’essence même de la formation
américaine. Jamais Burton n’a aussi bien chanté qu’accompagné
de Dino, et jamais le guitariste n’aura autant brillé que soutenu
par le chant de Burton. CQFD.
Dans les faits, Mechanize nous ramène là où le groupe
a dérapé, et se situe donc dans la suite logique du pachydermique
Obsolete, en lieu et place d’un Digimortal sentant déjà
les pissenlits. Si la base est connue, rythmiques martiales, riffs saccadés,
chant hurlé et mélodique sur les refrains, l’exécution
comme l’inspiration donnent à Mechanize des accents d’album imparable.
Rhys Fulber (le seul producteur capable de comprendre le groupe ?),
de retour pour les ambiances cybernétiques et inquiétantes
ou ses choix atypiques sur les sons, reprend sa place de cinquième
membre de l’ombre de la formation. Si Burton C. Bell reste égal
à lui-même sans tenter la moindre prise de risques en chantant
dans le registre que l’on attend de lui, Dino Cazares, fort de ses expériences
dans des formations plus brutales comme Divine Heresy ou Asesino, insuffle
des riffs plus agressifs, penchant souvent vers le death metal, sans pour
autant oublier l’essence-même du groupe, et les fans se délecteront
de ses breaks taillés pour le headbanging ou d’autres en son clair,
typiques de l’usine de la peur. Rendons aussi hommage à la section
rythmique entraînée par un Gene Hoglan au jeu mythique, bien
plus riche (même si tout autant triggé) que Raymond Herrera,
et Byron Stroud à la basse, même si le mix final de l’album
ne lui rend pas justice.
Peut-être plus par pure nostalgie que par objectivité, nous
pensons que cet album est un brûlot, une petite pépite dont
le rythme ne redescend jamais, qui redonne à Fear Factory une place
qu’il n’aurait jamais due quitter. Et putain que c’est bon !
Geoffrey
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