Harvey Milk
Harvey Milk
Harvey Milk (2010)
genre : Sludge & Heavy
9/10
Hydra Head Records


Il n’est pas question ici de chroniquer la bande-son originale du film de Gus Van Sant, avec Sean Penn dans le rôle de ce martyr de la communauté gay américaine de la fin des années soixante-dix, qu’est Harvey Milk. Il est sujet d’épiloguer sur l’un des groupes Sludge les plus captivants du début des années quatre-vingt-dix. Originaire d’Athens en Georgie, Harvey Milk fut souvent comparé – à défaut - aux Melvins, puisqu’eux aussi usent de riffs lents et heavy. Mais voilà, Harvey Milk n’est pas un médiocre rip-off de la bande à Buzzo. Leur son n’est pas aussi expérimental et reste primordialement gras, lourd et sale, avec une pointe mélodique au timbre très rock n’ roll voire bluesy. Ce disque, (ré)édité par Hydra Head, s’avère être le véritable premier album du groupe. Seuls les fans avérés avaient jusqu’à présent connaissance de cet enregistrement (disponible sur le réseau illégal de la mule et consorts, converti en mp3 à partir d’une vulgaire cassette au son plus que pourri). Une rareté donc.

Pour la petite histoire, en 1994, alors que le groupe n’a que deux années de vie, il est contacté par un certain Bob Weston (bassiste de Shellac, assistant d’Albini sur In Utero de Nirvana…), qui propose au trio de payer l’enregistrer de leur premier album, dans le but de le sortir sur son propre label (227 Records). Mais voilà, après que le groupe ait terminé l’enregistrement, il lui envoie les pistes originales. Et depuis, ils n’eurent plus aucune nouvelle de lui (mais qu’a-t-il fait de ces bandes ?). Toujours est-il qu’il ne restait comme unique trace des dix titres enregistrés qu’une simple copie cassette Maxell XL II 90. Et c’est donc à partir de celle-ci que Kyle Spence (batteur du groupe) refit un mastering complet de ces premières compositions. Alors, vous allez penser que le son ne doit pas être à la hauteur de la réputation du groupe. Pas du tout, bien au contraire. Son travail d’ingé-son est tout bonnement extraordinaire et aussi percutant que son jeu de batteur. Il en devient presque surnaturel de penser qu’il fut possible d’obtenir une telle lourdeur et clarté à partir de si peu. Niveau compo, on se prend une claque comme sur tout album du groupe. Du Heavy bien oblong, crotté et douloureux. Parfois pesant, parfois groovy. A noter que quatre titres figurant sur, ce qui est désormais le deuxième album du groupe, My Love Is Higher Than Your Assessment Of What My Love Could Be, sont disponibles dans des versions légèrement différentes (« Merlin Is Magic », « My Father’s Life’s Work », « Jim’s Polish » et « F.S.T.P. »), et que l’on retrouve aussi « Smile » et « Blueberry Dookie » sur le split avec Hayride.

Finalement, cette réédition – choppable jusqu’alors uniquement sur la tournée d’été 2009 partagée avec Torche - s’avère indispensable pour tout fan qui se repsecte (et est une très bonne entrée en matière chronologique pour les novices). On se réjouit que ce disque ait enfin pu voir le jour. Après la brillante reformation inattendue du groupe en 2006 (suite à dix années de séparation) et les rééditions des premiers albums (Courtesy And Good Will Toward Men et The Pleaser) chez Relapse en 2007, on se dit que Harvey Milk n’est pas prêt d’arrêter de nous éblouir de leur rock heavy intouchable. Ce disque nous démontre à quel point, à la source, il était déjà bien magistral. « Harvey Milk, c’est pas de la musique de tafiole ».

Site : http://www.harveymilktheband.com

Site : http://www.myspace.com/harveymilk

Gaet’