Le nouvel artwork de Seth Siro Anton, l’un des seuls graphistes capable d’utiliser intelligemment Photoshop et de développer par là-même son propre style, annonce la couleur : Kamelot veut en mettre plein la vue avec ce nouvel album. Pour ce faire, les Floridiens réutilisent certes les compétences du duo bien connu de producteurs allemands Sasha Paeth et Miro (aux Gate Studios de Wolfsburg), mais opèrent quelques petits changements pas forcément anodins. Sean Tibbetts, bassiste d’origine parti depuis 1992 (!), réintègre ainsi les rangs, et c’est désormais le label EarMusic de Max Vaccaro qui reprend en main les affaires du groupe pour l’Europe. Côté marketing, la participation de nombreux guests, et non des moindres, est bien mise en avant : Simone Simons d’Epica (la petite amie du claviériste Oliver Palotai), Amanda Somerville qui ne quitte jamais la rouquine très longtemps, Björn Strid de Soilwork, l’âme de Savatage Jon Oliva, et Gus G. qui a décidément une actualité très chargée en plus de ses engagements avec Firewind et Ozzy.
L’album s’ouvre sur « The Great Pandemonium » avec la voix susurrée de Roy Kahn et quelques cris de Björn. Le chant mélodique et les riffs plutôt élaborés en font un titre correct, exploitable pour un clip (c’est le Suédois Owe Lingwall de Village Road Films qui s’y colle). Les bons moments sont nombreux : « The Zodiac », tout en ambiances avec ses lignes de chant facilement mémorisables appuyées par le clavier, « Hunters Season », au tempo plus enlevé, pour lequel Gus G. balance un solo ponctuellement harmonisé sur une rythmique étonnamment virile. Quant à « Poetry For The Poisoned », le titre de 10 minutes en 4 actes, il tient sérieusement la route : le break planant suivi des parties orchestrées dignes d’une B.O. de film dans la Part I fait indéniablement partie des moments de climax de l’album, sans parler du superbe featuring de Simone dans la Part II.
Par rapport aux 8 précédents albums studios, Poetry For The Poisoned possède une identité propre, un soupçon de mélancolie auquel la disparition récente de la mère du guitariste / compositeur Thomas Youngblood n’est sans doute pas étrangère. De là à le hisser au rang de chef-d’œuvre, il y a un pas - de géant - que nous ne franchirons pas, la faute à quelques titres de remplissage incongrus (« My Train Of Thoughts », « Seal Of Woven Years »), l’absence du très bon instrumental « Thespian Drama » de la version standard du CD, des fins en fondu trop systématiques, et surtout le registre vocal de Roy qui semble de moins en moins étendu… tout en continuant à être exploité de manière très professionnelle. Signalons pour terminer que Kamelot a dû reporter aux calendes grecques toutes les dates de sa tournée Nord-américaine de la rentrée, Roy étant rentré dare-dare en Norvège pour cause de maladie… la guigne ! C’est Michael Eriksen (Circus Maximus) qui a été choisi comme heureux remplaçant d’un soir pour le Progpower Festival USA 2010.
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J. C. Baugé