Avec le temps, plus rien ne nous surprend de la part de Mike Patton. Véritable acharné de travail, il en devient même presque difficile de suivre ses nombreux projets et collaborations. Ces cinq dernières années, entre les B-O de films (A Perfect Place, Crank : High Voltage), Peeping Tom, les quatre derniers albums de John Zorn où il étire ses cordes vocales dans tous les sens, les nombreuses apparitions sur des titres de Dub Trio, Zu, Serj Tankian, The Qemists, Soulsavers… et on en passe toute une ribambelle, le travail des voix sur différents jeux vidéos (The Darkness, Left 4 Dead, Bionic Commando…), le retour live de Faith No More… Le fan est mis à rude épreuve pour assouvir son fanatisme.
Mondo Cane n’est pas une surprenante lubie de Sieur Patton, puisqu’en 2007, il s’était déjà produit pour une petite série de concerts en Italie, accompagné d’un orchestre (cordes, chorale, percussions, cuivres…) sous le même nom. L’intention étant de reprendre avec intuition des standards « pop » transalpins des années 50 et 60. Un exercice de « croonerie » enfilé comme un costume blanc crémeux, élégamment mis en valeur par une maîtrise de la langue latine, façon botte européenne. Alors bien évidemment, chez Patton les choses peuvent vite tourner au burlesque (notamment avec l’exagération du roulement des « r »), mais comme avec chaque chose qu’il entreprend, il s’implique et s’applique minutieusement pour rendre hommage ici à cette langue et ce style « la classe à l’italienne », dont il maîtrise parfaitement la gestuelle, asticot qu’il est.
Tout aussi classieux et lyrique que cocasse et délassant qu’il soit, cet album au doux nom ironiquement poétique - référent au genre d’horreur inventé par Paolo Cavara, Gualtiero Jacopetti et Franco Prosperi, avec leur film documentaire du même nom en 1962 – rayonne et diffuse une odeur de spaghetti à la bolognaise dont seul la mama à le secret, et renforce le fait que Mike Patton est vraiment un chanteur d’une polyvalence extraordinaire, si ce n’est « Le » chanteur de ces vingt dernières années.
Le gominé à la petite moustache n’invente rien ici, mais développe avec brio un style qu’il avait déjà butiné partiellement chez M. Bungle, Fantomas… Une des innombrables facettes « pattoniennes », crooner dragueur, saupoudrée de quelques miettes de parmesan de folie, dont on se délecte une coupe de champagne à la main, le cigare aux lèvres. Idéal pour emballer, faut-il encore avec le physique pour.
Site : http://www.myspace.com/mikepattonofficial
Gaet’