Neverland
Ophidia (2010)
genre : Heavy Mélodique Et Symphonique
5/10
AFM Records / Underclass


Les Turcs de Neverland avaient surpris leur monde avec leur premier opus « Reversing Time ». Dans un art heavy symphonico-mélodique relativement exigeant, dont les maÏtres se nomment Avantasia, Sonata Arctica ou Angra, Neverland ne réussissait certes pas encore à développer une personnalité propre mais proposait des compositions abouties, épiques, grandioses et dépaysant d’un quotidien morne et désespérément gris.

C’est donc avec une certaine impatience qu’est attendu un second opus s’annonçant déjà décisif pour la suite des sept membres de Neverland. Ophidia, se dévoilant derrière un atwork absolument sublime, plonge directement l’auditeur dans un monde mythologique, hostile mais majestueux. « This Voices Inside » ouvre les portes d’un univers enchanteur et merveilleux, attirant par ses chœurs introducteurs et sa mélodie principale de piano. Un riff épais prend rapidement à la gorge un auditeur qui se voit happé dans un déferlement d’éléments et d’arrangements grandiloquents. On ressent une forte influence progressive, une volonté manifeste de proposer des mélodies originales et des structures à tiroirs, mises en valeur par un chanteur s’évertuant à créer de nombreux paysages musicaux, allant de la peur au désarroi en passant par l’espoir mais en manquant dans le même temps cruellement d’impact et de personnalité. Nous sommes loin de la voix immédiatement identifiable et magique d’un Tony Kakko ou d’un Tobias Sammet.

Malheureusement, là où les groupes précités abreuvent leurs œuvres de créativité et de génie, Neverland ne fait qu’offrir un travail certes parfaitement ambitieux et calibré mais encore trop fragile et frêle pour passer au cap supérieur, la faute à une production fortement impersonnelle et plate, sans saveur. La volonté de mettre en avant les arrangements symphoniques, parfois très massifs (« Silence The Wolves » et son pré-refrain magnifique, « Speak To Me » ou le très kitsch et niais « Final Odyssey ») au détriment de guitares annihilées dans le mix et devenant malheureusement muselées et inoffensives, demeure l’un des principaux problèmes d’un album prenant la forme d’un produit bon marché et lisse et restant bien loin du statut « d’œuvre » comme le réalisent certains.

Une trop forte uniformité ressort de cet Ophidia dont on ne retient finalement rien, manquant de ce si indispensable frisson, de cette caresse spirituelle, de cette fragilité émotionnelle qui serait alors capable de nous bouleverser littéralement. Ophidia ne possède rien de tout cela. Reste un album honnête, réalisé avec le cœur… mais ne délivrant aucune passion. Preuve qu’une musique très bien écrite peut rester éternellement froide si elle ne dispose pas de son supplément si essentiel que l’on nomme l’âme.

Site : http://www.neverlandofficial.com

Site : http://www.myspace.com/neverlandofficial

Eternalis