Il y a ces groupes dont on se doute depuis leurs prémices qu’ils sont capables de grandes choses, de changer les courants, de proposer une vision inédite. Raintime réussissait ce pari avec un Tales From Sadness qui offrait un Death Metal mélodique d’excellente facture et des idées pour le moins originales (ce génial « The Experiment »), idées pas forcément développées sur son successeur Flies & Lies mais qui démontrait une envie de bouffer le monde. L’arrivée du troisième opus est donc cruciale… dans quelle voie vont nous emmener les Italiens ? La réponse est flagrante : là où on ne les attendait pas.
Clairement, privé de son compositeur principal Luca Martina, la bande du génial chanteur Claudio Coassin a vogué vers des horizons moins extrêmes, mais toujours aussi puissant pour composer un troisième opus explosif, catchy, positif et donnant l’envie irrésistible de headbanguer comme un fou. « Fire Ants » introduit le disque par une première déflagration dont le refrain se place immédiatement dans le crâne pour ne plus en sortir. Claudio a plus ou moins abandonné ses vocalises death pour se concentrer sur un aspect plus mutant de son organe vocal, plus virtuose, presque intégralement clair mais à la puissance destructrice. Si elle choque de prime abord, sa performance sur l’album place une nouvelle fois les Transalpins bien au-dessus de la masse. « Turned Up and Down » et son beat electro surprendra par son addiction immédiate et sa construction façonnée pour le live, « Nothing But A Mistake » réveille les démons death du groupe en délivrant une prestation vocale plus écorchée, extrême et viscérale, tout en proposant une partie de claviers dantesque et splendide. Une atmosphère beaucoup plus mélancolique voire nostalgique, s’incruste dans les tempos plus lents de « Shift », « Walk on Actor » (sublime final de huit minutes) ou « One Day » tandis qu’avec le furieux « Beaten Roads », Raintime compose probablement le morceau le plus brutal de sa carrière, surmonté d’un blast énorme et d’une approche vocale plus tourmentée (à l’instar du « Another Transition » sur le disque précédent).
Raintime prend des risques et ne laissera certainement pas indifférent, jusque dans une pochette et un livret conceptuel des plus étranges mais finalement collant parfaitement à la trame de ce Psychromatic : celle de la différence.
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