Si je vous dis « un petit bébé avec les membres déchirés, des fourchettes à fondue plantées dans les yeux, du napalm lui rongeant la peau, la chair, le faisant hurler à la mort », vous dites « répugnant » ? Si je vous dis « une femme enceinte à qui l'on vient écarter les orifices à coup de lames de rasoir pour ensuite lui foutre une scie dans la bouche avant de la retirer », aussi ? Ben les gars, n'écoutez pas cet album, alors. On est encore bien loin de l'horreur décrite le temps de ces quelques titres...
Un chant répétitif, martelé comme si le disque avait sauté, des chants religieux, une lenteur qui nous fait se ronger les ongles de nervosité, un cri outrepassant l'atrocité de ceux au vitriol d'Anaal Nathrakh... The Body fait peur. The Body vous retourne le bide. Franchement, je n'ai JAMAIS entendu un truc aussi glauque. Le duo de Providence, énigmatique à souhait, sort son premier album sur le très recommandable label At A Loss (Dark Castle, Black Cobra, Baroness, etc.). Les arguments de The Body prennent corps grâce à la superposition de long chants religieux et d'un jeu batterie-guitare lourd, parfois proche d'Admiral Angry pour son côté nihiliste et titillant parfois les expérimentations sonores de Sunn O))). L'esthétique du son est très particulière et pleine de contradictions : grasse, moche, travaillée, primaire, stridente, grave. Les larsens, les voix cachées, le côté nous-on-a-tout-le-temps-que-ça-prendra-mais-toi-tu-vas-regretter-d'être-né, tout ça vous fait vous sentir très mal(ade) : on est soumis à une peur constante.
« Fort » serait un euphémisme pour décrire la puissance d'évocation d'All The Waters Of The Earth Turn To Blood. Frissons garantis.
Site : http://www.myspace.com/thevisionshallcometopass
Gilles Der Kaiser