Tel Jules César qui franchit le fleuve du Rubicon, le retour du combo norvégien avec ce sixième album studio sera à quitte ou double : soit ça passe, soit ça casse auprès des fans. Après deux albums de moyenne facture, et suite au départ de leur chanteuse Vibeke Stene, c’est un tout nouveau Tristania qui refait surface aujourd’hui avec un line-up aux deux tiers remanié comprenant désormais le très bon chanteur Kjetil Nordhus (des regrettés Green Carnation) et la guitariste Gyri Losnegaard, l’une des donzelles d’Octavia Sperati (le groupe de Bergen étant en veille du fait de la collaboration de leur chanteuse Silje Wergeland dans The Gathering). Mais le nouveau visage et surtout la nouvelle voix féminine du groupe sont bien sûr ceux de la sulfureuse italienne Mariangela Demurtas, originaire de Sardaigne, et sur lequel le groupe compte bien capitaliser (voir pochette de l’album), d’où le titre en forme de clin d’œil à l’Italie.
Les dix compositions de ce nouvel opus ont été élaborées collectivement d’après les dires de la chanteuse (cf. interview). On y retrouve tout de même un peu la patte des débuts du groupe, comme sur « Exile » et son inquiétant passage au violon interprété par l’habituel Pete Johansen. Les deux membres historiques Anders Høyvik Hidle (guitares, growls) et Einar Moen (claviers, programmations) sont toujours là aussi ; cependant, le tout sonne comme trop léger, presque formaté (« Sirens »), mélodique et atmosphérique certes mais trop évident par moment (« Protection ») et trop accrocheur (l’intro et le refrain de « The Passing »). Tout ne repose pas non plus sur l’unique voix de leur nouvelle égérie (« Year Of The Rat ») qui se veut chaleureuse, presque soul (l’une de ses influences), et gorgée de soleil tel un fruit de Méditerranée, à l’antithèse du chant lyrique de Vibeke. Un gros travail a d’ailleurs été accompli une nouvelle fois au niveau des chœurs et les arrangements sont soignés, le tout ayant été mixé par Waldemar Sorychta comme pour Illumination.
Rubicon apparaît donc comme un album correct tout de même, et on frissonne parfois comme sur la chanson dark et presque mystique « Vulture » ou l’entraînant « The Passing », néanmoins on est loin des fascinantes envolées dramatiques à l’époque des classiques Widow’s Weeds ou Beyond The Veil… Rubicon n’aurait peut-être pas dû sortir sous le nom de Tristania, tout simplement. Il serait intéressant à ce sujet de connaître l’avis de son ancien mentor, Morten Veland...
Site : http://www.myspace.com/tristania
Seigneur Fred