Pendant que ses anciens petits camarades de Mayhem s’apprêtent à partir pour une tournée exceptionnelle (Hellfest, Wacken…), le guitariste Rune Eriksen a l’air d’avoir trouvé la sérénité et l’inspiration sous le soleil de la péninsule ibérique au côté de la chanteuse Carmen Simões. Deux ans après Blood Of Bacchus, le travail de composition du couple portugo-norvégien paye cette fois car l’oreille tombe vite sous le charme de cette douce mélancolie, plus facilement que sur les précédents essais auxquels il manquait toujours une certaine finition (le brouillon The Silhouette en 2007). Les arpèges et la voix de Carmen vous ensorcèlent sans tarder, comme sur la chanson-titre de l’album en ouverture, suivie du mystérieux « The Living End » au refrain entêtant. La belle sait varier les vocalises avec grâce. De même, les guitares de Blasphemer alternent les contrastes dans une atmosphère emplie d’un parfum de spleen. On passe de l’aérien « Ghostlights » avec ses sifflements et samples aux riffs appuyés de « Majesty » évoquant le toucher de Waldemar Sorychta (Grip Inc., Revamp…). Comme le bon Porto qui doit vieillir pour s’affirmer, six ans après sa naissance, Ava Inferi accouche là d’un sublime quatrième album, riche en couleurs et en émotions.

Seigneur Fred