Comme pour rattraper le temps perdu suite à une retraite trop anticipée post-Mama’s Boys / Celtus, Pat McManus multiplie désormais les sorties discographiques à un rythme effréné. Et qui s’en plaindrait ? C’est bien peu dire que le trio irlandais, qui se la joue Blues (In My Own Time en 2008) ou Rock (2PM en 2009), bénéficie d’un capital sympathie… Walking Through Shadows fait cette fois la part belle à un Blues / Rock / Soul rehaussé de cordes en pizzicato, de chœurs féminins (le faussement sirupeux « Give Me Love »), et de soli qui font pleurer dans l’aigu (la charge émotionnelle de « Walking Shoes » sur un tapis d’accords mineurs, à la Gary Moore). Les esprits chagrins ne manqueront toujours pas de souligner le manque d’emphase dans la voix de Pat, mais celui-ci a tellement soupé des frontmen aux caprices de divas qu’il n’a pas d’alternative : il doit continuer à assurer lui-même la fonction. A mille lieux des stars sans talent qu’il fustige dans « The Riddle », celui qu’on surnommait The Professor n’a rien perdu de sa verve guitaristique (et violonesque, pour continuer dans les néologismes), comme en atteste « E-tap » le bien nommé, drivé par du tapping 80’s parfois harmonisé à la tierce, sa marque de fabrique. Et pour terminer en beauté, quoi de mieux qu’un bon vieux Rag sur fond de crépitements de vinyle ? « Oldest Rocker » est aussi rafraîchissant que le fut en son temps la reprise de « Big Bad Bill (Is Sweet William Now) » par Van Halen. Les dernières notes se dissipent à peine qu’on réalise que cette petite heure de musique aux vibrations positives est suffisamment rare pour y revenir encore et encore… Un disque lumineux, à l’inverse de ce que suggère son titre.
J. C. Baugé |