Abigail Williams bat le fer tant qu’il est chaud depuis sa création en 2004 en Arizona, au risque peut-être de se brûler les ailes. Auteur de deux disques remarqués (In The Shadow Of A Thousand Suns en 2008, où figurait l’excellent batteur Trym Torson, et In The Absence Of Light en 2010) et de deux EP, le trio s’est entre-temps mué en quartet basé à Los Angeles. Ce dernier brouille les pistes en livrant là un troisième album et non pas un EP, malgré la présence d’uniquement six morceaux (d’une durée moyenne de dix minutes) qui nous prennent à contre-pied par rapport à In The Absence…, plus direct et traditionnel. Becoming nous plonge dans de sombres et sinueuses plages atmosphériques, presque progressives, malicieusement déchirées par les cris blasphématoires de son leader, Sorceron. Les riffs, loin d’être redondants, sont vite entraînants (« Radiance » et sa montée en puissance, la fin de « Infinite Fields Of Mind »). Les arpèges de guitare ou les arrangements au violoncelle (« Beyond The Veil ») apportent du charme à l’ensemble. Peu à peu, les Américains se détachent de leur influence première (Emperor) en proposant une musique plus émotionnelle et énigmatique.

Seigneur Fred