Les fans français n’ont eu qu’une seule fois l’honneur de voir Rush débarquer chez eux : au Zénith de Paris en 1992. Inutile donc de préciser que les sorties live du groupe sont accueillies comme autant de lots de consolation. Ce Time Machine, capté le 15 avril 2011 au Quicken Loans Arena de Cleveland (où Rush a bénéficié de son premier passage radio), est spécial à plus d’un titre. C’est le seul double live exclusivement américain, avec une setlist - commune à toutes les dates de la tournée - intégrant la totalité de Moving Waves. Sorti il y a 30 ans, ce best-seller concluait de fort belle manière la période progressive 1977-1981 du trio avant que l’utilisation abusive de synthés et de batterie électronique vienne entamer sa crédibilité artistique. On retrouve donc Rush en pleine possession de ses moyens, très carré dans l’exécution…. Mais le contraire eût été étonnant avec le solide Neil Peart (la principale influence de Mike Portnoy) derrière les fûts. Pour les novices, les passages suraigus de Geddy Lee sur les morceaux les plus anciens pourront évoquer un Jean-Jacques Goldman sous ecstasy, mais c’est bien là un moindre défaut. Dans ce melting-pot des morceaux de bravoure du groupe (plus des extraits du prochain CD Clockwork Angels), les 7 titres de Moving Waves sont enchaînés, à cheval sur les deux disques, comme à l’époque où le vinyle devait être retourné. Seule ombre au tableau : les efforts de mise en scène et d’autodérision passent à la trappe sur ces pistes purement audio… Une bonne raison de s’offrir la version blu-ray en sus.

J. C. Baugé