Qui aurait pu s’attendre à s’enquiller dans les oreilles en 2015 un live
de Van Halen? Pas un bootleg de 83 déjà entendu mille fois, non, non !
Un vrai live officiel, avec David Lee Roth aux commandes et tiré d’un
concert récent en plus ? Assurément pas grand monde. Le genre de sortie
inespérée voire totalement improbable. Une foutue « arlésienne » même.
Et pourtant, les informations qui nous arrivaient au fil du temps
étaient plus qu’exactes, le groupe américain allait effectivement mettre
sur le marché un live de l’une de ses dernières prestations au pays du
soleil levant en 2013. Une sortie plus qu’attendue pour pas mal de gens.
Et qui ne laissera personne indifférent.
En effet, si vous êtes amateurs d’albums live à la production bien
léchée et bien propre, avec des overdubs à foison, on ne saurait que
trop vous conseiller de passer votre chemin car vous risquez d’être
sacrément déçus : Tokyo Dome est un témoignage live « brut » dans tous
les sens du terme. Ici, on est très loin d’un produit retouché en
studio, où certaines parties instrumentales ou vocales par exemple
auraient été « refaites » afin de plaire au plus grand nombre, afin de
présenter un produit commercialement plus acceptable, plus rentable. Et
on en a souvent vu par le passé des lives mythiques passés à la
moulinette du studio, ceux de Kiss restant une référence pour cette
pratique. Non, là sur Tokyo Dome, certains défauts techniques, les plus
moches, ont sûrement été gommés mais il est peu probable que le groupe
soit allé plus loin.
La preuve avec les performances vocales de David Lee Roth : on savait le
chanteur bien limité et avec le temps, on se doutait que cela ne
s’arrangerait pas. Ici, le frontman fait une démonstration flagrante de
la faiblesse actuelle… de son organe vocal. A la ramasse sur certains
titres, à la peine sur d’autres, on ne peut pas dire qu’il fasse souvent
des merveilles. Il plombe même littéralement ce concert sur certains
titres (« Jump » par exemple mais aussi « Chinatown » ). Et cela risque
d’être rédhibitoire pour de nombreux acheteurs potentiels. Dès lors, le
groupe aurait pu « refaire » un grand nombre de ses parties vocales en
studio afin de rendre plus « présentable » les insuffisances ou les
ratés de son showman. Que nenni ! Van Halen a préféré jouer la carte de
l’authenticité et tout laissé en l’état. On ne pourra que remercier le
groupe d’avoir été honnête sur ce coup-là. Dans tous les cas, vues les
vidéos qui se baladaient sur le net depuis un moment et qui montraient
l’étendue des dégâts, la supercherie n’aurait pas tenue longtemps…
Et finalement, quand on met de côté la situation de Roth, on se retrouve
tout de même avec un putain de live qui donne la pêche ! Le groupe
derrière, lui, n’est absolument pas en situation de faiblesse et tient
bien le cap. Et franchement, cela bastonne ! Eddie Van Halen a encore de
beaux restes et le restant de la famille (le frangin Alex et le fils
Wolfgang à la basse) ne sont pas en reste. Un regret tout de même, les
refrains qui auraient mérité d’être plus appuyés (et là, on sent
l’absence du solide bassiste Michael Anthony !).
Un détail en définitive car au fil des écoutes, le plaisir d’entendre
ces titres de cette première période de Van Halen, de la fin de
seventies et du début des eighties, prend vite le dessus sur les
imperfections : « Panama », « Ain’t Talkin’ ‘bout Love », « And The
Cradle Will Rock », « Hot For Teacher » et d’autres. Des incontournables
! Bien évidemment, toute la période Sammy Hagar est mise de côté. Sans
exceptions. Et sans regrets car on ne verrait pas David Lee Roth
reprendre « When It’s Love » ou « Aftershock », cela n’aurait
strictement aucun sens. On retrouve aussi quelques extraits du dernier
album en date, A Different Kind Of Truth, sorti en 2012 avec « China
Town », le très bon « She’s A Woman » ou le dispensable « Tattoo » et
son horrible refrain. Et tout cela mis bout à bout, on arrive à un
concert de près de deux heures et vingt-trois titres au compteur. Deux
heures de revival salutaire.
Au final, Tokyo Dome est un live qui ne laissera personne indifférent.
Un témoignage sonore qui aura sûrement autant ses amateurs que ses
détracteurs. Néanmoins, il marque le retour dans l’actualité d’un groupe
majeur qui se fait bien trop rare dans nos contrées.
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