S.U.P
Véritable bourreau de travail et perfectionniste jusqu’au bout des ongles, S.U.P revient avec la réédition d’Anomaly, leur deuxième album.
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Entretien
avec Ludovic Loez - par Geoffrey
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Pourquoi ressortir Anomaly ? Quand on a signé le contrat chez Holy Records, on avait décidé de récupérer tous les albums. Chez Pias, ils ne s’étaient pas très bien occupés de l’album et s’intéressaient plus aux musiques électroniques. Le groupe a pensé que c’était une bonne idée de réenregistrer Anomaly. Si c’était pour le ressortir tel quel, c’était intéressant mais c’était bien aussi de lui redonner un nouveau souffle par rapport aux moyens qu’on avait à l’époque et ceux de maintenant. On a donc sorti les deux versions 95 et en bonus la nouvelle version plus la fin de l’histoire. Penses-tu qu’à l’époque vous étiez allés trop loin trop tôt ? Il me semble. D’un autre côté ça nous a quand même permis d’avoir notre griffe à nous. Ca reste mon album préféré. Après The Cube, ça a été un peu brutal de faire ça.... Tu penses qu’à l’époque les gens attendaient The Cube 2 ? Oui, je pense que c’est clair. Mais ce n’était pas la peine de faire ça. Avec cette nouvelle version d’Anomaly, on s’est fait plaisir en réalisant ce que l’on aurait aimé faire à l’époque... Oui je pense que l’on est allés trop loin trop tôt, mais c’est pas plus mal. Après cet album on a eu du mal à remonter la pente. Il y a eu le changement de nom, pas de style musical car chaque album apporte ses propres éléments. Oui, il est sorti trop tôt mais il fallait le sortir à cette époque-là. A l’époque tout ce qui était gothique-électro n’était pas à la mode, alors que maintenant la tendance est différente. On a pas ressorti cet album pour gagner quoi que ce soit en plus mais pour montrer aux gens et aux fans ce que l’on avait fait à l’époque. Cette réédition est là aussi pour montrer que l’on est pas là pour faire des albums et vendre des disques mais pour créer une diversité dans les concepts et dans les styles musicaux que l’on peut rencontrer dans chacun de nos albums. Tu penses que maintenant il sera mieux compris, après Chronophobia l’an passé ? Je ne sais pas. Mais vu que c’était un album qui est sorti en 95 on ne prend pas trop de risques. Ce n’est pas un nouveau produit, mais l’ancienne version n’était pas distribuée du tout. Une fois de plus c’est un concept album. Peux-tu nous en révéler l’histoire ? On va voir si c’est plus simple que Chronophobia (voir Noise n°5). Cela se passe dans une civilisation, qu’elle soit terrestre ou extra-terrestre. Le concept est rattaché au problème de surpopulation et de conscience chez la machine. Les machines sont de plus en plus performantes où qu’elles soient. Dans l’histoire, il y a une machine, D-an qui tue des nouveaux-nés tous les jours. Un jour, la machine sort un bébé de la chaîne pour pouvoir arrêter le programme. Elle s’occupe de lui pendant une dizaine d’années et elle lui demande de tout arrêter en enclenchant une manette qui l’arrêterait elle aussi. Dans la première version, ils meurent tous les deux et ça se terminait comme ça. Dans la nouvelle version, qui est un peu plus complexe, le bébé T-on est envoyé au centre de la planète avec tous les bébés morts mais il est récupéré par une civilisation, les Uly-tohas, qui vivaient autrefois à la surface. Parmi eux se trouve le créateur de la machine. T-on le rencontre et ils remontent tous les deux à la surface et ça se termine mal. Une fois que la boucle est bouclée, c’est irréversible, on ne peut rien faire. Une fois que la machine est en marche, on ne peut plus l’arrêter. Est-ce que tu penses que c’est votre album avec la plus grande portée “philosophique” ? Oui, c’est celui qui se rapproche le plus du côté humain, avec The Cube. On n’est jamais sûr de ce qui peut se passer avec des machines, que ce soit tuer des bébés ou stériliser les gens. Moi je pense que le problème avec tous les ordinateurs qui sont distribués partout, merci Bill Gates, les gens se renferment fort sur eux-mêmes, c’est un peu de l’inconscience collective. C’est l’homme qui crée cela et je pense que ça va se retourner contre lui. Quelles sont pour toi les grandes différences entre l’ancienne et la nouvelle version ? La nouvelle version est un peu plus arrangée. On avait fait deux tournées pour cet album-là et on a retranscrit les versions live, en les réarrangeant pour ne pas que ce soit la même chose non plus. En plus, on a essayé de faire mieux pour les voix claires qui n’étaient pas toujours justes à l’époque. Le résultat de maintenant est celui que l’on aurait voulu à l’époque. C’est plus compréhensible maintenant parce qu’à l’époque il y a eu beaucoup d’erreurs de promo et de compréhension. Que préparez-vous pour la suite? Premièrement, une vidéo live avec dix titres plus un CD dix titres live dont trois titres différents de la vidéo plus trois reprises (Massive Attack, Cure et Ange) pour Février, Mars. Le prochain album de SUP sera un double mais il y aura aussi un album de Supuration qui racontera l’histoire avant The Cube. |