DIMMU BORGIR
Dimmu Borgir est grand, Dimmu Borgir est fort, et Dimmu Borgir vient de sortir le meilleur album de black métal de tous les temps. A cette occasion, nous avons rencontré Shagrath à Paris, lors de la journée promo du groupe en France. Pour l’anecdote, lorsque je suis arrivé, le groupe était en session photo pour un grand magazine, déguisé et maquillé. Silenoz était le premier à descendre de sa chambre , devant les yeux ébahis de quelques badauds. C’est alors que Shagrath est descendu à son tour, faisant taire un attroupement de bambins qui devenaient saoûlants. Quelques minutes plus tard, il nous rejoint, démaquillé, et... en pantalon large et baskets ! Surprenant...
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Entretien
avec Shagrath - par Geoffrey
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Qu’avez-vous fait entre Spiritual Black Dimension et ce nouvel album? Il y a eu beaucoup de changements pendant cette période, nous avons donné beaucoup de concerts. Nous avons aussi passé beaucoup de temps à la préparation et à l’écriture de ce nouvel album. C’est ce que nous avons fait pendant ces deux années, la dernière étant passée très vite car nous nous sommes focalisés sur les nouveaux morceaux, à faire tous les arrangements. Qu’est-ce que le succès de Spiritual... a changé dans vos vies ? On avait déjà eu du succès pour l’album d’avant, Enthrone Darkness Triomphant. L’album était très fort, avec de bons morceaux. La production était peut-être un peu faible, nous avions eu quelques problèmes pendant l’enregistrement, on avait du retourner en studio plusieurs fois. Le public français vous a découverts live sur Nulle Part Ailleurs... Pourquoi avoir choisi Behind The Curtains Of Night Phantasmagoria, qui est très violent et moins accessible que certains autres morceaux, peut-être plus adéquats pour ce genre d’émission ? Nous choisissons toujours les morceaux les plus forts de chaque album, généralement trois ou quatre pour les concerts. Je ne sais pas si nous avions choisi le plus agressif, mais au moins celui qui a le plus d’impact sur le public. Peux-tu présenter le nouveau line-up ? Nous avons trois nouveaux membres. Nicholas Barker à la batterie, qui était dans Cradle Of Filth. Vortex, à la basse, qui nous a rejoint comme bassiste de sessions aprés le précédent album et comme les choses marchaient à merveille, il est resté. Et alors que nous avions écrit 25% du nouvel album, nous avons viré Astennu. Viré ? Oui, à cause de son manque de dévouement pour le groupe. Alors nous avons appelé Galder, d’Old Man’s Child. Comment s’est passée l’écriture? Ca a été très difficile. Nous avions tellement d’idées et de riffs que nous ne savions pas comment les mettre ensemble. Nous écrivions et quelques semaines plus tard on se disait : “Mais pourquoi on a fait ça”. Nous étions entre professionnels, qui avaient l’habitude, donc après avoir composé trois morceaux ensemble, cela a tourné. Quelle part ont joué les nouveaux membres dans la composition ? En réalité, c’est moi, Silenoz et Mustis qui avons composé tous les nouveaux morceaux. Galder est arrivé plus tard pendant le processus d’écriture. 95% de l’album était écrit, il a complété le reste avec quatre ou cinq riffs. Comment cela s’est-il passé en studio ? Mieux qu’avant? Oui, car cette fois-ci nous avons enregistré ailleurs. C’était très bien de travailler avec Peter Tätgren, il possède un très bon studio. Mais nous voulions essayer quelque chose de nouveau. Nous avons donc enregistré avec Nordström, qui a su au mieux faire ressortir la richesse des arrangements. Cette fois-ci, nous avons travaillé sur Pro-Tools, qui apporte vraiment un plus. La grande nouveauté est la présence d’un véritable orchestre. Comment cela a-t-il été possible ? Mustis et moi avons écrit toutes les parties de synthé. Nous avons contacté un chef d’orchestre en Norvège et avons joué dans son studio les parties sur lesquelles nous voulions travailler. Il les a réarrangées et nous avons engagé un orchestre suédois pour les interpréter. C’était très enrichissant. Comme un rêve de toujours... Nous n’avons pas vraiment joué avec eux car ils ont enregistré leurs parties séparément. Ca sonne comme nous l’attendions, et nous renouvellerons l’expérience dans le future. La production et le son sont énormes, les meilleurs que vous ayez jamais eu. Avez-vous travaillé spécialement là-dessus ? Oui. Dans mon esprit, je voulais toujours atteindre quelque chose de mieux, passer à un niveau supérieur. Le son est plus direct et plus puissant. Il y a de nouveaux effets sur ta voix. Aimes-tu ces nouveaux groupes de black plus électroniques, comme Kovenant ou dernièrement Mayhem ? Pas Kovenant... Ok, pas Kovenant (NDLR : je rapelle que Nagash, leader de Kovenant, faisait partie de Dimmu Borgir) Mayhem oui. J’aime essayer de nouvelles choses, faire autre chose que ce que les gens attendent. Crier toujours de la même façon est un peu lassant à la fin. Je le fais depuis dix ans, alors j’ai utilisé des effets pour varier. L’album est dispo sur Napster. Qu’en penses-tu ? Ce truc détruit toute l’industrie du disque. Quelqu’un a dû recevoir le CD-promo et le mettre en ligne. Dans le futur, il va falloir réagir et ne proposer que des versions incomplètes et empêcher de se procurer le produit fini avant la sortie. Que penses-tu des personnes qui disent que le black metal doit rester underground pour être vrai ? Tous ceux qui parlent de rester vrai ont tort. Il suffit d’être vrai envers toi-même. Je respecte ceux qui disent ça car je viens de l’underground moi-même. Nous faisons les choses différement, pour attirer l’attention des gens. J’ai entendu dire qu’une fois, vous étiez tous complètement ivres et avez joué unplugged... C’est vrai (rires). C’était en Finlande. Nous avions joué plus tôt dans la soirée et avions terminé dans un bar. Là-bas, en Finlande, tout le monde est ivre, tout le temps (rires). Nous sommes arrivés et le speaker a dit que nous allions jouer, alors on l’a fait. Réalisez vous que vous avez enregistré le meilleur album de black metal de tous les temps ? Non. Bien sûr, je suis très fier de ce que nous avons fait, mais il y a beaucoup d’autres groupes très bons... Pour moi, il sera difficile de faire mieux... ça fait toujours plaisir à entendre (rires) |