S.U.P.

 

"Les messagers"

(photos : Pépete l'Or)

 

Autour de quelques blanches dans un café de Valenciennes, Ludo et Fab se sont gentiment prêtés à quelques questions sur Angelus leur nouvel album et sur leur vie en général… Aussi secrets qu’ils puissent être, ces messieurs n’en sont pas moins bavards si on sait leur poser les bonnes questions ! 2h30 de pur bonheur retranscrites ici même. Mesdames et Messieurs, faites place aux artistes…

 

Entretien avec Fab' et Ludo - par Pierre-Antoine et Geoffrey
 
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NOISE : Revenons un peu sur votre DVD live, pourquoi SUP tout seul ?
Ludo : On voulait faire un live à la base et une vidéo live avec, mais pas quelque chose de traditionnel, plus quelque chose qui sorte de la norme... C’est un concert pour chacun en fait, personnellement, on s’en rend compte quand on regarde le DVD. Comme on a eu l’opportunité de faire ce DVD, on a du trouver des trucs en plus du live, des archives… C’est un premier DVD, un coup d’essai. On en est content mais il est sûr que le prochain sera mieux, mais c’est quand même différent du studio, c’est joué live sans fioritures. Il n’y a aucun overdubs. On a failli mais nous n’avons pas préféré…

Vous ne pensez pas qu’avec la technologie actuelle, à un prix abordable et avec votre imagination vous auriez-pu sortir quelque chose de plus gros, comme un film ou un court métrage ?
On est dessus justement. Notre prochain DVD ne sera pas forcément musical. Nous sommes quand même le premier groupe français à avoir sorti un DVD…

Quelles ont été les réactions ?
Mitigées, assez mitigées. Mais les gens ont compris le truc… Le problème, c’est qu’on a eu des ennuis pour la distribution avec Sony, nous avons du prendre les choses en mains…

Puisque nous sommes sur un aspect cinématographique, quels films vous influencent personnellement ?
Je ne vais pas vraiment au cinéma, mais j’aime tous les films un peu torturés, barrés. On aime bien quelques trucs underground, les films espagnols. Mais on ne se sert pas des autres pour agir nous-mêmes. C’est risqué mais nos voulons faire notre propre truc aussi bien au niveau de l’image que du son.

Au niveau de l’album en lui-même, ce n’était pas censé être un double ?
Oui, mais nous n’avons pas eu assez de temps.
Fab : On a pris notre temps pour tout peaufiner et au fur et à mesure que l’on avançait, nous nous sommes rendu compte que la date de sortie approchée, voilà pourquoi celui-ci est un simple. Nous ne voulions pas repousser encore sa sortie. On verra pour le prochain…

Un album sous le nom de SUPURATION est censé sortir aussi ?
Ludo : L’album est prêt, les morceaux datent de 1991 mais nous n’avons pas eu le temps d’enregistrer encore. Il n’y a rien de fait pour l’instant…

Venons-en aux faits messieurs, quelle est la trame d’Angelus ?
Fab : C’est l’histoire d’un prêtre qui a une attaque cardiaque, il passe dans l’au-delà, il se pose des questions sur tout ce qu’il a pu prêcher pendant toutes ses années. Pendant que l’on vient le chercher, il réalise qu’il a cru en quelque chose de faux. Le thème principal du disque est que dieux n’existe pas, quel que soit ce dieu, Allah ou autre… Nous sommes en temps que terrien qu’une sorte de cocon préalable à une vie extraterrestre…
Ludo : On comprend mieux quand on a l’objet entre les mains. Lorsque l’on enlève le fourreau on a la même image que la pochette mais pendant une éclipse, avec l’extraterrestre retourné et la cathédrale qui décolle. De plus Angelus veut dire le messager… On retrace aussi un peu le passage de la vie à la mort, dans le fameux tunnel, le prêtre voit des gens qu’il connaît mais sans arriver à savoir qui ils sont. C’est un passage vers une vie extraterrestre…

Vous êtes croyants ?
Je respecte la religion, mais non… Il y a quelque chose après la mort pour moi, mais quoi ?

La religion est très présente, c’est pour cela que tous les titres sont en latin ?
Non, c’est plus parce que c’est une langue universelle (NDPA : Allez voir leur site www.sup.free.fr vous pourrez alors voir les paroles de l’album dans toutes les langues ainsi qu’en extraterrestre…)

Qui a écrit cette histoire ?
Fab : Ludo et moi, et nouveauté cette fois-ci en écoutant les morceaux… On savait de quoi nous allions parler mais les morceaux ont tout précisés.

L’album est entrecoupé de passages narratifs d’un certain Cavanagh ?
Ludo : Daniel effectivement, ça c’est fait pendant le tournée avec Anathema. Je lui ai demandé et il a accepté. De plus toutes les narrations peuvent être écoutées sans les morceaux, il y a une vrai logique.
Fab : Tu peux écouter soit l’album, soit la narration, ça reste cohérent…

Ne pensez-vous pas que c’est peut-être un peu rebutant pour les auditeurs ?
Ludo : Peut-être, mais ce n’est pas trop long. Et puis ça change un peu. C’est mieux de faire les choses différemment, c’est comme le live sans public. J’espère qu’avec ces passages narratifs les gens vont comprendre des choses…

La prod’ est plutôt impressionnante ?
Nous l’avons faîte nous-mêmes, et c’est bien d’en parler car ça démontre que n’importe qui de motivé peut faire un album qui tient la route au niveau prod’ !

Vous ne pensez pas qu’avec un producteur comme F. Nördstrom, SUP aurait un petit quelque chose de plus ?
On aurait un son commun à tout le monde. On est pas contre, mais on préfère faire ce que l’on veut, sortir du lot et nous gérer nous-mêmes. On ne veut pas le son de tout le monde. On préfère un mois complet, qu’une semaine en Suède. On vendrait peut-être plus, mais on préfère rester honnête avec nous-mêmes, on ne fait pas ça à but commercial… Il ne faut pas que les groupes en France croient qu'ils vont vendre des disques, l’important c’est de croire en ce que l’on fait. Après que 10 où 1000 personnes aiment…

Vous êtes pour le gravage ?
Fab : Gravons, gravons… Si ça peut toucher plus de monde, et ceux qui ne comprennent pas le sens de SUP. On est ni pour, ni contre en fait, mais bon un fan de SUP sait qu’il y a l’objet, c’est important d’avoir un beau digipak, ça englobe l’histoire et l’album.

Les voix death sont de nouveaux doublés…
Ludo : Elles le sont tout le temps. Elles sont cette fois un peu plus agressives, c’est plus présent que sur les autres albums. Ce n’était pas possible pour Chronophobia car il devait être froid, carré. Angelus à un côté plus live, il est plus ouvert.

Pour clore le sujet, quelle volonté avez-vous avec ce nouvel album ? Pensez-vous que le public de SUP va s’étoffer ?
Aux Etats-Unis ça marche assez bien, et en France pour cet album on verra… Si on arrive à convaincre les gens qui n’ont pas accroché avec les autres albums c’est bien, mais bon…
Fab : C’est difficile en France. Les gens soutiennent quand ça marche, regarde l’équipe de France de football… De plus, il n’y a pas de culture rock en France comme en Belgique et en Allemagne. En France, on copie nos voisins.

Mais vous ne pensez-pas que le petit revival rock du moment avec Nickelback, Sum 41 ou autres peut aider les groupes underground ou extrêmes à se faire mieux accepter ?
Ludo : C’est possible, comme RATM ont aidé Lofofora ou No One Is Innocent, mais ça n’à pas duré très longtemps. (Gros fou-rire car dans le bar passe à fond une chanson sur le Ché…)

Quel est votre titre préféré sur l’album ?
Ludo : Le premier
Fab : Moi le deuxième
Ludo : J’aime bien Liberatio aussi… Mais bon, tous les morceaux se valent, on les aime tous. Nous n'avons pas vraiment de préféré…

Qui a fait la pochette ?
Ludo : Thierry Petit, c’est un artiste nordiste qui a émigré dans le sud et c’est un fan de SUP depuis longtemps. Il a aussi fait des tableaux qui seront dans le boîtier. La pochette a un côté BD, on retrouve aussi beaucoup de monuments représentants l’histoire comme les pyramides, une cathédrale, une mosquée et les têtes de l’île de pâque…