MANU LIVERTOUT BAND
Lorsqu'un très grand guitariste rencontre des gars de Scarve, il faut s'attendre à un moment musical unique. C'est effectivement le cas avec cet album, Autoparody. Découvrons ensemble les secrets de ce guitariste du MAI, Emmanuel Livertout et de son enfant turbulent.
|
|
Entretien
avec Manu - par Fab'
|
|
Peux
tu te présenter aux lecteurs ?
Manu : Je vais essayer de faire court. Je suis prof au MAI depuis
une dizaine d'années maintenant, le MAI est une des plus grandes écoles
de musique en Europe. Je suis également démonstrateur pour Ibanez.
J'ai déjà sorti un album solo, Indian Akrobatik, en 1998 et
donc là sort le nouvel album, Autoparody. Cette fois c'est moitié
instrumental, moitié chanté.
On
te surnomme Folieman, pourquoi ?
Parce que je suis toujours en train de dire "folie". (rires) Et
puis parce que je fais souvent la fête et je suis souvent en train de
délirer. (rires)
Peux
tu nous parler un peu plus de ton premier album solo ?
C'est plus une carte de visite qu'un album. Y'avait Dirk à la batterie
et y'avait un autre bassiste, Alex à l'époque. C'est un album
purement instrumental et plus accès sur le coté technique. C'était
plus dans l'optique de me donner une image. Cet album n’a pas trop mal
marché et il m'a permis d'être démonstrateur pour Ibanez.
Es-tu
l'unique compositeur des morceaux ?
Pour les morceaux instrumentaux, y'a des morceaux qui ont été
écrits entièrement par moi. Y'a deux morceaux écrits
entièrement par Phil le bassiste. Par contre tous les morceaux chantés
ont été composés par moi et Guillaume. Et les paroles
sont toutes de Guillaume.
Comment
c'est passé l'écriture ?
Je compose tout souvent sur PC, et après je donne les parties à
chacun et chacun l'arrange à sa façon.
Un
petit mot sur les différents musiciens du groupe ?
Donc, il y a Guillaume Bideau au chant qui est aussi dans le groupe Scarve
et également dans le groupe Cube qui va sortir un album début
Mars chez Sony. Maintenant, c'est Loïc Colin qui est également
dans Scarve. Et enfin Dirk Verbeuren, assez connu dans le milieu, qui joue
avec Headline, Scarve, et puis pas mal de groupes.
Pourquoi
as tu choisis ces musiciens ?
En fait j'ai rencontré Dirk, y'a une paire d'années au MAI.
On s'est bien entendu et il a bien voulu jouer avec moi. Après j'ai
rencontré Guillaume et Loïc, pareil, à l'école.
J'avais formé un groupe de reprises avec Guillaume, histoire de tourner,
et c'est de là qu'est venu l'idée d'intégrer plus de
chant dans mes compos.
Que
penses tu d'ailleurs du dernier Scarve ?
Il est excellent, et là ils vont enregistrer le prochain au mois de
juillet. Le premier, je le trouvais meilleur au point de vue du son. Le prochain
je pense qu'il sera complètement accompli car ils font tout en Suède
(ndlr : effectivement, rien de tel que l'air suédois!!). Pour moi c'est
pratiquement le meilleur groupe metal comme ça en France.
De
quel style te sens tu le plus proche ?
En premier, évidemment le metal. Ce qui c'est passé pour cet
album là, c'était en fait un tournant pour le groupe. Comme
je te l'ai dit, le premier était un mélange de tout pour un
peu démontrer. Celui là, on a délirer sans penser au
côté commercial. Par contre le prochain sera beaucoup plus homogène,
plus metal et entièrement chanté. Moins de délire, un
petit côté technique quand même avec des structures plus
élaborées, et une plus grande continuité par rapport
aux compos.
Autoparody
est donc une sorte de transition...
Voilà, ouais.
Le
line-up est donc stable maintenant ?
Oui exactement.
Personnellement
je trouve que beaucoup de tes solos sont influencés par Fredrik Thordendal
...
En fait j'ai évolué un peu de la même manière,
j'ai écouté pas mal de ...
...
Allan Holdsworth ...
(rires) et puis j'ai bossé pas mal de truc jazz à une époque
et donc c'est ressorti naturellement. C'est vrai qu'il y a des intonations
au point de vue des gammes qui sont un petit peu pareil. Des trucs un peu
planant avec le truc bien rythmé derrière. Excellent, Meshuggah
j'adore. (ndlr : hé oui!!) Ca et Townsend, c'est pratiquement mes favoris
en metal.
Justement,
quelles sont tes influences ?
(rires) j'ai répondu un peu avant l'heure. Ces deux groupes là,
sinon j'aime bien Soilwork aussi...
...
La scène suédoise ? ...
Ouais, voilà. Et puis ça dépend des époques, j'évolue
toujours un petit peu.
As
tu tendance à être trop technique ?
Je fais attention de pas en mettre partout, mais sinon min jeu c'est vraiment
ce que j'entends à l'intérieur. Je pense, ou plutôt j'espère
que c'est toujours musical.
Penses
tu que Autoparody est accessible à tout public ?
Justement, par le fait que nous avons fait ce que nous avions envie, cela
limite de ce côté là. Par contre le prochain sera beaucoup
plus accessible, avec des côtés beaucoup plus simples.
Que
signifie ce Autoparody alors ?
(rires) En fait, c'est toute une parodie de nous même. Rien que les
paroles, Guillaume a mis ce qui s'exprimait dans l'ambiance du groupe. On
a fait des soirées avec des bouffes de fous, et où on était
toujours en train de délirer sur des expressions, des analogismes allemand,
français, anglais. Ca parle de n'importe quoi, des délires qu'on
a. Tout l'album est conçu de la même manière de même
que les délires entre les morceaux.
Quel
rôle justement ont pour toi les interludes ?
Ca annonce bien souvent le morceau qui est juste après.
le
3ème est assez marrant (ndlr : à écouter en inverse)
!!!
On a tiré ça d'un film, c'est marrant.
Mon
préféré est l'interlude introduisant la 6 !!
Oui, on a remis le thème sur une sonnerie de téléphone.
Pourquoi
avoir choisit un chant plutôt néo ?
Y'a un peu de tout, Guillaume à une grande personnalité et il
est aussi très polyvalent. Dans tous les styles on arrive à
le reconnaître. Guillaume et moi, on aime aussi les trucs, pas seulement
néo mais aussi, Pop et autres. Le prochain sera d'ailleurs plus dans
cette lignée, comme dans That Won't Never Change. Ce n’est pas
vraiment néo, c'est plus comme du RATM,
Pour
toi qu'est ce que le chant apporte à tes compositions ?
C'est complètement différent, avant je composait beaucoup en
trouvant un thème, et en mettant après la rythmique derrière.
Maintenant, c'est l'inverse, on cherche une rythmique et Guillaume vient mettre
le chant par dessus. On obtient des trucs complètement différents.
Et puis moi, intérieurement j'évolue aussi. Avant je voulais
quasiment que faire de l'instru et maintenant c'est pratiquement l'inverse.
Je me sens bien quand y'a Guillaume qui chante à côté
de moi, ça se complète vraiment bien. Je suis plus heureux avec
le chant maintenant que quand c'était instru.
Les
titres sont un peu zarbs, et il y a une référence à Devin,
non ?
Oui, c'est le morceau Devin Opus. C'est un hommage que je voulais lui rendre,
bien qu'il ne soit pas mort, parce que j'adore Townsend. Je voulais faire
une compo un peu dans le même état d'esprit. C'est le seul morceau
qui fait ça.
Tu
pousses la parodie jusqu'à celle du chant sur That Won't Never Change,
pourquoi ?
On ne s'est pas posé de question, du fait qu'on se foutait du côté
commercial on n'a pas eu de limite et on s'est fait plaisir. Voilà.
Le
morceau caché est assez tendancieux !!
(rires) C'est une parodie du groupe débutant qui veut faire du heavy,
pas en place et complètement faux. On a enregistré ça
sur le vif.
Tu
critiques quand même le style des années 80 ?
Ouais, ouais, ouais.
Qui
sont tes idoles alors ?
De vieux Genesis à Holdsworth en passant par Suicidal Tendencies. Mais
je n’ai pas vraiment d'idole.
Que
penses tu de la scène metal actuelle ?
Ca commence à bouger en France, c'est vraiment bien. Avec plus de groupes
de bons niveaux et plus d'endroits pour jouer !
D'autres
projets en vue ?
J'ai un projet de groupe avec Guillaume, qui s'appellera Band From Nowhere,
dans le même délire mais beaucoup plus simple, on se fera plaisir
avec des compos du style couplet-refrain et beaucoup plus commerciales. Guillaume
enregistrera batterie et chant, et moi guitares, basse et clavier. On prendra
des musiciens pour la scène.
Es
tu pleinement satisfait de ton label ?
Oui, c'est un label qui débute mais qui s'investit beaucoup.