Le mercredi 21 janvier, votre serviteur s’est rendu au LB Lab, près de Lille, pour discuter directement de l’actu des hard-coreux de Black Bomb A avec les membres du groupe, qui s’apprêtent à sortir leur deuxième album, Speech Of Freedom et à partir en tournée. Après avoir écouté les nouveaux titres en version live (pendant la répète… sympa !!!) et studio (sur la platine du LB Lab, s’il vous plaît !), Sam, Scalp – guitaristes - et Hervé – batteur, alors qu’ils étaient complètement rincés par 4 heures de répète’ assez intenses, nous ont accordé cette interview d’une heure, très sympa et très instructive. Ces mecs sont d’une gentillesse rare, mais méfiez-vous de l’eau qui dort et remettez vos abris anti-atomiques en état, car la Bombe A est lâchée !!!
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Entretien
avec Black Bomb A - par Will - Photos © Will |
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Noiseweb
: Que s’est-il passé pour vous depuis l’enregistrement
de Human Bomb ?
Sam : Nous avons énormément tourné, on a fait le Sriracha
Tour 2 avec Lofofora, Oneyed Jack et Watcha, ensuite on a fait une autre tournée
avec Boost et Tripod, beaucoup de dates en France, mais aussi en Suisse, Belgique,
etc… Entre les deux albums, on a eu un changement de line-up, Hervé
(de Loudblast) est arrivé à la batterie depuis maintenant 2
ans ; Jag nous ayant quitté il y a un an, il a été remplacé
au chant grave par Arno, du groupe No Flag. On a ensuite pris du temps pour
enregistrer cet album, Speech Of Freedom, depuis le mois de juin. On a bossé
tout l’été, et on a commencé à enregistrer
ici, au LB Lab, avec Stéphane Buriez et ses collaborateurs, en octobre.
Et là, on est en pleines répètes pour la nouvelle tournée,
et j’espère bien que ça va être la guerre !!! (rires)
Noiseweb
: Comment définiriez-vous votre style actuel ?
Scalp : Alors là, je ne sais pas du tout… Je préfère
ne pas mettre d’étiquette sur notre musique, à vous de
juger. Après… Je ne pense pas qu’il y ait vraiment de style
dans Black Bomb A, mais disons qu’on a des bases métal, punk,
hard-core, un peu de tout.
Hervé : Y a un peu tous les styles musicaux, métal, bal musette…
(rires). C’est très éclectique.
Noiseweb
: Vous pensez avoir évolué musicalement depuis 2 / 3 ans ?
Scalp : Ben ouais, je pense. Déjà, l’arrivée de
Hervé a changé pas mal de choses. Arno aussi. Ouais, c’est
plus pareil, faut pas s’attendre à écouter ce que faisait
Jag, l’ancien chanteur. C’est Black Bomb A version 2003/2004,
du rentre-dedans. Faudra demander aux gens ce qu’ils en pensent…
Noiseweb
: Quelles ont été les retombées de la réédition
de vos deux premiers disques en 2002, dans le même coffret ?
Hervé : Apparemment, très positives, puisque ça a reboosté
les ventes de Human Bomb, qui sont maintenant à 10 000, ce qui est
quand même bien, et ça a permis à ceux qui n’avaient
pas Straight In A Vein (le premier EP) de se le procurer, alors qu’il
était épuisé depuis un certain temps. Et ça nous
a permis de mettre en route une nouvelle tournée aussi…
Scalp : En fait, il y avait une forte demande de la part du public, lors de
nos concerts et sur notre site, pour que l’on ressorte Straight In A
Vein. Alors, on s’est dit : pourquoi ne pas faire ce coffret ?
Hervé : En plus, faut vraiment voir ça comme un bonus à
l’album Human Bomb. On a pu rajouter sans coûts supplémentaires
le 5 titres. A la base, on voulait même le réenregistrer, faire
une nouvelle version, mais on n’a pas réussi à avoir le
budget pour, donc, nous avons opté pour la solution du coffret…
Scalp : Bon, et puis finalement, c’est très bien de l’avoir
laissé tel qu’il est… C’est un cadeau pour les fans.
C’était une bonne époque !!!
Noiseweb
: On remarque à l’écoute de vos réalisations précédentes
une alternance de styles de voix, allant du punk au hard-core, voire un style
rappé ou carrément death (ceci étant moins vrai sur Human
Bomb, le 1er véritable album)… Est-ce quelque chose que vous
allez encore utiliser sur le nouvel album, Speech Of Freedom ?
Sam : On s’est fait plaisir avant tout. Après, ce qui en est
ressorti me rend vraiment content, car les morceaux sont tous différents,
il y a des nuances au niveau du chant, des musiques. Il n’y a pas de
morceaux répétitifs. Après, c’est difficile de
parler de style, c’est un résumé de Black Bomb A, quoi
!
Scalp : Les 2 albums, celui de 2001 et celui-là ne se ressemblent pas…
Hervé : Et c’est l’évolution normale d’un
groupe. Ici, il y a eu encore plus de travail. Et je trouve que là
où l’accent a été mis, c’est sur le chant,
je pense que les chanteurs se sont encore plus tirés les doigts du
cul ! (rire général). On a tous bien bossé, et jusque
maintenant, on est vachement contents de l’album : ça va plus
loin dans les mélodies, dans la brutalité, il y a des morceaux
qui vont certainement surprendre, car on a digéré certaines
influences aussi, qu’on a mises en commun…
Noiseweb
: Cette alternance de styles dans votre musique pouvant être déconcertante
pour les fans de métal qui ne vous connaissent pas et qui vous entendraient
pour la première fois (sauf ceux qui ont une attirance pour le hard-core),
que leur diriez-vous qui pourrait leur donner envie de se diriger vers votre
musique ?
Hervé : D’oser, ouais, d’oser… Je pense que tu sous-entends
métal pour les fans de death-metal ou autres, non ?
Noiseweb
: Ouais, enfin, heavy aussi…
Sam : Enfin, des gens qui seraient moins habitués au hard-core…
Hervé : De toute façon, on a remarqué certaines choses,
bien que ça ne fasse que deux ans que je suis dans le groupe, je suppose
que c’était déjà comme ça avant, c’est
qu’à nos concerts, il y a un public divers mais uni… Ca
va du punk à crête aux métalleux avec des patches de Morbid
Angel, aux néo-métalleux « collier à boules »
; je pense qu’il y a vraiment tous les styles de fans qui viennent voir
Black Bomb A. je pense qu’à la base, on unifie quand même
pas mal, y a un peu de tout dans notre musique. Ce n’est pas le but
au départ, mais on a tous des goûts musicaux qu’on mélange,
et ça donne Black Bomb A. Même avant que je n’y sois, j’étais
déjà fan du groupe car je trouvais qu’il y avait déjà
un bon côté métal, tu vois. Y avait de véritables
riffs et il n’y a que dans le métal qu’on fait des riffs
purs !
Noiseweb
: Vos albums ont toujours bénéficié d’un super
son je trouve, vous avez donc décidé de continuer d’enregistrer
au LB Lab… Comment cela s’est-il passé ?
Unanimes : Enorme !!! Super bien…
Sam : En même temps, on est habitués au studio, on est un peu
chez nous, on répète aussi ici maintenant.
Hervé : Tout le monde s’est plus ou moins rapproché de
Lille. Quoique… Ceux qui étaient loin de Lille se sont rapprochés
et ceux qui étaient proches se sont un peu éloignés (Montpellier,
Poitiers…), ce qui est assez paradoxal (rires). Mais c’est la
vie de chacun, mais on se fait régulièrement des séries
d’ une semaine complète de répète tous ici. De
plus, avec Steph, ça se passe forcément bien, on se connaît
tous, donc il n’y a pas de raison. En plus, le son qu’on a obtenu
est énorme, encore plus énorme qu’énorme !!!
Noiseweb
: Vous avez bénéficié d’un budget plus important
pour Speech Of Freedom ?
Scalp : On ne sait pas exactement, mais pas moins, pas plus. C’est pareil
en fait.
Noiseweb
: C’est peut-être l’expérience qui fera la différence
au niveau du son ?
Hervé : Ouais, le travail de chacun et aussi celui de Steph. Nous,
on a évolué en tant que musiciens, lui a encore plus appris
en tant qu’ingénieur-son depuis deux ans. Le matos a changé
aussi au LB Lab, ils ont beaucoup investi aussi. C’est une accumulation
de plein de facteurs qui font qu’on en est là aujourd’hui.
Noiseweb
: Ca a pris combien de temps, de la conception des premières chansons,
à la fin de l’enregistrement ?
Scalp : on a commencé la composition fin août / début
septembre et on a enregistré en octobre.
Hervé : On devrait peut-être pas le dire, mais c’est vrai
que cet album a été composé en 1 mois et demi…
Noiseweb
: Pourquoi ne pas le dire ? C’est carrément une performance !
Hervé : Ouais, c’est une performance, mais ça peut être
pris à l’envers et certains peuvent penser qu’on a fait
ça à l’arrache, qu’on l’a bâclé
! Mais à l’écoute de l’album, tout le monde va se
rendre compte que c’est loin d’être bâclé (je
confirme…) ! On avait juste deux titres qu’on avait commencé
à préparer avec Jag, le premier chanteur, qu’on a retravaillés
avec Arno. Et pour l’album, on a bossé comme des dingues pendant
un mois et demi sans sortir du studio. Mi-octobre, on avait fini le plus gros
des compos, et on a enregistré dans la foulée : on est sortis
de répètes le mardi, le mercredi, on enregistrait…
Scalp : Y était pas question de perdre son temps avec 6 mois de répètes,
puis 6 mois de pré-prod… Fuck it !
Hervé : Ouais, en fait, on a juste changé de salle. On est passé
de la salle de répète à la salle de studio et on a commencé
les prises, qui se sont terminées fin novembre. C’était
tout chaud, très spontané en fait, avec quelques morceaux qui
n’étaient pas forcément finalisés. On a pu les
finir en studio, car on a eu l’opportunité d’enregistrer
en 5 semaines… C’était déjà confortable.
Noiseweb
: Quels sont les termes abordés dans les paroles, quand on sait l’importance
qu’ils revêtent pour un groupe de hard-core ?
Sam : Ca parle un peu de tout, de la vie, quoi.
Hervé : Y a par exemple un texte sur les abus, la pédophilie,
les abus qu’il peut y avoir, un peu de tout.
Sam : Un peu de politique aussi.
Scalp : On a fait aussi un texte sympa sur la beuh, qui s’appelle Mary…
Je vous laisse découvrir le sujet ! (rires). Marie-jeanne, notre amie
à tous… (rires)
Sam : On a invité Jean-Pierre Galland aussi, le président du
CIRC (Ndlr : collectif qui milite pour la dépénalisation du
cannabis – JP Galland est passé plusieurs fois à deux
doigts de l’incarcération pour ses propos et ses écrits),
à venir dire quelques mots sur Mary.
Noiseweb
: Et dans le titre Speech Of Freedom, il y a l’idée de liberté…
Hervé : Un discours de liberté, on dit ce qu’on veut…
Scalp : Il faut se référer à la pochette de l’album…
Cette tête de mort représente jusqu’où peut aller
la liberté d’expression, jusqu’où elle peut conduire.
C’est d’ailleurs le cas un peu partout.
Hervé : Beaucoup de gens ont dit ce qu’ils voulaient et l’ont
payé de leur vie. On dit un peu ce qu’on veut en France, on est
quand même dans un pays de liberté, même si en moment,
c’est un peu le bordel. Mais dans d’autres pays, si tu dis ce
que tu penses, tu finis dans les geôles politiques, voire au peloton…
Noiseweb
: La question s’adresse plutôt à vous, Sam et Scalp : ça
va faire maintenant 2 ans que Hervé et Arno (1 an pour lui) ont intégré
le groupe, et vous avez enfin enregistré ensemble. Rétrospectivement,
en quoi ont-ils pu faire évoluer Black Bomb A ?
Sam : Ils ont apporté vraiment leur touche perso, à eux, même
si ça a été un peu plus dur pour Arno de chanter les
titres que Jag avait composés. Pas évident de remplacer quelqu’un,
surtout au chant. Mais sur les nouveaux morceaux, c’est bien intégré
dans le truc, on ressent vraiment sa griffe. Ca le fait vraiment. Personnellement,
j’étais curieux, qu’est-ce que ça allait donner
? Mais maintenant, j’ai l’impression qu’il a toujours été
là. Il est tellement bien intégré dans le milieu musical…
Noiseweb
: Et pourquoi Arno et pas un autre ?
Sam : C’est parti du fait qu’on se connaissait depuis longtemps
et qu’humainement, on s’est toujours bien entendus.
Scalp : On n’a même pas pensé à une autre voix qu’Arno,
en fait…
Hervé : Ouais, et puis, on avait déjà fait des concerts
ensemble, où nous l’avions invité sur scène à
chanter un truc ou deux avec nous, comme ça.
Sam : Il est plus branché hip-hop que nous (NdW : ça se voit
dans sa gestuelle…), mais ça ne nous pose aucun problème.
Noiseweb
: Et concernant Hervé ? Qu’a-t-il apporté de plus ?
Sam : Pareil pour Hervé, il a vraiment apporté sa griffe. On
sent qu’il vient d’un groupe de death, c’est sûr,
mais moi, j’ai toujours été fan de Loudblast, donc voilà…
Hervé : Ca peut paraître prétentieux, mais je crois avoir
apporté de la rigueur en fait. Avec le nombre de dates que BBA avait
déjà dans les pattes, au niveau professionnalisme, pas de souci,
mais je crois avoir apporté une rigueur de jeu. Je ne parle pas de
rigueur de répète, parce qu’on est tous des branleurs,
mais je pense qu’on a trouvé une meilleure mise en place rythmique.
J’ai apporté quelques idées aussi, mais on a surtout recadré
des trucs qui étaient un peu flottants, qui étaient dus à
l’ancien batteur, pas forcément aux autres. Quand tu joues avec
quelqu’un qui a une certain manière de jouer (même si je
ne veux pas le critiquer…), tu attrapes des sortes de tics dans ton
jeu. On s’en est rendus compte dès les premières répètes
qu’il y avait des trucs qui n’allaient pas. Je suis un batteur
essentiellement rythmique, tu vois, pas un monstre de technique, et dans BBA,
ce côté rythmique faisait défaut. Mais au bout de quelques
répètes, ça a été vite fait, c’est
revenu et c’était grave cool, quoi !
Noiseweb
: Pour te connaître depuis plus de 15 ans, je trouve que par rapport
à ce que j’ai entendu en répète, tes influences
death ne ressortent pas…
Hervé : Je me suis « caméléonisé »
(rires). Tu t’adaptes aussi à la musique, même si en ce
moment, je suis en plein dans Loudblast aussi. Quand tu bosses avec les deux
groupes en même temps, c’est parfois difficile : avec les Loud,
c’est death, parfois brutal death maintenant (ah ? Un scoop ???), et
avec BBA, tu reviens à des choses plus mélodiques, plus rythmiques.
C’est vraiment les deux groupes dans lesquels je me sens bien de toute
façon, BBA, c’est le côté rythmique épuré
que j’adore, tu vois ; à la limite, c’est moins stressant
sur scène que Loudblast. Je m’éclate vraiment. Loud, c’est
plus dur, c’est plus physique, plus difficile : je m’éclate
aussi, mais pas de la même manière. Je ne m’éclate
pas plus dans BBA, mais dans les deux groupes, y a du bien et du très
bien et varier les deux concourt complètement à mon équilibre…
Noiseweb
: Vous avez rejoint Enragés Production en 2002, alors que vous faisiez
partie du collectif Sriracha. Il semblerait que votre album soit la top priorité
du label. Quel est son apport réel pour vous ?
Scalp : Beaucoup de choses. C’est vrai qu’ils nous ont déjà
pas mal aidés. Il ne faut pas se leurrer : s’ils n’avaient
pas été là, on n’en serait pas là aujourd’hui.
A partir du moment où tu as un vrai tourneur, ça rend les choses
plus faciles. Après, il y a des choix à faire, des discussions
sur lesquelles on n’est pas forcément d’accord, mais notre
objectif était de vraiment tourner à fond, avoir des dates à
l’étranger. On a fait des dates en Suisse et en Belgique, mais
on veut se diriger vers l’Est maintenant : Allemagne, Hollande, Italie,
Yougoslavie… Et ça, Sriracha ne pouvait pas nous le proposer,
tu vois. Ils n’ont pas les contacts nécessaires pour faire tourner
leurs groupes loin… Il faut pouvoir tourner aussi avec des groupes étrangers.
Hervé : Le problème de Sriracha est qu’ils font des plateaux
avec leurs groupes. On en a super bénéficié bien sûr,
mais Enragés Production travaille avec beaucoup plus de groupes étrangers,
ce qui peut être un moyen de se greffer sur des tournées plus
imposantes. Bon, pour l’instant, c’est le premier album qu’on
fait avec eux, donc on ne sait pas si tout ce qui nous a été
promis va être tenu, on en reparlera dans 6 mois… C’est
trop tôt pour donner un véritable avis sur le label. Par contre,
en tant que tourneur, pas de problème.
Scalp : En plus, c’était pas facile pour eux de faire tourner
de suite un groupe qu’ils ont pris en plein vol, mais ça s’est
toujours bien passé jusque maintenant.
Noiseweb
: Mais au moment de changer de label, n’y avait-il pas moyen de signer
sur une plus grosse boîte ? Vous n’avez pas eu de propositions,
étant donné que vous avez à votre actif deux réalisations
qui ont bien marché ?
Hervé : On n’a pas vraiment cherché en fait. Enragés
était sur le plan, et voilà. Et plus gros en France, tu sais…
Prenons l’exemple de Out, qui sont chez Garance Prod : ça n’a
pas marché parce qu’ils n’étaient pas sur une major…
C’est même pas la peine d’y compter ! Enragés, ça
nous correspondait bien, je ne vois pas qui d’autre.
Scalp : Indirectement, on a su qu’il y avait eu des recherches, des
contacts, mais pas de propositions concrètes d’autres labels.
Hervé : Entre les gens qui vous disent : « Ouais, on va vous
faire tourner » et ceux qui t’appellent vraiment, y a un gouffre.
Enragés nous l’avait dit et eux, l’ont fait… C’est
aussi simple que ça. Ca se passe bien, pourvu que ça dure !
Noiseweb
: Mais vous êtes au courant je suppose que le collectif Sriracha se
mue en label … Ca vous inspire quoi ?
Sam : Ouais, ben, tant mieux pour eux. Ca va profiter à leurs groupes.
Mais ils n’ont pratiquement que des groupes qui chantent en français,
ce qui limite vachement les possibilités d’aller à l’étranger.
Et puis qu’ils se muent en label, c’est très bien, ils
vont pouvoir s’auto-produire, ce qui est plus rentable financièrement.
Leurs groupes verront plus facilement le bout du tunnel pour enregistrer un
disque. Y a tellement de groupes qui galèrent que c’est très
bien qu’un nouveau label apparaisse en France. Mais nous, comme on chante
en anglais, ça nous ouvre plus de portes, encore plus depuis qu’on
est chez Enragés Prod .
Noiseweb
: Vous êtes peut-être le groupe français à tendance
métal qui a le plus tourné ces 2 dernières années…Sur
le site d’Enragés Production et sur votre site, apparaissent
un nombre impressionnant de dates de fin janvier à juin. La scène
est-elle le passage obligé pour un groupe de hard-core comme vous pour
réussir ?
Sam : Y a pas de secret… Pour vendre des disques, faut faire des dates,
et l’inverse aussi est vrai. L’un ne va pas sans l’autre.
De plus, les concerts, c’est vraiment notre truc, quoi, notre priorité.
Hervé : On est vraiment excités de partir, là. On en
a marre… On a fait l’album, c’est toujours dur et puis perso,
je me suis toujours mieux senti sur scène. Répéter, c’est
bien et c’est un passage obligé, mais si on ne pouvait répéter
que sur scène, ce serait génial ! (rires) Et encore, 25 dates
environ sont prévues, mais on aurait pu en faire 50 sans problème,
y avait de la demande. Mais on ne pouvait pas en mettre plus, car après
cette tournée, je vais tourner avec Loudblast, des dates sont même
prévues entre les concerts de BBA. On a du refuser plein de dates jusqu’au
mois de juin. Et il y a No Flag aussi pour Arno !
Noiseweb
: Quel est votre meilleur souvenir sur toutes ces tournées ?
Sam : C’est difficile à répondre, trop de bons souvenirs
et de dates. Moi, ce qui m’a le plus secoué, c’est quand
on a joué dans des salles mythiques, où plein de gros groupes
sont passés, comme le Bataclan, la Cigale et certains festivals aussi.
Noiseweb
: Ca a été quoi votre date où il y a eu la plus grosse
affluence ?
Scalp : Un festival à Metz et un à Mont-de-Marsan aussi : 3000
personnes à chaque fois.
Hervé : Bon, maintenant, on n’a pas encore fait de gros plateau
avec une grosse tête d’affiche, des festivals à 15 000
personnes. Ca arrivera peut-être, on espère. Mais celui de Metz
est particulier, car on était le seul groupe de hard-core, haut sur
l’affiche, et on a fait 3000, alors qu’en général,
on plafonne entre 400 et 600 personnes.
Noiseweb
: Et le pire souvenir, alors ? Un concert qui pue vraiment ?
Scalp & Hervé : Si, on en a un. Un concert avec des cow-boys à
la console, vous vous rappelez plus les mecs ? A Tresvent, c’était
une date avec Superbus, le groupe de pop métal qui a cartonné
il y a quelques mois. Et en fait, les gars qui nous ont accueillis avaient
tous la cinquantaine, tous bourrés comme des coings. On a joué
sans retour, les mecs nous ont pourri le concert. Si on avait pu les tuer
à la fin, on l’aurait fait (rires). Ils nous ont vraiment pourri
notre soirée, on a vraiment fait la gueule alors que ça ne nous
ressemble pas. On leur a m^me carrément dit qu’ils fallaient
qu’ils changent de boulot, qu’ils arrêtent. On veut bien
être hard-core, mais y a des limites !
Hervé : Y a eu aussi un concert à Sainte Afrique, un concert
organisé par des travellers, dans une abbaye ou je ne sais pas quoi…
Le concert était super, mais après, y a un groupe de punk qui
a joué, qui s’appelle Camisole, et là, c’est un
grand souvenir : c’était énorme, chaotique même,
tellement les mecs étaient défoncés, ils tenaient plus
debout…
Scalp : Le chanteur chantait dans le câble de son micro, à l’envers,
tellement il était pété… Grandiose, on a les images
! (Rire général)
Noiseweb
: Filez-les nous, on les mettra sur le site ! (rires). Et parmi toutes les
dates prévues, là, il y en a pour l’étranger ?
Hervé et Scalp : Ouais, la Suisse, le Luxembourg, la Belgique, même
si c’est pas vraiment l’étranger. Mais ce week-end, c’est
le Midem à Cannes, et c’est là que tout va se jouer, car
c’est là que les labels prennent des contacts entre eux. Enragés
y va, et ils vont essayer de trouver des licences pour être distribués
hors de France. Ensuite, de ces licences dépendront des tournées…
On espère l’Allemagne, l’Est, l’Espagne, les USA.
On a une musique qui peut bien vivre ailleurs qu’en France.
Noiseweb
: Entre vos concerts, ceux de Loudblast et de No Flag, l’emploi du temps
des uns et des autres va être surchargé… Votre présence,
ici à Lille, pour les répètes, apporte une partie de
la réponse. Je suppose que vous en avez parlé entre les groupes
?
Hervé : Ouais, comme on te l’a dit, on fait des semaines de répèt’
ici. Moi, j’habite à Poitiers, Scalp à Montpellier, Sam
à Lille depuis 1 mois, le bassiste à Paris… C’est
pas toujours facile de réunir tout le monde, mais on habite tous à
proximité d’une gare TGV. Heureusement qu’il n’y
a pas plus de dates, car avec Loudblast et No Flag qui est censé faire
un nouvel album aussi, ça serait vraiment problématique. Mais
on est tous préparés à ça, on en a beaucoup discuté
entre nous tous, et les tourneurs se sont aussi entendus pour qu’il
n’y ait pas de chevauchement de dates. Pour l’instant, la priorité
est BBA et ensuite Loudblast, avec des dates des uns et des autres entre deux,
des dates où il y aura les deux groupes. Exemple : le 7 février,
on fait No Flag et Black Bomb A à Calais, Arno va devoir faire 2 concerts
dans la même soirée. De temps en temps, c’est bien. Maintenant,
faire une tournée commune Loudblast / Black Bomb A, j’aurais
refusé, car on m’aurait vite ramassé à la petite
cuillère, tant la batterie est physique… En avril, on a quand
même un gros festival en commun, avec Cannibal Corpse en tête
d’affiche, avec Aborted et Kataklysm aussi, à Woippy si mes souvenirs
sont bons, près de Nancy. (Ndlr : le 17 avril). Black Bomb A sera le
seul groupe non death, brutal, mais l’organisateur voulait absolument
les deux groupes à l’affiche… (Ndlr : une live-report de
ce concert sera fait ! On ne peut pas louper ça, n’est-ce pas
!!!). Je me demande même si ce n’est pas le même mec qui
nous avait faits venir à Metz… C’est excellent, avec nous,
l’affiche sera un peu plus éclectique.
Noiseweb
: Quelles sont donc vos attentes pour la sortie de cet album ?
Hervé : M’acheter enfin une Ferrari, bordel ! (rires) Non, en
fait, que l’album marche bien et engendre d’autres albums et des
tournées.
Scalp : Faut pas le graver non plus. Ca aiderait les groupes français
d’arrêter ça…
Noiseweb
: C’est quoi votre point de vue par rapport à l’internet,
au mp3 ?
Hervé : C’est bien pour faire découvrir : tu télécharges
1 ou 2 morceaux et après tu vas acheter l’album, c’est
cool. Mais les albums complets gravés, pour des groupes comme nous,
ça nous dessert complètement. On n’a pas des budgets énormes,
ça nous coûte personnellement cher, il faut bien le rembourser.
Et seules les ventes peuvent le faire. Pour qu’un groupe comme nous
puisse vivre… Et puis, merde, comment tu expliques qu’il y a de
plus en plus de monde aux concerts et qu’on vende de moins en moins
de disques ? Y a un réel problème… Ca prouve bien que
le gravage est devenu infernal ! Si on vend autant d’albums que Human
Bomb, ça sera bien. Plus, ce serait mieux. En tout cas, il semble bien
parti, puisqu’il y en a environ déjà 6 000 de prévues.
Quand on sait que les labels trouvent que 5 000 albums vendus en France, c’est
bien, 6 000 pré-co, c’est très bien. Human Bomb a vendu
10 000 étalés sur 2 ans, là, on arrivera peut-être
à 10 000 en 3 mois, ça serait génial !
Evitez de graver, quoi. Je ne vais même pas encourager à graver
un groupe comme Metallica, car ils sont 1 million de fois plus gravés
que nous, ça les dessert aussi. Bon, gravez plutôt Metallica
que Black Bomb A…
Noiseweb
: Ouais, mais c’est peut-être la qualité plus que médiocre
de leur album (et je reste poli…) qui a fait aussi qu’ils en ont
moins vendu cette fois-ci, non ?
Hervé : (Rires). Ouais, la qualité de leur album y est pour
beaucoup, mais le nôtre, il tue, alors, évitez de le graver !!!
Au moins, t’as la pochette, t’as tout, voilà… Si
tu graves, t’as rien, tu perds au moins 50 % de notre boulot. On a réfléchi
à la pochette, à tout ça, on l’a faite avec un
graphiste. Y a un travail derrière, et si tu graves un cd avec marqué
au marqueur dessus Black Bomb A, avec une pochette de merde, tu perds tout
ça. Je trouve ça naze, mais c’est leur choix, quoi !
Noiseweb
: Si vous deviez tourner avec une grosse pointure, vers quel(s) groupe(s)
iraient vos préférences ?
En chœur : Y en a plein, difficile de répondre… Machine
Head, Fear Factory, Sepultura, Biohazard, Sick Of It All, Hatebreed…
Hervé : J’aurais bien dit Slayer, bien sûr, mais je verrais
plus Loudblast que Black Bomb A avec eux. Ouais, Hatebreed, on se verrait
bien faire leur tournée européenne. Rammstein aussi, on aime
ou on n’aime pas, mais ça serait un honneur et une fierté
pour nous. Dans le groupe, on est tous fans. Respect !
Noiseweb
: Question classique : citez-moi vos 5 albums préférés
de tous les temps…
Hervé : Black Metal de Venom, Reign In Blood de Slayer, Ride The Lightning
de Metallica, Machine Head de Deep Purple et tous les albums de Tool. C’est
vraiment un groupe qui me chamboule. Y a pas que du neuf, mais bon…
Scalp : Chaos AD de Sepultura, qu’il ne faut pas oublier, il m’avait bien troué le cul, celui-là, un truc que j’écoute encore souvent, une vraie révélation…
Sam : Burn My Eyes de Machine Head est certainement l’album que j’ai le plus écouté…
Hervé : Moi, l’album que j’ai le plus écouté, vous allez vous marrer, mais tant pis, c’est Strong Arm Of The Law de Saxon, un album blanc avec un aigle... J’ai acheté 3 fois le vinyl tellement je les ai usés sur ma platine. Ils étaient morts. Après, je l’ai racheté en CD, quand il a été réédité il y a 10/12 ans. Et maintenant, je l’écoute moins, mais je l’écoute au moins 1 à 2 fois par an. Celui-là, i la vraiment tourné en boucle chez moi. Si les platines laser avaient existé à l’époque, je l’aurais mis en random (rires) à coup sûr !
Noiseweb
: Si je vous dis quelques mots, qu’est-ce qu’ils vous inspirent
?
Punk. Sam : Les Bérus.
Scalp : Métal Urbain, un groupe français.
Hervé : Chiens (rires). Punk à roulettes…
Métal. Tous : Slayer !
Fans
/ public...
Hervé : Respect !
Scalp : La base. Plus de beuh !!! (rires)
Sam : Les gonzesses. D’ailleurs, je suis le seul célibataire…
(Rires). (NdW : D’ailleurs, si vous pouviez montrer un peu plus vos
nichons, Sam serait content ! ah ah… On mettra la photo en gros plan
!)
Music Business. Hervé : Fuck Off ! En même temps, on est dedans. On en bénéficie, mais on n’en profite pas du tout…
Energie.
Sam : Black Bomb A ! Faire des concerts, un échange d’énergies.
Plus le public se déchaîne, plus on se fait mal. Il faut que
le public ait envie de se défoncer pour qu’on s’arrache
aussi.
Scalp : Quand t’as un public devant toi, qu’on croirait qu’ils
sont au théâtre, ça craint. On serait un groupe ricain
ou autre, avec exactement la même musique, ça décollerait
tout de suite. Mais dès que tu es français, y a un malaise.
C’est ricain, tout de suite, c’est mieux… Fuck it ! Mais
c’est pas toujours vrai…
Noiseweb : En parlant de groupe ricain, vous
aimez le dernier Machine Head ?
Sam : Ouais, ils sont revenus à quelque chose de bien carton, proche
du premier. On est allés les voir en concert au Splendid à Lille,
c’était bien…
Hervé : Ouais, mais on a assisté à un concert de batterie
du début jusqu’à la fin, trop de grosse caisse, assourdissant.
Dommage… j’ai fini au bar tellement ça me prenait la tête
! (Ndlr : Et c’est un batteur qui dit ça ! ah ah). En plus, on
venait de répéter, j’avais ma dose…(rires)
Noiseweb
: Ok, on reprend avec nos mots… Le travail ?
Tous : Black Bomb A encore !
Noiseweb
: Pas de travail à côté du groupe ?
Scalp : Pourquoi Faire ? (rires)
Sam : De toute façon, on a fait un choix. Un boulot est incompatible
avec les tournées et les répétitions qu’on fait.
On vit notre passion et on est tous Rmistes dans le groupe.
Noiseweb
: La fête ?
Hervé : Dès qu’on peut ! (rires). Mais là, on ne
s’est pas encore lâchés pour la sortie de l’album,
on n’a même pas encore eu le temps. Alors, je crois qu’on
va enfin aller s’en mettre un petite au Carré (Ndlr : le Carré
des Halles à Lille, soirées métal tous les jeudis) ou
à l’Amul Solo (Ndlr : autre bar lillois, soirées métal
tous les vendredis, animées par des membres de Noiseweb !) cette semaine.
Entre les répètes, les concerts avant Noël et les 3 semaines
de fêtes de fin d’année où on s’est un peu
perdus de vue, on n’a même pas encore fêté l’album
! On sait qu’il est arrivé chez le label, et quand on aura le
produit fini, je pense que là, il va vraiment y avoir quelques bouchons
qui vont sauter ! (rires)
Noiseweb
: La liberté ?
Hervé : J’espère qu’on l’aura toute notre
vie. Et si on ne l’a plus ici, on ira la chercher ailleurs…
Noiseweb
: Les interviews ?
Hervé : Bon, quand ça commence à être long comme
celui-là (rires sarcastiques), on est contents de voir qu’il
ne reste qu’une question… Nan, c’est bien ! Ton interview
est bonne, pas trop courte ni trop longue (NdW : Ben, merci les gars !). En
fait, c’est pas souvent qu’on en fait, c’est plutôt
aux chanteurs qu’on s’adresse en général. C’est
bien, ça change ! On a aussi des trucs à dire (rires) !
Noiseweb
: Encore merci pour votre invitation à la répète... Un
dernier mot pour les lecteurs de Noise ?
Hervé : Et si on retournait les rôles ? Un mot pour toi…
Tu en as pensé quoi de la répète ? (L’arroseur
arrosé, là !)
Noiseweb
: Ecoute, c’est moi qui pose les questions, d’habitude ! (rires).
Non, vraiment, je ne connaissais pas les morceaux, et on rentre tout de suite
dedans, ça pète d’entrée de jeu… C’est
vraiment l’impression que j’ai eue : dès la deuxième
fois où vous avez rejoué les morceaux, je les ai reconnus et
on ne peut pas s’empêcher de secouer la tête et de taper
du pied. Bon, j’évite de trop secouer la tête maintenant
depuis que je suis rasé, parce que ça fait trop mal, mais…
(rires). Je pense aussi que vos titres ont un côté métal
encore un peu plus marqué… C’est peut-être dû
à la voix d’Arno, qui est limite death-metal.
Hervé : Ouais, c’est cool. Le son des guitares est aussi beaucoup
plus métal, et il est énOOOrme !
Noiseweb
: Donc, maintenant, le mot de la fin ?
Tous : Venez aux concerts, et sans être démagos, achetez le disque.
Si vous aimez Black Bomb A, vous ne serez pas déçus… On
fumera des gros joints et on s’éclatera tous ensemble, c’est
clair ! Dès qu’on a des news sur des dates, on vous les fera
parvenir…
La journée s’est alors achevée par l’écoute de 3 titres mixés, non encore masterisés, dans le studio où François Jamin s’occupait de finaliser une de ses parties de basse du dernier Loudblast, et franchement, cet album de Black Bomb A est une pure tuerie hard-core/métal. Dire que ce que nous avons entendu n’était pas encore masterisé !!! Oh, My God… Courez l’acheter dès sa sortie… See you all on tour !