Divine Rapture a fait très fort, en Septembre dernier, en sortant son album : The Burning Passion. Il était essentiel d'en savoir plus sur ce bon groupe de brutal death signé sur notre bon vieux label Listenable ! Nous avons donc posé quelques questions à Babak Davodian, guitariste (lead) du groupe. "Bob" s'est révélé bien bavard mais difficile à suivre lorsqu'on lui demande de définir sa musique ou ses influences ...
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Entretien
avec Babak Davodian - par Fab' & Will |
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Noiseweb
: Bravo pour votre album, superbe boulot ! Pour commencer, peux-tu te présenter
et donner un court historique du groupe pour les lecteurs de Noiseweb ?
Babak Davodian : Merci beaucoup, mec. Nous espérons que les fans le
pensent aussi. Je suis l’un des lead guitares, principal compositeur
et ingénieur du son. Divine Rapture est né techniquement aux
alentours de 1995. C’était publiquement assez en dormance jusque
1998, début de nos réelles activités. Ca a été
irrémédiablement scellé en 1999 où la bête
fut mise en route, jusqu’à aujourd’hui. Je voudrais dire
que la principale gestation du groupe se situe entre ’99 et 2001, de
sa création à sa maturation, pour en arriver à ce que
l’on est aujourd’hui.
Noiseweb
: Peux-tu nous parler de tes réalisations précédentes
?
B D : Moi, personnellement ? J’ai une expérience personnelle
de création appelée Deeve, depuis un truc comme 1994/1995. J’ai
quelques enregistrements et une démo : Transcend. Je pense que c’était
une époque de maturation pour moi, plus une recherche de sentiments
et d’expérimentation que de qualité proprement dite. C’était
une manière privée pour moi d’exprimer mes points de vue
philosophiques et mes structures musicales. C’est intéressant
et amusant, si tu connaissais mes points de vue sur l’ « originalité
», étant plus ou moins une illusion ; de cette époque
aux alentours de 1994 à maintenant, j’ai vu apparaître
des techniques similaires chez des groupes et des musiciens de death bien
connus et implantés dans le milieu, des choses que je faisais déjà
« avant ». Cependant, à cause de ces perceptions erronées
de l’ « originalité » et de ces musiciens bien connus,
je suis sûr qu’il y aura des critiques par rapport au matériel
que j’enregistre. Je pense juste que c’est marrant, parce que
c’est une preuve de l’imbrication entre mon « originalité
» et les schémas de la vie. En tout cas, attendez-vous à
quelque chose de très spécial de la part de Deeve dans le futur
proche. JJ Hrubovcak, l’autre guitariste/batteur et co-fondateur de
Divine Rapture, a ajouté sa saveur et ses incroyables compétences
de batterie pour moi. Je suis plus que satisfait de ce qu’il fait. Deeve
est par conséquent, comme la mythologie Perse le définit, un
puissant et impitoyable démon de la guerre. Enfin, pour moi, c’est
une grande métaphore par rapport à mes recherches philosophiques
et batailles contre certaines conventions humaines qui me mettent en colère…
Noiseweb
: Comment en êtes-vous venus à travailler avec Eric Rutan pour
votre « promo 2001 » ?
B D : J’ai rencontré Eric en 1997 et nous avons continué
à parler de tout et de rien au fur et à mesure de nos rencontres
dans les concerts. Mais quand le temps fut venu pour nous de réaliser
une démo, cette idée d’enregistrer avec lui se fit jour.
On a pris du bon temps à faire ça, et on a fait du bon boulot
avec lui.
Noiseweb
: Pensez-vous que son que son travail vous a aidé à obtenir
le contrat que vous avez maintenant ?
B D : Jusqu ‘à ce que nous soyons signés, je dois dire
que ce que le label a entendu comme musique nous a aidé à obtenir
le contrat.
Noiseweb
: Etes-vous fiers d’être sur le même label qu’Immolation
(peut-être le meilleur label français), et peux-tu nous expliquer
comment vous avez eu ce contrat ?
B D : Je pense que d’une façon élusive, le temps a contribué
à forger l’essence de notre musique et que Listenable y a vraiment
vu un potentiel. Non pas que d’autres labels ne s’y soient pas
intéressés, mais Listenable semblait être celui qui allait
le mieux comprendre Divine Rapture. Donc, ce fait et cette absence de récriminations
nous a poussé à ne pas nous poser de questions.
Noiseweb
: Pourquoi n’avez-vous pas retravaillé avec Eric Rutan pour The
Burning Passion ?
B D : Au départ, on a eu cette idée, mais pour des incompatibilités
d’emplois du temps et d’occupation, ça n’a juste
pas pu se faire. L’ironie est que ça nous a insuffler une nouvelle
mentalité, pour prendre ça à notre compte et de le faire
nous-mêmes, ce qui, au final, donne vraiment ce qu’est la touche
Divine Rapture.
Noiseweb
: Penses-tu que ce soit une bonne chose de finaliser un premier album dans
ses propres studios ?
B D : C’est un moyen de prendre possession des compétences pour
le faire et d’exclure la mentalité de ce qui est bien ou mal,
à partir du moment que c’est ton truc et que tu le fais toi-même.
Ca te remet au niveau de ce que tu dois faire, dans un sens plus détaché,
pour atteindre l’essence de ce sur quoi tu es en train de travailler.
Noiseweb
: Est-ce que tu vas produire d’autres groupes dans votre Transcend Studio
?
B D : C’est un objectif pour sûr. Spécialement depuis que
j’ai obtenu mon diplôme d’ingénieur du son, en espérant
que ce que j’ai fait depuis tout ce temps me servira à atteindre
un calibre plus haut. Donc, j’espère bosser avec de bons groupes
excités à l’idée de produire de bons enregistrements
d’eux-mêmes. Je fais tout, de l’enregistrement au mixage
ou même le mastering, si c’est que le groupe désire. Tous
ceux qui pourraient être intéressés peuvent me contacter
à cette adresse : bob@divinerapture.net
Noiseweb
: Avez-vous rencontré des difficultés durant l’enregistrement
de The Burning passion ?
B D : Ben, ouais… En plus de mes obstructions personnelles, le chemin
à prendre pour le mixage fut une véritable bagarre. Seulement
parce que JJ et moi avons un son particulier et l’idée d’un
« mix » était claire pour certains, exceptés nous…
(ah ah). Donc, après plusieurs mix et différents essais, nous
l’avons finalisé.
Noiseweb
: Dans votre bio, vous avez mentionné que vous étiez prêts
pour dominer le genre death-metal. Quels sont pour vous, vos principaux atouts
?
B D : Je pense notre habileté à écrire du matériel
technique mais toujours compréhensible par la masse. Je pense que c’est
très important. En un sens, la qualité d’une musique produit
ceci : elle pousse les gens à ne faire qu’un et les fait avancer.
Noiseweb
: Quelle est votre vision de la scène death-metal mondiale ?
B D : Dans chaque genre, il y a le pire et le mauvais. La différence
pour le death-metal, pour moi, est que pour la plupart du temps, le pire peut
exister mais ça ne marche jamais. Ce n’est pas un laboratoire
pour se faire du fric si on n’a pas de suite dans les idées.
Noiseweb
: Peux-tu décrire votre musique ?
B D : J’aime penser notre musique comme le futur et le passé
incarnés en une seule entité. En d’autres mots, en rapport
avec mon idée de l’ « originalité» : la manifestation
de ce qui est déjà dans l’existence. Au travers de quoi
chacun de ces schémas qui composent notre existence se manifestent
en nous-mêmes sous le moyen d’ « humain » ou de forme,
cette forme étant la manifestation dans et de soi-même. (Ndlr
: il fume, le Babak ???). Donc, il n’y a rien d’original tant
que ça ne s’est pas manifesté. Donc, ce qui s’est
manifesté pourrait encore être sublimé si on atteignait
un autre niveau d’espoir de ce qui n’est pas encore arrivé
! Donc, l’originalité qui est vraiment déterrée
de ce qui est le Tout, de ce qui est le passé, le présent et
le futur, transcende nos petits esprits et les éléments «
fabriqués » et qui sont à venir ne nous apparaîtront
jamais sous la forme d’un homme qui invente un Dieu dans sa tête.
(Ndlr : Bon, allez, arrête Babak, tu vas déconner, là
!). L’homme doit juste être méfiant dans la manière
dont il produit ses jugements par rapport aux créations de ses semblables.
C’est une tendance litigieuse, cette mentalité, voire même
fatale (pense à un mec se peignant lui-même coincé dans
un coin) – notre musique est par conséquent le futur et le passé
incarnée dans un seul corps, c’est par ma définition,
« original ». C’est en embrassant et en évoquant
différents niveaux d’émotions qu’on y arrive. C’est
assez technique, oui, mais c’est tout. C’est un trésor
de nos corps essentiels : provenant de ce qui crée les structures cérébrales
et la force physique.
Noiseweb
: Peux-tu nous parler des deux reprises que vous avez faites, pourquoi ces
groupes et pourquoi ces chansons en particulier ?
B D : Elles furent toutes deux très fun à faire. Pour la reprise
de DEATH, nous trouvions que jouer ce type de musique avec notre style serait
intéressant. Je veux dire qu’on a capté sa force essentielle,
je pense. Pour cette époque, c’était ce qui se faisait
de mieux, le calibre de la plus haute essence de sa propre réflexion.
Maintenant, à ce niveau, à ce niveau de conscience, nous étions
capables de digérer ce caractère qui est contenu dans la plupart
des choses – pas ce qui est possédé par juste quelqu’un
; ce serait une pensée irréaliste et fausse. Pour Morbid Angel,
et bien, j’ai toujours eu du respect, donc, c’était vraiment
un projet vénérable à faire. De plus, je pense que Divine
Rapture ce même élément d’originalité et
de haute qualité de maîtrise musicale que Morbid Angel.
Noiseweb
: Quelles sont vos influences et qu’est-ce qui vous inspire ? (Ndlr
: la question qu’il ne fallait pas poser, là ! Arf, arf…
Attention, on tient là un chef d’œuvre de littérature
post-moderne !)
B D : Comme je parlais plus haut au regard de notre originalité, tout
peut être inscrit dans cette question. Il y a un problème avec
le mot « influence » ; plus situé d’ailleurs aux
niveaux de la perception conventionnelle et de la compréhension qu’on
a de ce mot. La vie tend à être vue comme une chose « qui
vous arrive » plutôt que quelque chose que vous « dépliez
». L’importance de ça, est que la vie telle que nous la
connaissons, dans sa forme, est FINIE ! Les sentiments et les inclinaisons
de base sont alors articulés plusieurs fois autour du fini par conséquent.
Dans notre période donnée où l’art et la musique
ont émergé et grandi si rapidement, chacun peut voir la cessation,
éventuellement dans notre futur proche, du sens de la « nouveauté
». Pourquoi ? Parce qu’il n’y a jamais eu de source infinie
qui permette de créer quelque chose de nouveau. C’est dur à
digérer, je sais, mais il n’y a pas d’autre moyen de penser.
Aucune idée ne peut s’échapper de sa propre origine. En
d’autres mots, ça reflètera toujours sa source. Mais seul
un vrai changement pourra faire se modifier la source. Je pense que pour maintenant,
il est sain de dire que nous sommes tous humain (même sans émettre
aucune opinion morale sur ce qu’un homme doit vivre pour être
considéré comme humain), dans un sens physique fondamental.
Donc, à travers cette structure connue, il y a des schémas d’action
qui sont en un sens des parties de la structure repliée sur elle-même
qui permettent consciemment de percevoir la réalité. Par exemple,
pour être basique, nous avons tous besoin de respirer de l’oxygène
et cela fait de nous quelque chose plus que séparé de l’original.
Cette liste pourrait s’allonger, sans doute. Maintenant, si nous appliquons
ça aux arts, qui sont une dimension plus profonde de l’existence,
nous tendons à oublier que ça s’applique encore à
des schémas que nous partageons tous, mais qui ne sont pas tous définis
en tant que tels […] En d’autres mots, est-ce un crime de reprendre
des idées déjà connues depuis que d’autres groupes
les ont produites, ou doit-on être accusés d’innovateur
si on entreprend une démarche nouvelle ? Est-ce que ça implique
une consistence ? Une continuité ? C’est le rôle de chaque
homme de s’interroger honnêtement là-dessus. Donc, les
groupes qu’on peut évoquer en tant qu’influences sont ceux
que j’écoutais dans le passé, et qui sont une partie de
ce que je perçois comme réalité. (Ndlr : Ah ouais ? Lesquels
?) Pour finalement répondre à ta question, j’adore la
musique classique et le folklore perse… (Ndlr : Putain, tu pouvais pas
le dire plus tôt ?!)
Noiseweb
: Un mot sur les paroles ?
B D : Ok, ces chansons particulières ont été écrites
par le chanteur et reflètent ses luttes personnelles et ses contraintes
externes, elles sont applicables universellement dans leur vue d’ensemble.
Pour parler de son soi-même, on n’aborde pas que la beauté
des choses, mais aussi la vérité de nous-mêmes, à
savoir nos guerres internes. C’est pour ça que pour moi, cet
album possède une dualité de beauté et de laideur. Sont
-ce les polarités de ces deux éléments qui créent
une impression de suffocation ? Pour résumer The Burning Passion :
la passion entraînant la création et la brûlure incorporant
les éléments destructifs et litigieux de l’existence.
Noiseweb
: Quel est votre but avec The Burning Passion ?
B D : Nous voulons seulement que beaucoup de monde puissent l’entendre
et commencent à réfléchir, le transcender et le comprendre.
Et en espérant pouvoir tourner et partager la force avec les fans !
Noiseweb
: Quel sera le prochain objectif pour vous ?
B D : Nous essayons de promouvoir l’album évidemment. Nous travaillons
aussi bien sûr sur du nouveau matériel pour le futur et j’occupe
spécialement mon temps à la recherche et à la découverte
de nouvelles techniques d’enregistrement.
Noiseweb
: Aucun projet de scène, ou autre chose ?
B D : Comme je l’ai mentionné plus haut, je travaille à
pouvoir présenter au monde mon projet, Deeve. J’ose espérer
que ce sera un travail d’art.
Noiseweb
: Un dernier mot pour les lecteurs de Noiseweb ?
B D : Vous, les gars, savez comment rendre cette scène death-metal
possible par votre travail. Quant aux fans, merci pour votre support, pour
votre compréhension, pour votre effort d’essayer de comprendre
ce nouveau langage… Supportez The Burning Passion quand vous avez cette
chance !