La Pologne… l’autre pays du fromage métallique brutal ! Dans la famille Empire Records, voici SHADOWS LAND, groupe ultra-technique, qui vient de prendre dès son premier album, « Ante Christum (Natum) », la couronne laissée vacante par des groupes comme Cynic ou Atheist ! Osmose Productions a eu le nez creux une fois de plus, pour dénicher cette bande d’allumés et leur offrir une distribution mondiale digne de ce nom ! Aro, le chanteur / guitariste a bien voulu répondre à nos questions et ainsi nous présenter son groupe et sa musique, dont on entendra parler sans aucun doute dans le futur ! (Voir chronique de l’album dans la rubrique Chroniques du site)
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Entretien
avec Aro - par Will |
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Salut
! Bravo pour votre album, on lui a donné 9/10 ici !
Aro (guitariste / chanteur) : On est vraiment contents que tu ais estimé
notre album si bien ! Nous avons mis dans sa création beaucoup de travail.
C’était un risque, au vu du type de musique que nous jouons mais
c’est vraiment ce que nous aimons créer. "Ante Christum
(Natum)” n’a récolté que des bonnes notes. Encore
une fois, merci.
Il
semble que la Pologne n’ait pas fini de nous étonner… Comment
expliques-tu que tant de bons groupes de death proviennent de votre pays ?
C’est un fait, nous avons beaucoup de bons groupes et de musiciens talentueux
ici. Y a-t-il une explication ? Peut-être avons-nous une telle conviction
et une telle ambition que nous sommes encore capables, comme tu le dis, de
surprendre les gens. Les premiers sentiers ont été battus par
Vader et Behemoth, maintenant Decapitated et aujourd’hui Shadows Land.
Nous avons tous aussi des contrats avec des labels de l’Ouest, et en
ce sens, nous avons la possibilité de vraiment nous développer
et d’être exposés. Mais il y a ici encore des dizaines
de groupes qui font une musique curieuse et intéressante comme Atrophia
Red Sun, Trauma, Crionics ou encore Vesania…
Peux-tu présenter en quelques mots l’histoire
et les membres de SHADOWS LAND ? Et comment décrirais-tu la musique
que vous jouez ?
Nous avons commencé en 1995, avec notre première démo,
« Epitaph », enregistrée aux studios Selani (Vader, Behemoth).
C’était du death-doom… En 1999, nous sommes retournés
au Selani studio. Nous avions enregistré « Smell Of Pain »,
qui est plus du death-metal agressif, qui sonne un peu comme « Ante
Christum (Natum ». Le line-up actuel du groupe a été complété
après l’enregistrement de notre album : à J Nerexo et
moi sont venus s’ajouter R.af « Buzzer » (guitares) et Paul
(basse). Maintenant, c’est comme ça devait être, on ressent
les personnalités et la force de chacun dans le jeu et on est devenus
une équipe. Ca va s’entendre pendant nos concerts ou sur les
albums suivants.
Comment
avez-vous décroché ce contrat avec Osmose Productions ?
Le contact a été pris par Mariusz Kmiolek, le boss du label
Empire Records, qui est notre distributeur ici en Pologne. Ca s’est
fait grâce à son professionnalisme et à tous ceux de chez
Empire. Le contrat court sur trois albums. Nous avons beaucoup à offrir
sur la scène européenne en tant que groupe, le line up est fort
et nous avons beaucoup de nouvelles idées. Nous préparons aussi
de bons concerts. En tant que groupe, nous nous sentons forts, mais ce n’est
que le début. Osmose a fait le premier pas, ils publient notre album
et les effets sont déjà visibles. Les chroniques et les réactions
sont vraiment bonnes partout.
Le
death-metal que vous jouez, comme je l’ai dit dans ma chronique, me
semble inspiré par des groupes comme CYNIC, ATHEIST ou NOCTURNUS première
période. Es-tu d’accord avec ça ou y a-t-il d’autres
influences ?
Bien sûr, c’est le moyen le plus facile pour toi de décrire
les caractéristiques qui ressortent de cet album. Nous avons été
comparés à un tas d’autres groupes, certains même
dont je n’avais jamais entendu parler… Je connais les groupes
comme Cynic, Atheist ou Nocturnus, mais je ne les ai jamais vraiment écouté.
Les rythmes torturés sont associés au jazz et à ce type
de groupes. Nous cataloguer n’est pas facile, mais comme de nombreux
journalistes l’ont noté, nos compositions sont bizarres, techniques
mais bottent toujours le cul ! Il n’y a cependant pas de jazz chiant
dans notre musique. Tout vous pète à la tronche. Notre musique
est vraiment difficile à décrire, c’est la raison de toutes
ces comparaisons…
Qui
compose la musique dans SHADOWS LAND et combien de temps a pris cet album,
de sa création à sa sortie chez Osmose Productions ?
« Ante Christum (Natum) » a été composé par
J Nerexo et moi-même. Vers la fin des enregistrements, nous avons aussi
collaboré avec T. Borys pour les claviers et les sons électroniques
indus. L’écriture de la musique nous a pris plus d’un an.
Après avoir fixé les parties de guitares, de batterie et de
chant, nous avons mixé l’album vraiment jusqu’au dernier
moment, quatre mois après les enregistrements. Ensuite, quelques mois
se sont encore écoulés pour les formalités entre Empire
Records et Osmose Prod…
Qu’est-ce
que ce titre signifie pour vous et quels sont les thèmes approchés
par vos paroles ?
Le titre de cet album reflète notre place en tant qu’humain,
en tant que musiciens dans cette société. Le titre est une locution
latine utilisée pour décrire les années précédant
l’ère chrétienne. Pour nous, c’est la période
où il n’y avait pas cette religion, quand la religion n’avait
aucun pouvoir. Nous nous sentons éloignés de toutes ces croyances
religieuses. Les textes de l’album sont dans la même veine et
c’est pour ça que nous avons choisi ce titre. Les sujets abordés
ne parlent pas non plus du fils du Diable, mais la différence se fait
suivant quel point de vue on adopte. Je représente mes propres observations,
j’expulse ainsi mes propres visions au travers de textes qui permettent
de temps en temps aux gens de percevoir mes représentations. Ce sont
aussi des histoires à propos du côté sombre de la nature
humaine, de la religion, quelques moments privés capturés.
Es-tu
conscient que votre musique n’est pas facile à écouter
pour les gens qui ne sont pas habitués au death technique ?
Oui, mais je m’en tape. Nous faisons une musique ambitieuse, nous sommes
des gars qui cherchent de nouveaux sons, nous aimons les challenges. Nous
voulons créer de la bonne musique, avec de l’émotion,
du dark, du evil... Pas un truc ennuyeux.
Quelles
sont vos attentes pour cet album ?
Cet album nous ouvre les portes d’une des plus grosses maisons de disques
de ce style et nous donne donc des perspectives. Nous allons pouvoir dorénavant
développer notre travail calmement et ne nous occuper que de musique,
c’est le plus important. Pour l’instant, nous faisons la promotion
d’ « Ante Christum (Natum) » en donnant beaucoup d’interviews.
En juin, nous allons nous embarquer sur le « Empire Invasion Tour 2004
» avec DIES IRAE, TRAUMA et SCEPTIC. Cette tournée va traverser
neuf villes en Pologne. Entre temps, nous avons plusieurs concerts individuels.
C’est bien, nous allons présenter notre nouveau matériel
; comme tu vois, nous avons du pain sur la planche.
Y
a-t-il une chance pour que nous puissions vous voir tourner en Europe et en
France ?
Rien n’est prévu pour le moment. J’espère que ça
se fera un jour et que nous pourrons venir chez vous.
Un
dernier mot pour les lecteurs de Noiseweb ?
J’espère que les gens ne vont pas écouter cet album de
manière passive. Tout ce que je peux dire, c’est que nous avons
sué du sang et je voudrais que les gens le ressentent. Peut-être
que certains vont se dire que nous sommes un peu dérangés (rires),
il y a différentes options… Officiellement, ce matériel
est pour tous, mais peut-être pas officiellement pour les coincés
d’esprit…
Merci beaucoup pour ces réponses et à un de ces jours j’espère !