Cette interview ayant été réalisée fin mars avec Guillaume, un des deux guitaristes du groupe, c’est avec un peu de retard (je m’en excuse) qu’il était temps que nous vous fassions mieux découvrir ce groupe, qui, dès le premier album, « First Call / Last Warning », sorti chez Thundering Records, nous a offert une des meilleures productions de ce début d’année 2005, dans le style thrash/death moderne, tous pays confondus ! Cet album au son énorme a bien été composé et réalisé par un jeune groupe français, qui s’affirme donc comme un réel espoir d’une scène nationale en pleine effervescence ! Penchez-vous sur leur cas, vous ne le regretterez pas (album du mois de février de Noiseweb) ! |
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Entretien
téléphonique avec Guillaume par Will Of Death
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Comme
c’est la 1ère fois que Noiseweb vous interviewe,
tu peux faire une petite présentation du groupe, stp ?
Guillaume
Perraudeau (guitare) : OUTCAST est né en 1998, à
la suite du split de 2 groupes. On a commencé dans un style
thrash assez traditionnel genre SLAYER, SEPULTURA, METALLICA. Ensuite,
au gré des changements de line up, le style a
commencé à s’affiner un peu. Une
première démo 4 titres est sortie en 2002 avec un
style beaucoup plus thrash death, mais où
l’influence de SLAYER était encore très
présente. Le line up a encore changé, par mon
arrivée en décembre 2002 et celle de Nicolas, le
deuxième guitariste de SYMBYOSIS, en juillet 2004.
Là, on sort donc notre premier album chez Thundering Records
dans un style vraiment thrash death plus moderne avec quand
même pas mal de parties mélodiques.
Voilà !
C’est quand même bien brutal… Ca me fait
penser un peu à Dark Tranquillity.
Ouais,
y a du blast, un peu du thrash à la suédoise,
donc avec du death. Mais les parties mélodiques sont
là pour aérer le tout. Cependant, Dark
Tranquillity ne fait pas partie de nos influences. Nos influences
actuelles sont plutôt à aller chercher du
côté de MESHUGGAH, VADER, DECAPITATED.
Je
comprends mieux pourquoi j’ai adoré votre album,
alors !
Ceci
dit, notre but est d’évoluer, on ne veut pas
s’enfermer dans un style en particulier.
Comment vous êtes arrivés à signer chez
Thundering Records ?
C’est
suite à la démo de 2002, « The Source
», qui est sortie de manière professionnelle,
à 500 exemplaires. On l’a envoyée
à pas mal de labels, on a eu plusieurs propositions et celle
de Thundering nous a parue être celle qui correspondait le
plus à nos attentes. Laurent ne nous a proposé le
contrat qu’en 2004, car il voulait voir quelle allait
être notre évolution. Ça
s’est fait petit à petit. En plus, là,
ils viennent de changer de distributeur avec Socadisc, donc, on est
vraiment contents.
Quelles sont les premières critiques de l’album ?
On a
surtout reçu des critiques sur Internet pour le moment (NdW
: interview réalisée en mars !) et elles sont en
général très bonnes. On parle beaucoup
de la qualité du son et de la grosse production
qu’il y a derrière. Les nombreux changements
rythmiques sont aussi salués. On attend un peu plus de
retours maintenant des personnes qui ont acheté
l’album.
Comment vous avez produit cet album justement ? En autoproduction ?
Ouais,
on a enregistré nous-mêmes toutes les parties
instruments chez le frère de notre bassiste, qui
possède un studio. On a fait ça entre juillet et
décembre, mix compris. Une fois fait, on a envoyé
le CD aux studios La Source, pour le mastering, où des
groupes comme Mass Hysteria ou Gojira sont déjà
passés. Thundering se charge donc du pressage, promo,
distribution, etc…
Moi, je dis simplement bravo, parce que le son est tout bonnement
énorme ! Pour un 1er album, c’est assez
exceptionnel…
Quand
on a bossé dessus, on voulait qu’il y ait un gros
son. Ça nous a quand même pris entre juillet et
décembre et on s’est vraiment pris la
tête pour faire au mieux au niveau de
l’enregistrement, avec de nombreuses prises.
Tu pourrais nous expliquer le sens du titre de l’album,
« First Call / Last Warning » ?
C’est
B-lial de l’association Hybreed Corp. qui a fait la pochette
de l’album. Cette association se bouge beaucoup pour le
métal : ils font des enregistrements, des pochettes
d’albums pour vraiment pas cher. On a vraiment
discuté à partir de la pochette du sens des
paroles : la société, la psychologie des gens, la
politique, le scientifique, le pouvoir, la guerre, la haine,
l’amour, la schizophrénie, la paranoïa,
ce genre de choses… C’est lui qui nous a
proposé ce titre et on a trouvé ça pas
mal : c’était un peu abstrait mais en
même temps, ça représentait bien ce
côté psychologique de nos paroles. En gros, le
thème, c’est que si l’homme continue
dans cette direction, il finira par tout détruire. La
pochette est assez énigmatique, mais en même
temps, on voit ce personnage avec tout ce qu’il a dans la
tête et qui le travaille, le dérange. On lui a
laissé libre cours et le résultat est vraiment
bon.
Y aurait-il justement un titre sur cet album qui serait bien
représentatif de celui-ci ?
Non,
je ne crois pas : tous les titres se complètent
même si ce n’est pas un album concept. Le
prochain en sera un, mais pas celui-là. Il y a une sorte de
ligne directrice, sur les thèmes que j’ai
développé tout à l’heure.
Comment vous avez bossé sur cet album, au niveau de sa
création ?
A la
base, c’est surtout notre bassiste qui composait. Moi, quand
je suis arrivé, je n’étais pas vraiment
dans la même vague de métal, plus old school. Il
m’a donc fallu un peu de temps pour pouvoir composer. Donc,
pour cet album, Clément (basse) a une part
prépondérante et il y a aussi quelques riffs du
chanteur puisque avant, il était guitariste. Nicolas
(guitariste de SYMBYOSIS) et moi, on composera plus sur le prochain
album. Nico est vraiment très bon pour composer et le
prochain album sera plus diversifié au niveau de
l’apport de chacun.
Le fait d’avoir un compositeur principal qui soit bassiste
est peu courant mais c’est à mon avis ce qui fait
que l’album est essentiellement rythmique.
C’est
vrai ouais. Il a une très bonne approche de la musique et on
dit tous ce qu’on en pense. Si un riff ne plaît pas
à tout le monde, on ne le garde pas. On fait les
arrangements tous ensemble par exemple. On a tous apporté un
peu notre touche.
Quel a été l’apport de Nicolas ?
Enorme
sur les soli déjà. Il est excellent à
ce niveau-là. Il a aussi donné une touche plus
mélodique à l’album je dirais par ses
soli. Il a aussi un style offensif, mais qui reste
mélodique. C’est bien, on se complète
pas mal en fait, parce que j’ai fait aussi quelques soli sur
l’album, dans un style plus bourrin, rapide, tu vois.
Bon, t’es pas obligé de répondre si
ça t’emmerde, parce qu’on va sortir un
peu du cadre d’OUTCAST, mais ici, à Noiseweb, on
est vraiment des fans de SYMBYOSIS. Tu pourrais peut-être me
dire pourquoi ils ne tournent pas, alors qu’ils
n’ont plus de label… Leurs choix me paraissent
parfois un peu irréels !
Ouais,
c’est vrai… mais je ne voudrais pas
répondre pour eux en fait. C’est vrai que
j’en ai un peu parlé avec Nicolas mais pas plus
que ça. Je ne voudrais pas mal répondre pour eux.
C’est un choix qu’ils font, peut-être
qu’un jour, ils referont des concerts puisque leur album va
quand même sortir !
Ouais, tu m’étonnes ! J’ai
été un des premiers à souscrire
dès le mois de juin 2004 pour leur album !
Ah
ben, c’est cool, ça ! Mais bon, ça me
gêne un peu de te parler de ça… faudra
voir ça avec eux directement !
Pas de souci, je comprends fort bien. Selon toi, quelle a
été la principale évolution entre
votre 1er EP et cet album ?
Déjà,
c’est plus brutal. Le côté death est
beaucoup plus accentué. Dans le MCD, y a aucun blast, tandis
que là, il y en a pas mal. C’est beaucoup plus
moderne aussi avec beaucoup moins d’influences Slayer par
exemple. Le style est en fait plus personnel avec plus de passages
mélodiques. La production est beaucoup plus grosse.
J’aime carrément plus cet album parce
qu’il représente plus ce que l’on veut
faire. L’album est beaucoup plus technique aussi en rythmique
et l’apport de Nicolas, comme je te l’ai dit,
m’a boosté, pour me maintenir à son
niveau. Le prochain album, sur lequel nous travaillons
déjà, sera encore plus technique…
Ca fait combien de temps que vous bossez la musique en
général ? Parce qu’il faut bien que les
gens se rendent compte que pour sortir un tel album, il faut bien
bosser derrière…
Moi,
personnellement, ça fait 8 ans que je fais de la gratte,
Nicolas, ça fait encore beaucoup plus. Notre batteur joue
depuis au moins 10 ans, en étant passé par le
jazz. Notre chanteur (Wilfried) est venu au chant un peu plus tard. En
fait, au départ, OUTCAST était un groupe de
potes, pas vraiment destiné à sortir un jour un
album. Et petit à petit, comme on a vu que ça
plaisait, on a continué et on s’y est mis beaucoup
plus sérieusement.
Comme je l’avais signalé dans la chronique, je
trouve que le chant de Wilfried gagnerait à être
un peu moins deathcore et il devrait plus chanter en voix plus
gutturale, comme il le fait déjà sur certains
passages. Je trouve personnellement que c’est plus efficace.
Mais lui, qu’en pense-t-il ?
Il chante plus dans un style Meshuggah, Carnal Forge, ouais. Mais en
fait, c’est là qu’il se sent le plus
à l’aise. Mais comme on aime aussi les voix
gutturales, il en a mis un peu, mais son style est plus un chant
gueulé que beuglé… Si tu
écoutes bien, tu verras qu’il y a quelques voix
black aussi, mais très peu. On voulait juste varier un peu
sur certains passages, voilà…
Quel est votre degré d’implication dans OUTCAST ?
Jusqu’où vous êtes prêts
à aller pour le groupe, dans vos vies personnelles ?
Je
vais surtout répondre pour moi, là : le groupe a
évidemment une place énorme ! Dès que
j’ai du temps libre, je passe
énormément de temps sur Internet pour essayer de
trouver des concerts et tu dois tout le temps relancer les gens. Je
passe bien 2 à 3 heures par jour sur le net pour
ça, pour trouver des contacts. Ensuite, faut pratiquer la
guitare pour l’entraînement et la composition. En
plus, on est certains à être encore
étudiants et c’est vraiment chaud. Mais je suis
prêt à faire beaucoup de sacrifices pour que
ça marche parce que la musique, c’est toute ma vie
!
L’objectif est donc de vendre bien sûr, mais
surtout de tourner ?
Ouais,
faire le maximum de concerts pour asseoir notre
notoriété et faire une bonne promo ! Si en plus,
on peut bien vendre, tant mieux, mais l’objectif est vraiment
de bien se faire connaître, que le nom du groupe
circule…
Comment situes-tu le groupe sur la scène
française, sans vouloir être
prétentieux ?.
Franchement,
c’est encore très underground. L’album
vient juste de sortir et il va nous falloir attendre un peu pour que je
puisse t’en dire plus, voir comment les choses vont
évoluer…
Et comment juges-tu la scène française en
général ?
Je la trouve de mieux en mieux. Y a vraiment de très bons
groupes comme GOJIRA, SCARVE, LOUDBLAST. J’aime aussi
vraiment PITBULLS IN THE NURSERY… La scène
commence même à s’exporter un peu ; je
suis assez confiant.
Par contre, ne penses-tu pas (comme moi d’ailleurs)
qu’en France, il y a trop de groupes et pas assez de place
pour tout le monde. Et du coup, ça se tire dans les
pattes…
Je ne
sais pas. Il faut pour que quelques-uns de qualité sortent
du lot, qu’il y ait beaucoup de groupes. Mais c’est
vrai que certains organisateurs ne peuvent pas nous faire jouer parce
qu’ils ont une liste d’attente
déjà assez longue. Mais je pense que ce
n’est pas propre au Metal, c’est un peu dans tous
les styles pareil. Je ne suis pas sûr que ce soit un mal
parce que ça permet aux gens, où qu’ils
soient en France, de pouvoir aller voir un concert pas très
loin de chez eux.
Quels sont vos projets, là, dans
l’immédiat ?
Nous
allons jouer au Killer Fest fin mars et on est en train de voir pour
faire un max de concerts (Ndlr : voir dans la rubrique Concerts de
Noiseweb !). On avait un concert prévu à
Strasbourg en mai mais il a été annulé
et déplacé en novembre. Un concert en juin
à Paris est aussi normalement prévu avec SCARVE,
mais rien de sûr.
Donc si je te suis bien, même pour vous qui sortez un album
et qui êtes bien distribués, ce n’est
pas facile de trouver des concerts…
Oui,
c’est vraiment un travail de longue haleine ! Pour
l’instant, nous, on est plutôt pas trop gourmands
et on prend tout ce qu’on nous propose, même si les
conditions ne sont pas toujours géniales. Mais petit
à petit, ça va s’améliorer.
Ce qu’on veut, c’est vraiment faire de la musique
et finalement, on ne se débrouille pas trop mal en
général. Sans trop rentrer dans les
détails, pour que l’on se déplace, on
ne veut simplement pas y aller de notre poche. Maintenant, si on peut
nous donner plus, très bien. C’est toujours
mieux…
Et bien, écoute, je crois que pour présenter
votre groupe à nos lecteurs, on a fait le tour. Mais si tu
as quelque chose de particulier à rajouter, c’est
le moment !
On a
fait le tour de pas mal de choses, ouais. Je te remercie pour cette
interview et juste un message envers le public : on a besoin de vous
pour continuer à faire notre musique. Donc,
n’hésitez pas à acheter le CD et
à venir nous voir en concert !