On ne pourra pas dire que Nuclear Blast fait les choses à moitié ! Plus de deux mois avant sa sortie, nous avons reçu le CD promo du nouveau HYPOCRISY, Virus, qui, sans déclencher une révolution musicale, s’annonce comme un nouveau pas en avant pour le groupe suédois, de par sa diversité et son excellence dans les compos. Quelques jours plus tard, seulement, le 18 juillet, c’est Peter Tägtgren en personne, fatigué par plusieurs jours d’interviews non stop, qui nous a passé un coup de fil pour nous expliquer sa vision de la musique. Même si ses réponses sont restées assez courtes et bien pro, c’est quand même à un entretien avec un des tous meilleurs compositeurs de Death Metal actuel que nous vous convions ! Enjoy… |
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Entretien
téléphonique avec Peter Tägtgren, par
Will Of Death
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Hello Peter ! Vraiment
honoré que tu répondes à cette
interview pour Noiseweb ! 10ème album
d’HYPOCRISY… Belle performance, bravo ! Comment
juges-tu ton parcours depuis les débuts du groupe ?
Oh, merci beaucoup ! Je pense que ça
été de mieux en mieux d’album en album.
Nos fans sont devenus de plus en plus nombreux. Ce qui est bien je
pense, parce qu’il n’y a pas eu un gros «
boom » et puis plus rien après. Je suis
très content. Si tu regardes bien 13 ans en
arrière, de tous les groupes qui jouaient à cette
époque, il n’en reste pas beaucoup. Nous essayons
constamment de rafraîchir notre style, notre son, ce que nous
écrivons.
N’est-il pas
difficile après toutes ces années, dont certaines
furent certainement pénibles, de trouver
l’inspiration pour proposer du neuf ?
Non, non… Tu vois, à chaque fois que nous
écrivons, nous y mettons tout notre cœur. Je pense
que tant que nous ne mentirons pas à nous-mêmes
sur ce que nous proposons, nous saurons nous renouveler…
Cet album aurait du
sortir, il semble, avant septembre… Mais il a
été retardé pour ne pas
gêner la promotion du dernier PAIN. Quelle est ta
priorité aujourd’hui, sachant que PAIN rencontre
aussi le succès ?
C’est la raison en effet. Tu sais, le PAIN est sorti il y a 6
mois et maintenant est venu le temps de s’occuper
d’HYPOCRISY. En fait, pour moi, ce qui sort est la chose la
plus importante du moment. Je ne me dis pas que PAIN est mon
side-project et HYPOCRISY mon principal groupe. En fait, tout
dépend du moment.
Penses-tu que tu vas
pouvoir continuer longtemps à travailler sur un tel rythme ?
Je l’espère bien ! Je veux dire, pour moi, bosser
comme ça, c’est fun et je continuerai tant que ce
le sera. Ce n’est pas vraiment un travail tu vois. La
musique, c’est ma vie ; c’est la seule chose que je
veux faire et surtout la seule que je sache faire ! Tant que les gens
seront heureux de m’écouter, je continuerai.
La dernière
fois où nous t’avons vu en France,
c’était pour le Rotonde Festival à
Hirson. Comment as-tu jugé la prestation du groupe ce
soir-là ? Mes potes et moi, on avait adoré, bien
que le son était un peu trop fort je trouve…
Ouais, c’était très bien je pense. On a
passé du bon temps sur scène, le public
était bien. Je ne sais pas trop comment était le
son devant, mais en tout cas, nous, on s’est bien
éclatés…
Parlons du nouvel album.
Tout d’abord, quel sens donnes-tu à son titre ?
En fait, c’est simple : l’humanité est
un virus sur la Terre, tu vois ? Il te suffit de regarder les news, tu
comprends tout de suite de quoi je veux parler…
Il semble que tu ais
laissé un peu de côté ton
thème favori, sur les extra-terrestres et les
OVNI… Quels sont les thèmes que tu abordes cette
fois-ci dans les textes (car comme d’habitude, pas de lyrics
avec le promo CD…) ? Je me doute qu’avec des
passages aussi rapides que sur certains titres, ça ne doit
pas raconter des histoires d’amour ?!
Ah ah ! Non, pas vraiment, c’est plus brutal que
ça ne l’a jamais été pour
nous. Ça parle de plusieurs choses : les psychopathes qui
tuent sans réfléchir, l’Armageddon, des
choses comme ça. Oui, c’est vrai que les paroles
sont assez sanglantes.
Pourquoi as-tu ressenti
le besoin d’écrire sur de nouveaux
thèmes ? De la lassitude de ta part ou la peur de lasser le
public ?
Un peu de tout ça, j’en avais un peu assez de
parler des aliens tu vois, cette fois-ci… Cette fois, la
musique est plus brutale et il fallait des lyrics qui suivent cette
démarche.
D’ailleurs, un
groupe comme HYPOCRISY se préoccupe-t-il encore des
critiques des fans et de la Presse ?
Hum… oui, bien sûr ! Je veux dire, tout le monde
veut être aimé ! Nous avons notre site qui nous
permet de savoir ce que les gens pensent de notre travail et nous le
consultons souvent. Mais le plus important est que nous soyons
d’abord contents de nous-mêmes. Nous ne nous disons
pas que nous devons écrire ce que les gens veulent ou pour
vendre plus d’albums, tu vois… Pour moi, ce qui
est important, c’est d’être vrai avec
moi-même et que les fans apprécient cette
vérité.
D’un point de
vue musical, penses-tu que cet album marque une évolution
dans la carrière d’HYPOCRISY ? Certains titres
(« Warpath », « Scrutinized »,
« Blooddrentched » et surtout « Craving
For Another Killing ») sont parmi les plus violents que tu
ais composé et je pense aussi qu’un titre comme
« Living To Die » est peut-être le plus
mélodique de ta discographie avec Hypocrisy…
Je ne sais pas si on peut parler d’évolution
marquante, mais pour les titres brutaux que tu as cités,
c’est vrai. En fait, ce que nous voulions faire avec cet
album, c’était rendre encore plus brutales les
compositions rapides, tandis que pour les chansons lentes, nous
voulions qu’elles soient plus encore épiques, tu
vois… Nous voulions aussi faire des chansons encore
meilleures au niveau des structures, pour nous convaincre
d’abord. Ensuite, une fois que l’on en est
là, nous sommes à peu près certains
que les gens aimeront.
J’ai juste
reçu le promo jeudi dernier, donc je n’ai pas
encore eu le temps de vraiment me familiariser avec lui, mais la
première fois où je l’ai
posé sur ma platine, le son des guitares et de la batterie
m’a fait penser à celui de Damned In Black
d’Immortal, mais avec un son encore plus
énorme… Es-tu d’accord ?
Ohhhh (rires) ! Je n’en sais rien ! Cette fois, nous
n’avons utilisé aucun trigg sur la batterie. Nous
voulions un son très clair mais en même temps
très heavy, pas un son ultra propre, mais plutôt
un son « in your face », tu vois. Mais je
n’ai jamais pensé à cette histoire de
son proche Damned In Black ; mais bon, Horgh est le même
batteur sur les deux albums et il a un style de jeu assez
spécial. Il se peut donc que l’on puisse entendre
ça et là quelques similitudes, mais franchement,
là n’était pas notre but !
J’ai presque
envie de dire qu’avec cette furie de certains titres et le
côté mélodique d’autres, cet
album est le plus ambivalent de ta discographie…
Qu’en penses-tu ?
Ça dépend de ce qu’on entend par
là… Nous voulions vraiment élever
notre niveau en tant que compositeurs, en apportant des parties un peu
plus complexes. Nous avons vraiment un bon line up maintenant et nous
pouvons aller plus loin. Le plus important est de pouvoir se
redécouvrir musicalement à chaque fois et aussi
de pousser plus loin tes possibilités. Certaines parties de
cet album sont vraiment difficiles à jouer pour moi mais
c’est comme ça qu’on avance…
Il me semble
qu’avec Horgh à la batterie, vous ne vous fixez
plus aucune limite en rythmique. Penses-tu que son apport a
été déterminant sur cet album, bien
qu’il vive encore en Norvège ?
Yeah ! Quand j’ai su qu’il voulait devenir un
membre permanent d’HYPOCRISY, j’ai sauté
au plafond tu vois. Il a une influence sur moi aussi incontestablement
car je sais qu’il peut blaster à mort, jouer de la
double à haute vitesse et donc je sais que je vais pouvoir
utiliser ces choses dans la musique. C’était
impossible avant avec Lars !
Les solos de cet album
sont aussi particulièrement réussis. Comment vous
êtes-vous partagé le boulot avec Andreas ?
On ne s’est pas du tout dit : cette partie sera ton solo,
celle-là la mienne… ça s’est
fait naturellement. On se dit pas non plus qu’untel doit
faire plus de soli que l’autre. A ce niveau
c’était très cool, juste à
l’inspiration, comme ça…
Sur The Arrival, que
j’avais chroniqué pour Noiseweb en son temps,
autant ne pas te mentir, j’avais dit que le groupe ne se
renouvelait pas, bien que cet album était très
bon. Par contre, j’ai l’impression
qu’avec Virus, HYPOCRISY est passé à un
autre stade, techniquement et mélodiquement. Es-tu
d’accord avec cette critique sur The Arrival et cette
évolution dont je parle pour Virus ?
(Un peu sèchement…) Oui, parfaitement, et ce, pas
seulement depuis cet album. Nous avons toujours poussé les
choses plus loin (Ndlr : voilà une réponse de
pro…). C’est une nouvelle période pour
HYPOCRISY, nous avons hâte d’être en
tournée et de rencontrer les gens, pour voir ce
qu’ils pensent aussi de cet album. Laissons les choses se
faire, et pour le prochain album, nous serons encore
meilleurs…
Bon allez, je vais te
rassurer : la chronique que je vais faire de cet album sera
très bonne ! Honnêtement, je le trouve vraiment
excellent !
Oh merci (rires) !
N’empêche,
tu n’as pas pu t’empêcher de composer des
titres qui vont encore faire fureur dans les festivals, avec
ces mid-tempos d’enfer, comme « Fearless
», « Let The Knife Do The Talking », ou
« A Thousand Lies »… Ce type de morceaux
est-il vraiment la marque de fabrique d’HYPOCRISY ?
Oui, je dois quand même un peu le reconnaître.
« Let The Knife Do The Talking » est bien parti
pour être un nouvel hymne en live avec ce refrain (rires) !
Quelle va être
la suite pour HYPOCRISY dans les mois à venir ? Une
tournée prévue ?
Nous allons attendre un peu avant de tourner parce que
j’ai des trucs à faire en studio avec
quelques groupes (Ndlr : dont le nouveau Destruction par exemple). Je
pense que nous serons à nouveau sur les routes en novembre /
décembre, voire janvier. Nous avons besoin de nous poser un
peu là, afin de mieux repartir.
Que peut-on vous
souhaiter de mieux avec cet album ?
En fait, qu’il nous donne la possibilité
d’organiser une grosse tournée en tant que
headliners où nous pourrons enfin jouer plus de 90 minutes
pour une fois si nous le voulons (rires) ! Peut-être cet
album va-t-il nous le permettre…
Pour terminer, pour les
derniers septiques, qu’aurais-tu envie de leur dire pour leur
donner envie d’écouter ce nouvel album ?
Whaow… Si vous voulez de la musique intense et brutale, mais
avec des mélodies, vous devriez vraiment jeter une oreille
à cet album ! Pour sûr… Si vous
n’aimiez pas HYPOCRISY avant, vous l’aimerez cette
fois-ci !
Bonne réponse
je dois dire… Pour finir, que penses-tu du rôle
actuel des webzines comme Noiseweb, pour la promo des groupes ?
Je pense que c’est très important. Ce
n’est pas comme un magazine traditionnel. Nous devons nous
supporter mutuellement. C’est comme les maisons de disques
qui mettent des trucs en téléchargement bien
avant la sortie des albums, pour que la musique commence à
circuler, pour créer le buzz. Les gens passent parfois des
journées entières sur le net et certaines
téléchargent des albums. Mais je pense que si les
gens aiment un album, ils paieront pour l’avoir. Les labels
doivent suivre cette évolution je pense…
Justement,
c’est quand même un sacré risque
aujourd’hui de sortir les CD promo plus de 2 mois avant la
sortie officielle de l’album, comme c’est le cas
pour Virus, là… non ?
Oui, mais c’est surtout un bon moyen de promotion. Je
m’en tape si les gens gravent le CD après
l’avoir téléchargé. Les
vrais fans voudront les lyrics dedans, le booklet complet, et ils
voudront avoir un bon son ! Quand tu télécharges,
faut le savoir, le son n’est jamais aussi bon que
sur l’original, quelque soit le taux que tu vas utiliser pour
ripper. Si tu l’aimes, je suis persuadé que tu
iras l’acheter…
Y aura-t-il des formats
spéciaux pour la sortie de Virus ?
Je pense que ça va sortir en édition
limitée en digipack mais je ne sais pas encore
très bien ce qu’on y trouvera.
Un dernier mot pour les
lecteurs de Noiseweb, et pour les fans Français qui liront
cette interview ?
Déjà, un grand merci à toi pour ton
support ! Je vais probablement me répéter, mais
j’espère que tout le monde appréciera
cet album et que nous vous verrons tous en tournée devenir
dingues sur les nouveaux titres !
Et bien
voilà… Merci beaucoup une nouvelle fois, pour ton
temps. Bon courage pour le reste de la journée, parce que je
sais que tu n’en a s pas fini avec ces interviews !
Oh... (rires), oui c’es vrai. Il me reste encore dix jours
à faire là, sachant que je m’en suis
déjà tapé 10 auparavant ! Mais bon,
c’est cool, je m’inquièterais plus si
personne ne voulait plus nous parler… Là, y
aurait un sérieux problème ! Mais il semble que
beaucoup de monde soit intéressé, donc tout va
bien !
Ok, take care et
j’espère vous revoir le plus tôt
possible en live en France ou en Belgique, puisque je ne suis pas
loin… Bye !
Thanx a lot ! Take care too…. Bye-bye !
Site officiel de Hypocrisy : www.hypocrisy.tv