A peine deux jours après les avoir vus au Graspop, nous était offert l’occasion d’interviewer les gars de NEVERMORE, devenu au fil du temps, un des groupes majeurs du paysage métallique mondial ! Tous les albums du gang Ricain sont des perles et ce n’est pas le petit dernier, qui va sortir le 26 juillet, qui ira à l’encontre de cet état de fait. En effet, This Godless Endeavor va consacrer à coup sûr le talent de ces mecs car il est rare qu’un album fasse autant l’unanimité et c’est Jeff Loomis, l’extraordinaire guitariste soliste de la troupe, d’une sympathie à toute épreuve, qui nous a passé un petit coup de fil en ce premier mardi des vacances ! |
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Entretien
téléphonique avec Jeff Lommis – par
Geoffrey et Will Of Death
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Jeff Loomis : Hi Will and Geoff, this is Jeff (rires) !
(rires) Salut
à toi ! Comment vas-tu en ces temps de grosse chaleur en
Europe ?
Oh,
ça va, mais c’est vrai que depuis que nous avons
posé le pied chez vous la semaine dernière, on
meurt. Ça va,
là, le soir tombe et ça va rafraîchir
un peu…
Comment s’est passé pour vous ce show au Graspop,
où Will et Pierre-Antoine, de Noiseweb, vous ont vus ?
Ça
a été vraiment cool bien que nous ayons
joué
très tard dans la soirée, en dernier. Nous avons
joué après MEGADETH dans le Marquee 1, et nous
avons
joué un peu plus longtemps qu’eux, en gros une
heure. Nous
avons eu pas mal de monde dans la tente mais je pense
qu’après une journée entière
dans un
festival, en plus avec la chaleur incroyable qu’il a fait
vendredi dernier, les gens étaient un peu morts et en plus,
dans
l’autre Marquee, il y avait KREATOR en même temps.
Les
rangs se sont donc un peu éclaircis vers la fin, mais
c’était bien cool. On s’est bien
amusés
malgré un son sur scène assez calamiteux.
Will a pris des photos de votre show ! Quand ce sera en ligne, on vous
filera le lien !
Ah merci !
Excellent !
Vous avez joué 3 nouveaux titres. Quelle a
été la réaction des gens ?
Oui, nous
avons joué « The Final Product »,
«
Born », qui est la 1ère chanson de
l’album, et
« This Godless Endeavor », en toute fin de set. La
réaction des gens fut bonne. Je veux dire, c’est
toujours
un peu difficile de jouer des titres que les gens ne connaissent pas
encore, quand l’album n’est pas encore sorti. Mais
nous
avons confiance dans les chansons de cet album ; c’est encore
une
fois différent de ce que nous avons sorti par le
passé.
Je pense que les gens ont vraiment apprécié.
C’était quand même une sorte de risque
que de jouer
en rappel « This Godless Endeavor », sachant que
personne,
normalement, ne connaît le titre et que c’est le
morceau le
plus long de l’album ?
Je pense que
vous avez raison mais en même temps, je pense que
les gens étaient là aussi pour entendre du neuf.
On a
même eu l’idée de jouer tout
l’album du
début à la fin mais dans ce cas, ce
n’était
même pas la peine de sortir l’album (rires) ! Je
vois
déjà la gueule des mecs de Century Media si on
avait fait
ça (rires) ! « Vous avez fait QUOI ?!!!
»
Nous aimerions revenir un peu en arrière… Que
s’est-il réellement passé avec
« Enemies Of
Reality » et la production ?
Au
départ, en fait, tout est venu du fait que
c’était le dernier album de notre contrat avec
Century
Media. Le label ne savait pas s’il allait nous re-signer ou
pas.
Donc, par conséquent, ils nous ont donné un
très
petit budget pour l’enregistrement. Nous voulions
retravailler
avec Andy Sneap, mais du coup ça n’a pas
été
possible. Nous avons du en fait trouver un gars qui serait
immédiatement disponible dans la région de
Seattle, car
il n’était pas question de claquer notre pognon
dans des
déplacements et des hébergements. Nous nous
sommes donc
dirigés vers Kelly Gray, qui a joué avec
QUEENSRYCHE il y
a un moment. Il s’est mis à la production pour
nous sur
cet album. Mais déjà pendant les prises, nous
sentions
que ça ne sonnait pas comme on le voulait au
départ. Ce
n’était pas la bonne personne à choisir
pour faire
ce disque. Mais il n’était plus question de
changer de
producteur et nous avons fini l’enregistrement comme
ça.
Quand le produit fini est sorti, nous avons eu des retours
très
négatifs de la part de nos fans, sur notre site par exemple,
qui
disaient tous que le son était horrible. Crois-moi, nous
étions d’accord avec eux. Nous nous sommes donc
battus
pour qu’un remix soit fait mais nous avons eu de grosses
difficultés pour récupérer nos
bandes
masters chez Kelly Gray car il ne voulait pas nous les rendre. Il
voulait que ce remix soit fait chez lui (rires), tu vois le genre ?
Mais il n’en était pas question, fuck ! Mais
légalement, il a dû s’y
résoudre, parce que
les masters appartiennent par contrat à Century Media. Il a
donc
tout envoyé au label mais il manquait quelques fichiers, des
Pro-Tools, des trucs comme ça… Il nous a dit
qu’il
avait tout envoyé ! Pas cool, parce que nous avons du
réenregistrer ces parties et des parties de chant ont
dû
être refaites aussi du coup. Andy Sneap l’a donc
remixé et remasterisé et franchement, le travail
est
fantastique. Les fans sont enfin heureux avec cet album ! Mais il
n’était pas question que les gens qui avaient
déjà acheté l’album au
départ doivent
re-payer le même prix. C’est pour ça
qu’on a
mis en place ce système où ces gens paient un
truc comme
5 $ pour avoir le produit tel qu’il aurait toujours
dû
exister.
Franchement, oui ! C’est le jour et la nuit ! Quel pied
d’écouter ces morceaux avec un tel son !
Ouais,
franchement, si j’étais un fan du groupe,
ça
ne me dérangerait pas de payer ces 5 $ pour avoir
l’album
dans sa forme enfin originelle. C’est cool que ça
vous
plaise aussi, parce que perso, je trouve ça grandiose
maintenant. Il était temps que nous soyons nous aussi
contents
de cet album.
Tu as parlé de Century Media, et justement, vous avez eu pas
mal
de problèmes avec eux. On est un peu
étonnés de
voir que vous avez re-signé avec eux… Pourquoi ?
Il y a eu
beaucoup de labels qui se sont intéressés
à NEVERMORE pour ce nouveau deal. Mais après
plusieurs
jours de négociation, Century Media est revenu à
la
charge nous proposer de nouvelles garanties, que nous ne pouvions
décemment pas refuser. Ça a
été la
meilleure offre qu’on nous ait jamais faite, pour un contrat
de
trois albums. Compte tenu de l’offre faite et aussi du fait
que
nous entretenons des relations avec le label depuis 1995, que nous
savons comment ils bossent, il aurait été
ridicule de
bosser avec quelqu’un d’autre qu’eux.
Tout roule
à nouveau avec eux et ils bossent bien pour nous, donc, cool
!
Parlons maintenant du nouvel album. Comment s’est
passé le
processus d’écriture ? Quel était votre
but ?
Définitivement
ne pas refaire quelque chose que nous avions
déjà proposé avant. Nous essayons de
changer
d’album en album. Nous ne voulions pas refaire un Dead
Heart…n° 2 ou un Enemies… n°2, tu
vois ? Par le
passé, j’écrivais toute la musique et
Warrel les
paroles ensuite. Mais finalement, ça peut
s’avérer
ne pas être très bénéfique
quand la musique
n’est écrite que par un guitariste, car des
passages
peuvent être semblables à la longue. Cette fois,
tout le
monde dans le groupe y a mis son grain de sel : j’ai
écrit
6 titres, Steve, l’autre gratteux en a écrit 3 et
Jim,
notre bassiste, en a écrit un. Il y a une plus grande
diversité dans l’album je trouve, c’est
ce qui fait
un peu la particularité de ce nouvel album.
Es-tu d’accord si on te dit que celui-ci est le plus
colérique de vos albums ?
Je pense
ouais. Tu vois, nous ne sommes pas le genre de groupe qui se
réunit autour d’une table avant
d’écrire des
titres pour décider quelle orientation on va donner
à
notre musique. Comme d’hab’, en ce qui me concerne,
je me
suis assis dans mon studio, je me suis nettoyé la
tête de
mes influences en n’écoutant plus du tout
d’autre
musique. J’ai posé des riffs sur bandes et par un
processus d’élimination, j’ai construit
mes titres.
J’utilise une boîte à rythmes pour me
donner une
idée plus claire de ce que ça peut donner et
ensuite, je
fais des démos que j’envoie à Warrel
pour
qu’il écrive des lyrics et pose des
mélodies
vocales. En fait, on ne répète pas ces titres
ensemble.
On discute des arrangements entre nous, mais c’est tout.
Voilà comment on fait des chansons dans Nevermore. On a
toujours
fait comme ça, et ça n’aurait aucun
sens de changer
notre méthode de travail, puisque ça marche
nickel.
Quant aux paroles, de quoi parlent-elles ?
Je crois
qu’on a vraiment les meilleurs lyrics qu’on
n’ait jamais eus. Je suis vraiment très fier de ce
que
Warrel a pu écrire, il a fait de son mieux. This Godless
Endeavor recèle pas mal de textes sur la religion, quand on
voit
tout ce qui se passe dans le Monde ces temps-ci… Parfois,
elles
causent le chaos et la guerre, mais elles peuvent aussi apporter de
bonnes choses. Cet album n’est pas un concept album comme
certains ont pu le dire, disons qu’il aborde certains
thèmes communs mais sans qu’il y ait une histoire
à
proprement parler. Un morceau comme « My Acid Words
» parle
par exemple des mauvaises relations que Warrel a avec son
frère.
Warrel veut que les gens se fassent leur propre opinion en lisant ses
paroles. Difficile d’expliquer certaines choses à
sa place
en fait… J’espère que ça
vous va quand
même (rires) !
Oui, tout à fait ! L’artwork de la pochette est
aussi le plus sombre que vous ayez conçu !
Ce qui
s’est passé, c’est que depuis le premier
album, on a toujours bossé avec le même artiste,
Travis
Smith. Mais étant donné que NEVERMORE est une
entité toujours en évolution, nous voulions cette
fois
faire un nouveau type d’artwork avec un nouvel artiste.
Warrel,
en se baladant sur Internet, est tombé par hasard sur le
site de
ce gars, et son travail l’a scotché net ! En fait,
en
grattant un peu, il s’est rendu compte qu’il avait
déjà bossé avec MEGADETH, FATES
WARNING et RUSH
par le passé. Il est tombé sur cette
œuvre
qu’on a utilisée. C’était
vraiment la
pochette dont nous avions besoin. On lui a demandé si on
pouvait
utiliser son travail pour notre pochette et il a accepté de
nous
vendre l’œuvre. On retrouve dans cette pochette la
même noirceur que dans nos lyrics, ce même
côté mystérieux qui se combine
parfaitement
à ce qu’il y a dans l’album.
C’est pas une
connerie à la Mad Max, tu vois, c’est beaucoup
plus
evil…
Pour changer de style de question : peux-tu décrire un
« fan » de Nevermore ?
A sign ? A
file ?...sorry, but what did you say ?...(NDLR : en fait, il
ne comprend pas le mot… et ça dure comme
ça 30
secondes… c’est très long en fait pour
nous…
lol…) Aaaaahhhhh ! Un fan de Nevermore, excusez-moi (rires).
En
voilà une question à laquelle je n’ai
jamais
pensé…
Oui, en fait, pour nous, les fans de Nevermore sont les fans ultimes du
Métal, parce que, que l’’on
écoute du heavy,
du thrash, du death ou encore du néo, vous êtes le
seul
groupe à faire l’unanimité !
Oh ! Je suis
assez d’accord avec toi, merci ! Je me rappelle
d’un truc qui me fait encore marrer d’ailleurs
à ce
propos : au Canada une fois, nous avons ouvert pour Dimmu Borgir (sur
toute la tournée d’ailleurs, très cool
au
demeurant…) et il y avait devant moi plein de mecs avec des
corpse-paints sur la tronche en train de headbanguer (rires) ! Je
n’arrivais pas à le croire ! Comme quoi
même les
fans de black arrivent à nous apprécier. Mais
c’est
quand même très difficile de décrire un
type de fan
de Nevermore en particulier : nous avons tellement
d’influences
différentes dans nos titres ! Tout ce que je sais,
c’est
que nous avons depuis 10 ans une très solide fan base qui ne
fait que grossir. C’est ce que nous espérions au
départ et ça dépasse nos
rêves. Je pense que
si tant de gens différents peuvent nous
apprécier,
c’est dû aussi au fait que moi-même, je
ne me suis
jamais enfermé dans un style de musique précis.
J’aime bien ça, mais je ne pourrais pas
écouter du
death metal 24h/24 comme certains le font, ça
m’ennuierait. Cette diversité dans notre style est
en fait
je pense le garant de notre succès.
C’est la raison pour laquelle NEVERMORE est un de nos groupes
préférés ici à Noiseweb !
Oh merci
beaucoup ! J’apprécie ! Vraiment…
De rien ! Que penses-tu d’Internet et de cette nouvelle
façon de protéger les chansons des promos, ces
«
voice over » versions, comme pour votre album ?
Ecoute, quand
nous avons envoyé les bandes masters de Dead Heart
In A Dead World à Century Media, 2 jours plus tard,
l’album en entier était sur Internet !!! On
s’est
dit : merde, c’est pas possible ! On n’a
même pas
cherché à savoir qui a fait ça, mais
on se doute
que ça ne vient pas du studio où on a
enregistré
au départ cet album. Pour moi, le
téléchargement a
du bon si on ne peut que télécharger que 2
chansons, pas
plus. Ça peut suffire pour donner une idée de ce
qu’il y a dans l’album. Mais un album complet,
c’est
dingue. Y a quand même des spécialistes qui
téléchargent ton album, et qui le revendent
après
dans des versions pourries au marché noir... Je comprends
que
les gens veuillent entendre l’album avant qu’il ne
sorte,
mais c’est mauvais. Internet est très bien pour
certaines
choses, mais très mauvais pour d’autres. Faire de
telles
choses est très préjudiciable à
l’industrie
musicale et aux groupes aussi évidemment. Si les gens
veulent
continuer d’avoir des albums et de voir les groupes en live,
faut
qu’ils arrêtent ça. C’est la
raison pour
laquelle nous avons mis des voix par-dessus les morceaux (ndlr : en
fait, il s’agit d’Andy Sneap, le
producteur…) et
nous sommes le premier groupe chez Century Media à essayer
de
faire ça. Ça semble fonctionner. C’est
la seule
idée que nous ayons trouvée pour
empêcher des gens
de télécharger l’album en entier dans
sa version
finale.
Et on vous remercie, parce que nous savons maintenant que
l’album sort chez Century Media Records (rires) !
Ouais
(rires), j’ai écouté la version promo
avec
ces voix et c’est vrai que parfois c’est vraiment
bizarre,
ça gâche certains passages. Mais au moins, les
gens qui
chroniquent auront eu une bonne impression de ce qu’il est,
à quelques 15 jours de sa sortie officielle maintenant ! On
va
dire que c’est une sorte de « teaser
»…
Bah, tu sais, ici, on a la version promo de l’album, mais on
n’en peut plus d’attendre la version finale avec le
digipack, les bonus, etc…
Tiens,
j’ai justement reçu aujourd’hui la
version
digipack et je peux te dire que c’est vraiment superbe. Je
suis
très impressionné de ce à quoi
ça
ressemble.
Allez, dernière question : quand vous verra-t-on en France
sur scène ?
Nous allons
d’abord tourner aux USA avec Megadeth, Fear Factory,
Dream Theater, Dillinger Escape Plan, pour ce Gigantour, du 31 juillet
au 14 septembre. Nous ferons une pause de 5 jours et nous nous
pointerons alors en Europe pour une tournée en
tête
d’affiche. Définitivement, nous jouerons en
France, et ce,
dans le plus d’endroits possibles. Nous allons être
très occupés à partir de la fin du
mois !
Et bien voilà ! C’est fini ! Merci beaucoup pour
ton temps
et une nouvelle fois, bravo pour ce nouvel album ! See ya on stage !
Merci,
j’apprécie vraiment ! C’était
un plaisir de vous parler ! Take care !
Site officiel de Nevermore : www.nevermore.tv