GOREFEST ! Si vous êtes un fidèle lecteur de Noiseweb, vous aurez remarqué qu’ici on apprécie particulièrement ce groupe, qui fut dans les années 90, le leader du death metal aux Pays-Bas, avec Pestilence, notamment après les sorties des extraordinaires False et Erase... Mais de fil en aiguille, l’unité du groupe s’était fragilisée à l’époque de Soul Survivor pour aboutir au split après Chapter 13th. Huit trop longues années sont passées jusqu’à ce qu’on apprenne que le groupe se reformait en ce début d’année, avec pour objectif de d’abord s’éclater, sans plan de carrière précis et d’ensuite ressortir un album. Le fruit de ces retrouvailles est le terrible « La Muerte », qui replace d’entrée GOREFEST dans le peloton de tête du death metal mondial, tout simplement. Ainsi, c’est un très loquace et jovial Jan-Chris de Koeijer, bassiste/chanteur/fondateur du groupe, qui a bien voulu répondre à nos questions, sans aucune langue de bois. GOREFEST est de retour, préparez-vous à vous soumettre à nouveau ! Old School Death Metal rules, nous voilà repartis plus de 10 ans en arrière !!! Sortie de l’album : 28 octobre 2005. |
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Entretien téléphonique avec Jan-Chris, par Will Of Death et Geoffrey | |
Hello Jan-Chris ! Content de te parler…
Oh
merci ! Tu as reçu le CD promo ? Parce qu’on a juste 30
minutes pour l’interview, c’est un peu court je pense.
Oui,
on l’a reçu et la chronique faite par Will est
déjà en ligne…et elle est très très
bonne, en l’occurrence album du mois d’octobre en ce qui le
concerne…
Une fois encore : MERCI (rires) !
Mais que l’attente fut longue…
Moi aussi, je commençais à trouver le temps long parce que je pense que c’est un très bon album.
Donc,
voilà que va débarquer dans les bacs votre 7ème
album… Comment juges-tu la première partie de votre
carrière et peux-tu nous dire pourquoi vous aviez stoppé
le groupe après « Chapter 13 » ?
Oh, bien sûr ! Pour revenir sur nos albums, commençons par Mindloss (1991),
qui est en fait le résultat de 2 démos. On est
allés très vite pour faire cet album, on a juste
ajouté un nouveau titre à l’époque. Ce fut
des débuts difficiles : nous en sommes fiers mais ce n’est
vraiment pas le meilleur album que nous ayons fait. Nous avions
déjà de bonnes idées mais aucune finesse pour les
exprimer. Ensuite, nous avons fait False (1992),
qui je pense, est notre meilleur album. Comme on n’était
pas satisfait de notre line up, c’est à cette
époque là que Frank et moi avons engagé notre
batteur Ed Warby et notre guitariste Boudewijn Bonebakker, deux
excellents musiciens. Nous n’avions pas de contrat discographique
pour cet album quand nous sommes entrés en studio. On l’a
juste enregistré sans attendre grand-chose et surtout sans avoir
personne au-dessus de nos épaules. Je pense que c’est un
très bon album de Death Metal, un classique en fait. Erase (1994)
fut notre plus gros succès commercial et on a fait pour cet
album de très grosses tournées. Un grand album mais qui
aurait du avoir une autre production. Dire que le son est
merdique est un bien grand mot mais nous planifions de le
réenregistrer complètement avec une bien meilleure
production. Mais quand j’y repense, on a eu trop de pression par
le label, qui nous a fait accélérer les choses pour au
final ne pas sortir le meilleur album qui soit en terme de son.
Dommage… Mais ça reste encore un très bon album.
Pour Soul Survivor (1996),
les ennuis ont commencé ; ce fut très dur pour moi parce
que je ne me sentais plus à ma place dans le groupe. D’un
côté, comme toujours depuis le début, il y avait
Frank et moi, et de l’autre Ed et Boudewijn qui ont
commencé à faire leur show… Je ne les blâme
pas avec le recul, mais le problème est qu’ils se sont mis
à trop écouter Thin Lizzy à cette époque !
Ils voulaient faire un truc plus rock. Ils étaient si
enthousiastes à propos de ça, et Frank et moi, si
fatigués de tout le cirque autour du groupe, qu’on
n’avait aucune idée, aucune direction, alors qu’eux
en avaient une. Donc, en gros, on les a donc suivis dans leur
délire. Je dois dire que maintenant, des chansons comme «
Demon Seed » ou « Dragon Man » fonctionnent
très bien mais en ce qui concerne les autres, des fois, je me
dis que je n’aurais jamais dû chanter dessus. Enfin, Chapter 13 (1998),
un album que je continue de soutenir à 100 % ! La chanson
« F.S 2000 » par exemple est terrible et j’aime
vraiment la production de cet album. Les chansons sont certainement
trop rock pour certaines personnes mais c’est un album pour
lequel on a vraiment bossé dur. En gros, c’est comme si
c’était mon album solo ce truc…
Maintenant, la
raison pour laquelle on a splitté, c’est que depuis Soul
Survivor, je ne me sentais plus à mon aise dans le groupe. Je ne
prenais plus trop de plaisir à chanter les titres et
l’autre gros problème était que Boudewijn et moi,
comme on peut le faire avec ses parents, on n’avait jamais
vraiment appris à communiquer. Depuis 7 – 8 mois, les
choses ont vraiment changé à ce niveau. On n’a
jamais réussi à cette époque à exprimer nos
sentiments et à discuter des problèmes ; on gardait
ça pour nous en continuant comme si de rien
n’était. A un moment, on en est arrivés à
complètement s’ignorer, sans aucune communication. Alors
là, je me suis dit : « ok, ce n’est pas la raison
pour laquelle j’ai commencé à jouer de la
musique… Je suis un fan de musique et je veux être dans un
groupe, avec des amis ». A ce moment-là, j’ai
séparé le groupe, c’était mort. Boudewijn et
moi, après ça, on ne s’est pas parlés
pendant 6 ans, jusqu’en 2004. Nous avions certainement besoin de
ce temps pour nous remettre. Et encore, notre nouvelle rencontre
s’est un peu faite par accident. Dans mon esprit,
c’était clair, Gorefest ne pouvait plus être un
groupe à nouveau. En fait, c’est grâce à Hans
van Runnen, de Transmission Records, a voulu racheter notre back
catalogue pour tout ressortir. On s’est dit : ok, il veut payer
ça 25.000 € ! Tu te rends compte, tout ce pognon pour un
groupe mort ?! Alors, Nico, le gars qui a fait le deal s’est un
jour mis à dire un truc du genre : « et si vous vous
reformiez finalement ? ». Je me suis dit : « oh non »
(rires) !!! En fait, je me disais que j’aimerais bien faire
ça mais qu’en aucun cas, ce serait possible vu comment
ça s’était terminé… J’ai
réussi à retrouver la trace d’Ed par un gars du
label et un jour qu’on était dans un bar avec Frank, je
lui ai demandé : « qu’est-ce que Boudewijn fait ces
temps-ci ? ». Alors, il a explosé de rire et m’a dit
: « c’est exactement ce que Boudewijn m’a
demandé hier à ton propos ! ». Alors, je me suis
dit qu’il était grand temps de mettre les enfantillages de
côté et de lui passer un coup de fil. On a alors
parlé très longuement et maintenant, on continue
d’apprendre à mieux communiquer. Ce fut assez marrant de
se revoir et de se reparler :
- Tu te rappelles de 1997 quand tu m’a pris la tête ?
-
Oui, mais faudrait peut-être dépasser ça
maintenant… et apprendre à nous comprendre mutuellement.
Franchement, nous sommes bien plus à l’aise maintenant et contents de rebosser ensemble.
Bon,
tu m’excuseras, c’est une longue histoire que je viens de
te raconter là (rires), mais je devais vraiment clarifier les
choses et donner du sens à notre retour, pour les gens.
Will,
notre photographe, vous a vus plusieurs fois cette année
(à Waregem pour votre 1er show, au Dynamo ainsi qu’au
Graspop) et a dit que vous étiez toujours très efficaces
sur scène. Mais avez-vous continué à pratiquer de
vos instruments pendant ce long break ?
De mon
côté, non, jamais. En fait, on s’est réunis
à 4 chez moi et on a décidé de louer une salle de
répète pour 2 semaines pour voir comment on
refonctionnerait en tant que groupe. On a commençait à
essayer de rejouer un titre de Chapter 13, et on a dû
arrêter avant la fin car on était morts. Seul Boudewijn a
continué à beaucoup pratiquer la guitare, et encore, la
guitare classique, puisqu’il a fait une école
spéciale pour ça. Ed est un phénomène par
contre, il a du talent et n’a pas besoin de beaucoup pratiquer en
fait pour être au niveau. Quant à Frank, c’est un
peu spécial parce qu’il n’avait jamais joué
dans un autre groupe avant que l’on ne fonde Gorefest en 1989.
Moi, je jouais dans un groupe de punk. Il a intégré un
groupe de rock garage, sorte de hard rock. Donc il a continué
à jouer un peu aussi. En ce qui me concerne, j’ai fait
quelque chose de complètement différent : j’ai
fondé un projet avec un pote, une sorte de bâtard entre
Joy Division et Depeche Mode. Rien de bien sérieux mais au
moins, ça m’a permis de retrouver le plaisir de faire de
la musique. Le fait que je fasse ce truc a choqué beaucoup de
gens. En tout cas, je suis bien content d’apprendre que ton
photographe, Will, nous ait trouvé bons (NdWill : tu
m’étonnes !!! La taule complète, oui : lisez les
live reports de ces 3 dates sur le site, vous comprendrez !) !
Il
semble que l’Old School Death Metal soit de retour, avec vous,
Obituary ou Bolt Thrower par exemple. Penses-tu que
c’était le bon moment pour revenir ?
Et bien, en
y regardant de plus près maintenant, oui. On n’a rien
planifié comme je te l’ai dit, mais dans les festivals
d’été que nous venons de faire, la réponse
des gens a été terrible ; mieux que ce que nous
espérions vraiment. Nous étions quand même
très nerveux, savoir comment ça allait fonctionner sur
scène et s’il y allait y avoir un quelconque
intérêt des gens à notre égard. C’est
marrant que tu me parles de Bolt Thrower justement parce qu’il y
a un truc comme 5 mois, j’ai reçu un message de Karl
Willets, le chanteur, qui est un pote depuis le milieu des
années 80. Il me disait qu’il venait de divorcer,
qu’il allait être obligé de retourner chez sa
mère un petit moment histoire de se remettre en route et
qu’il allait du coup réintégrer le groupe. On
s’est marrés en se disant qu’on revenait en
même temps, comme des vieux cons (rires) ! J’ai hâte
de les revoir sur scène et d’écouter ce
qu’ils vont proposer…
Et Gavin revient aussi (rires) ?
Ah
ah… Non ! Il ne nous aime pas, ce mec est un raciste et
déteste tout ce qui n’est pas anglais. Mais je m’en
tape (rires) !
Penses-tu qu’il aurait été possible de redémarrer Gorefest avec d’autres membres ?
Oh
non, impossible ! La première mouture de Gorefest,
évidemment, était différente avec Mark et Alex
(époque Mindloss) mais Gorefest maintenant, c’est nous
quatre. Ça, c’est le vrai Gorefest ! C’est
d’ailleurs la raison pour laquelle je n’ai pas formé
un autre groupe de Metal après 1998. Quel intérêt
de faire autre chose alors que j’ai fait partie de Gorefest ? Il
y a une sorte d’alchimie entre nous, c’est tout, même
si on s’est bien pris la tête par le passé.
J’ai écrit quelques titres sur l’album, Ed en a
écrit 5 aussi, chacun de son côté, mais dès
qu’on les joue ensemble, ça sonne comme du Gorefest
instantanément.
Ok, parlons maintenant de musique : tu peux nous parler des rééditions de vos albums sur Nuclear Blast ?
C’est
en fait comme je te l’ai dit l’idée de Hans, de
Transmission Records. Il voulait que tous les albums soient à
nouveau disponibles. Nous possédons les albums mais nous avions
signé des licences pour les droits sur des durées allant
de 5 à 7 ans. Ils peuvent donc les graver à nouveau.
Quand on s’est reformés, on a proposé à Hans
de les ressortir sous le nom de Nuclear Blast ce qui est plus facile au
niveau de la distribution. C’est une bonne idée car pour
en gros 30 €, tu peux t’offrir tous nos albums, sous la
forme de 3 double albums, donc en fait, tu paies les albums la
moitié du prix normal. Je pense que nous avons réussi
à rendre les choses intéressantes en ajoutant tous ces
bonus ; c’est je pense une bonne manière de nous faire de
nouveaux fans. Merde, on a quand même sorti des classiques
(rires) !
Parlons du nouvel
album : ne fut-il pas trop difficile de trouver à nouveau
l’inspiration après toutes ces années ?
Non
! En fait, quand on s’est pointés la 1ère fois en
répète et qu’on n’a pas réussi
à jouer entièrement les anciens titres, on s’est
dit : « ok, on arrête ! » Qui a de nouvelles
idées ? Ainsi, nous avons écrit dans les premiers jours
de répètes des titres comme « For The Masses
», quelques riffs de « The New God » ou encore
« Malicious Intent ». Spécialement Ed, qui
s’est vu offrir une nouvelle guitare pour son anniversaire par sa
frangine : cette gratte est une grosse merde (rires) - nous avons
vraiment le pire guitariste de la Terre parmi nous (rires) – mais
cet enfoiré a réussi à écrire en moins de
temps qu’il ne faut pour le dire 5 nouveaux titres excellents. En
fait, il en a même écrit 7 mais ce n’était
pas très brillant (rires) ! Il a eu d’excellentes
idées sur lesquelles nous avons pu bosser. Le mec de sa
frangine, Jimmy, bosse avec le logiciel Cubase et tous les matins,
genre à 6h30 / 7 heures, il se pointait chez ce mec pour
enregistrer des parties de gratte jusqu’à plus de deux
heures du mat’ (rires) ! L’horreur… Et ça a
duré plus de 3 mois : à la fin, le mec était
complètement mort et a fini par le jeter : c’est la raison
pour laquelle il y aura un big thank you pour lui sur l’album (et
là, il explose de rire…) ! Non, en fait, ça a
été assez facile : on a eu plus ou moins 13 squelettes de
chansons. Nous sommes rentrés en studio, rien de vraiment
spectaculaire d’ailleurs (l’Excess Studio à
Rotterdam), et nous avons produit l’album nous-mêmes avec
Hans Pieters et Tue Madsen l’a mixé. Quelques titres ont
été finis en studio et ça a été
possible parce qu’on a eu de bonnes vibrations à
être ensemble. Ça a vraiment été un
processus de création bien cool : les idées ont
fusé, nous les avons travaillées et personne n’a eu
peur de dire que certaines choses ne fonctionnaient pas trop ou de
faire part de ses émotions...
La
chronique de votre album qui est en ligne – en album du mois
d’octobre, soit dit en passant – a été faite
par Will. Il a écrit que ce nouvel album était le parfait
mix entre la brutalité de “False”, la lourdeur
d’"Erase” et la mélodie de “Chapter 13”.
Penses-tu comme lui, que “La Muerte” est la synthèse
de ces 3 albums ?
Oui, totalement. Et vous n’êtes
pas les premiers à me le dire. Je pense carrément que cet
album présente l’essence même de Gorefest,
c’est-à-dire une sorte de Death Metal brutal et
mélodique à la fois. Ce que Will a écrit dans sa
chronique est bien la meilleure façon de décrire cet
album : il est très brutal et il y a vraiment de très
bonnes parties mélodiques. Les parties brutales et rapides sont
certainement parmi les plus dynamiques que nous n’ayons jamais
écrites.
D’un
large point de vue musical, penses-tu que cet album marque une
réelle évolution dans la carrière de Gorefest ou
penses-tu que vous ayez composé l’album que les fans
attendaient ?
Ouuhhh… Difficile à dire. Par
contre, je suis certain que les fans vont l’aimer. Dans notre
situation, le seul but était de ne faire plaisir au
départ et seulement écrire un album qui était dans
nos cordes. Je veux dire qu’au départ, quand on a
recommencé, tout était fragile. Je pense que si on
s’était réunis pour écrire des choses
complètement différentes, beaucoup auraient quitté
le navire, moi y compris ! Nous voulions aussi être
complètement libre de notre écriture, pas de pression.
Pour les live, par exemple, chacun a proposé sa liste et quand
nous avons regardé ça en commun, on s’est rendus
compte que beaucoup de titres de False revenaient à chaque fois.
Il était alors devenu très clair que notre album allait
prendre une direction un peu semblable. On voulait faire un album
très heavy et je dois dire que la tournure mélodique
qu’il a pris par moments me plaît bien, alors que ce
n’était pas forcément le but au départ.
Avec le recul, tu penses que Soul Survivor et Chapter 13 furent des erreurs dans la carrière du groupe ?
Non,
je ne pense pas pour moi mais pour le groupe, oui,
peut-être… J’ai un avis plus tranché à
propos de Soul Survivor, tellement j’étais mal à
l’aise à ce moment-là et je n’avais pas
l’énergie de vraiment m’y intéresser ! Par
contre, je pense que Chapter13 est un bon album, je
l’apprécie vraiment. Le problème est que les gens
qui n’ont pas aimé Soul Survivor n’ont pas
donné à Chapter13 une seule chance. Sur notre site, nous
avons un chat où on peut en discuter avec les fans et voir aussi
ce qu’ils en pensent. Certains nous disent qu’en effet, ils
n’ont pas donné sa chance à cet album à
l’époque mais qu’ils l’aiment bien maintenant.
Nous avions à faire ça à l’époque ;
rien n’avait été planifié. Mais comme dans
tous les groupes, il se peut qu’à un moment, on se mette
à se haïr…
Quelques
titres comme "For The Masses", "Malicious Intent", la fin de "Rogue
State", le début et la fin de "Man To Fall", une large part de
“'Till Fingers Bleed" sont certainement parmi les plus violents
que vous ayez composés. Où êtes-vous allés
chercher toute cette furie, avec le retour des blast beats dans votre
musique ?
Je ne sais pas. Nous avons essayé
d’écrire des chansons rapides au milieu des années
90 et nous n’y arrivions plus. Là, c’est venu
naturellement et Ed s’est mis à blaster comme un dingue
à nouveau. Je ne sais pas pourquoi il a eu soudainement envie de
s’y remettre alors qu’il ne voulait plus en faire par le
passé. Il a peut-être eu sa crise de la quarantaine
(rires) ! Beaucoup de personnes nous ont fait cette remarque mais
vraiment, on n’a rien calculé, c’est venu si
naturellement et on s’est fendu la gueule à les jouer
(rires) ! T’aurais du voir nos gueules en répète,
parfois on a lutté (rires) ! Allez Ed, essaie ça pour
voir… et là, c’était séance de
grimaces !
D’où vous est venu ce titre, La Muerte ?
Ce
mot signifie « la mort » en espagnol. Tu n’en
n’as certainement jamais entendu parler, mais au milieu des
années 80, il y avait un groupe de punk garage à
Bruxelles qui s’appelait comme ça. J’ai toujours
pensé que leur nom était bien cool. Je les avais
complètement oubliés depuis au moins 10 ans. Il y a
encore 2 / 3 mois, quand nous étions en studio et que nous
cherchions un titre pour l’album, il y a eu plusieurs
propositions. Ainsi, cet album aurait pu s’appeler « The
Chaos Chronicles ». Mais à cette même époque,
j’ai regardé un documentaire à la
télé sur la guerre civile espagnole et « la muerte
» fut prononcé plusieurs fois dans les commentaires, qui
étaient sous-titrés. Mais on entendait bien le mot.
J’ai alors eu un flash car nous avions déjà
reçu la pochette. Avec cette pochette, ce mot prenait son sens,
d’autant que sur cet album, on s’est sérieusement
remis au pur death metal. En plus, c’est un bon titre car il est
différent de ce qui se fait en général. Dans cet
album, on parle beaucoup de mort en plus, pas dans le sens death metal
du terme, tu vois, avec le sang ou des zombies, mais plutôt au
niveau de mes paroles, la manière dont je vois le futur de notre
monde.
Tu as parlé de la pochette. Elle est très proche de False…
Ben
oui, c’est le même artiste ! En fait, nous avons cette
pochette depuis 1994. On a été le premier groupe de
Nuclear Blast à utiliser ce type de pochette un peu punk
à l’époque de False. L’artiste en question a
fait pas mal de pochettes pour des groupes anglais de hardcore. Napalm
Death en a utilisé pas mal de lui aussi. Nuclear Blast avait
tenté de proposer cette pochette par le passé à
d’autres groupes mais personne ne l’a aimée. Cet
artiste ne travaille plus avec Nuclear Blast maintenant, plutôt
avec Metal Blade. Mais on a dit : fuck you, on va l’utiliser
quand même. On aurait pu l’utiliser pour Erase mais
ça ne convenait pas trop, tout comme notre nouveau logo GF.
Bref, rien à péter, nous on l’aime bien, donc on
l’a prise, d’autant que je l’avais gardée bien
au chaud chez moi !
Penses-tu que c’est un risque pour un groupe de death metal de sortir un album de plus de 64 minutes ?
Oui,
tu es le deuxième à me dire ça (rires). Faut quand
même savoir que nous avions 30 squelettes de chansons au
départ et nous nous sommes limités à en
enregistrer 13. Mais on a dû en virer encore un car
c’était trop de boulot et l’album aurait fait 70
minutes. On s’est concentrés sur 12 titres au final pour
en choisir 10 pour l’album. Peut-être que le reste sera
enregistré pour le prochain album, on en a déjà
parlé la semaine dernière entre nous. Ok, 64 minutes mais
il n’y a que des bonnes chansons sur cet album, aucun
remplissage. Finalement, rien à foutre si l’album est long
; au moins, il est bon ! Je me demande même si cet album
n’est pas déjà devenu un classique avant même
qu’il ne soit sorti… Je pense que 60 minutes pour un
album, c’est parfait. Tout le monde devrait faire ça
(rires) !
Quel va être le futur pour le groupe, dans les mois à venir ?
On
va faire des warm up dates chez nous, aux Pays-Bas, en décembre,
et on va ensuite démarrer une tournée européenne
en headlining, le 17 février 2006. 35 dates en 38 jours ! On
n’a rien planifié pour les USA, bien qu’on nous
l’ait proposé ce matin même : je te dis ça
car le futur de Gorefest va se reconstruire à mon avis de
manière lente et cool. En fait, nous voulons faire ça un
peu comme un hobby car nous avons maintenant tous un boulot que nous ne
voulons pas quitter. Nous ferons aussi certainement quelques festivals
l’été prochain. Il est facile de comprendre que
nous ne voulons pas reproduire les mêmes erreurs que par le
passé. Faire les choses simples et s’éclater…
Penses-tu que vous devez reconquérir le cœur des fans à nouveau ?
Je
pense mais je ne sais pas trop. Je dois être honnête avec
les réactions actuelles : en fait, pour être
honnête, même les gens qui vont haïr cet album feront
quand même des interviews (rires) ! Sur Internet, pour le moment,
au moins 90 % des posts sont positifs voire extrêmement positifs.
Certains disent que c’est notre meilleur album, etc… On
verra bien ! On prend les choses comme elles viennent. Bien sûr,
nous avons quelques espoirs mais nous n’espérons pas
grand-chose finalement. Donc, si ça marche, ça ne sera
que du bonus ! Nuclear Blast ne nous a pas donné un gros budget
pour le faire. Donc, même si nous n’en vendons pas
beaucoup, nous pourrons refaire un autre album… Effectivement,
on ne redémarre pas de zéro mais on a perdu aussi
beaucoup de fans en route depuis toutes ces années. On ne peut
pas les blâmer… Comme je te l’ai dit, en
réécoutant False ou Erase, ça va, mais Soul
Survivor, ppffff… Bref, on verra bien !
Un dernier mot pour les fans français et les lecteurs de Noiseweb en particulier ?
Oui.
J’espère avant tout que les gens donneront sa chance
à cet album. Vous pouvez télécharger l’album
sur Internet si vous voulez, écoutez-le et achetez-le
après si vous le trouvez bien. Il y aura aussi un DVD en bonus
avec, des interviews, du live, le making of de l’album, des
photos… On n’a pas encore vu le résultat final,
seulement les rough versions. Je peux te dire qu’on s’est
bien marrés en voyant certains trucs. Il y a vraiment trop de
groupes Métal beaucoup trop sérieux ! Jetez-y un
œil et si ça vous plaît, allez l’acheter !
Et le plus important : pensez par vous-mêmes, clarifiez-vous l’esprit, et pas besoin de dope pour entrer en transe.
Voilà,
c’est la fin. Merci pour ton temps et ta gentillesse, et encore
une fois, bravo pour votre album et pour ce que vous avez fait pour le
Metal.
Oh… whaoww... Merci beaucoup. Il y a Frank
dans l’autre pièce là, je vais lui dire ça
tiens… Très cool.
Oui,
et il y a beaucoup de photos de vous en ligne sur le site, des photos
prises par Will à Waregem, au Dynamo et au Graspop…
Allez-y jeter un coup d’œil ! Tu peux nous laisser un petit
mot sur le guestbook si tu as le temps…
Ouais, il ne
me reste qu’une interview à faire, et j’y vais
ensuite ! Un grand merci à toi et à Will… Take
care !