En février 2004, nous nous étions déplacés au LB Lab où Black Bomb Ä venait d’enregistrer son album Speech Of Freedom, album qui les a fait éclater sur la scène HxC/Metal française. Un album qui nous semblait très prometteur et qui a ravagé toutes les cènes françaises pendant un an. Cette tournée est aujourd’hui couronnée de la sortie d’un DVD / CD live particulièrement réussi. Pour fêter ça, les BBÄ ont organisé avec leurs potes de Tagada Jones et de l’Esprit Du Clan le Disorder Tour et c’est à Hénin-Beaumont, où ils faisaient escale à la mi-octobre que nous sommes allés à la rencontre de Poun et d’Arno, les 2 chanteurs, pour faire le bilan d’un an et demi de vie commune sur les routes et savoir ce qui se cachait derrière le DVD. Pas de langue de bois ici, même quand on aborde le sujet de la fumette, pour un groupe dont le discours est toujours intéressant et libre. |
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Entretien
avec Poun et Arno, par Will Of Death
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Salut les gars ! La
dernière fois qu’on s’est vus en
interview, ça remonte à février 2004.
Vous répétiez pour votre tournée au
LB, juste après la sortie de l’album…
Que s’est-il passé pour vous entre temps ?
Poun
(chant aigu) : bien, on s’est mariés (rires),
etc… Non, on a fait beaucoup de dates. Juste
après la sortie de l’album, on est partis un mois
en tournée avec L’Esprit du Clan. Ensuite, on a
continué à faire des dates ponctuelles. Le DVD
est alors entré en jeu, puisqu’il a
été enregistré il y a plus
d’un an au VIP de St Nazaire, fin septembre 2004. Il est
sorti le 19 septembre. Pour soutenir cette sortie, on a
relancé là une nouvelle tournée avec
Tagada Jones et L’Esprit du Clan, qui s’appelle le
Disorder Tour et ça se passe mortel ! Cette
tournée nous permet de clore en fait l’aventure
Speech Of Freedom.
Arno (chant brutal) : On est aussi partis
à l’étranger. On a fait une petite
vingtaine de dates en Allemagne et aussi une en Autriche. Ça
nous a permis de rencontrer un autre public et
c’était assez plaisant. Il nous reste quelques
dates à faire en Italie, là, et ce sera fini ; on
pourra enchaîner sur un nouvel album.
La dernière fois que
l’on s’est vu, vous aviez un bassiste du nom de
Mario (rires). Il est parti et a été
remplacé par un nouveau musicien. Que s’est-il
passé avec Mario et pouvez-vous nous présenter
votre nouveau bassiste ?
Poun : Il jouait dans
Psykup, aux tous débuts du groupe et s’appelle
Etienne.
Arno : Concernant Mario, on n’a plus trop
envie d’en parler, ça fait partie du
passé. Etienne est avec nous et on se sent super bien.
Mario, c’était avant, peut-être le
« mauvais » avant. On n’a plus envie
d’en parler.
Poun et Arno : En plus, on risquerait
d’être méchants (rires) !
Combien ça vous a fait
de dates en tout depuis la sortie de l’album Speech Of
Freedom ?
Poun : Au moins 70 / 80, mais
à mon avis, on doit approcher la centaine
là…
Et qu’en avez-vous
pensé, des galères ?
Poun :
Ca s’est toujours relativement bien passé parce
qu’on a une bonne équipe derrière nous
qui s’occupe de tout. On a un lighteux, un sonorisateur, un
backliner, Lolo notre tourneur. L’équipe est bien
soudée et c’est tout crédit pour
l’artiste puisque ce sont eux qui s’occupent des
merdes qui peuvent arriver.
Arno : On ne garde que des bons
souvenirs de la tournée avec L’Esprit du Clan, les
dfates en Allemagne… (Ndlr : à ce
moment-là, on frappe à la porte, il
s’agit de Stéphane Buriez de Loudblast et de son
amie qui viennent saluer le groupe… On s’interromp
donc 5 minutes…)
Poun : Là, sur le
Disorder Tour, on s’éclate bien et c’est
vraiment le désordre (rires) !
Arno : Ouais,
c’est vraiment le carnaval et la tournée porte
bien son nom…
Poun : Il y a vraiment du monde sur
les dates et c’est bien cool, même en semaine
d’ailleurs où en général tu
as du mal à remplir les salles.
Quand nous avions
discuté en février dernier, le désir
de tous était que l’album marche et que vous soyez
en gros professionnels de la musique. Est-ce le cas maintenant ?
Poun
: Ouais, bien que je n’aime pas trop ce mot qui sonne un peu
prétentieux. Bon, en gros, on vit de notre musique depuis
environ deux ans, avant même la sortie de l’album.
A la fin de Human Bomb, on était déjà
partis sur une intermittence. Après, pendant un temps, on
l’a perdue car c’est un peu compliqué
entre un nouvel album, un certain nombre de dates à assurer,
etc… C’est pour ça que dès
qu’on a fini cette tournée, on va enquiller sur un
nouvel album tu vois.
Arno : Le but là est
surtout d’être tranquille et de pouvoir faire notre
truc, sans devoir trop se demander comment on va faire pour bouffer.
C’est un cycle en fait à respecter : album,
tournées, album… Mais surtout, on ne va pas se
plaindre !
Quel
statut vous donneriez à Black Bomb Ä
aujourd’hui ? Peut-on parler de vous comme les leaders de la
scène HxC française ?
Arno
: Bah tu sais, on fait notre truc, on joue… On
s’entend bien avec plein de groupes et pas seulement dans le
HxC… On n’a vraiment pas l’impression de
faire un match avec les autres groupes pour savoir qui est le meilleur.
On n’y pense pas en fait. On fait de la musique,
c’est tout ; on rigole.
Poun : Je vois pas trop ce
que tu veux dire par « statut » en fait…
Et bien, plutôt dans le
sens où vous pourriez vous sentir comme une
espèce de locomotive de la scène HxC en France,
dans le sens où vous amenez du monde en concert et que
ça peut aussi servir les autres…
Arno
: Ouais, mais on n’est pas les seuls. Des groupes comme
Gojira amènent du monde aussi.
Ouais, en même temps,
c’est pas du HxC !
Poun : Ouais,
c’est vrai, mais nous non plus ! Tout le monde sait bien que
nous faisons du néo métal (rires) !
Arno
: On n’est pas du tout dans cet esprit de nous dire
qu’on est des leaders ou je ne sais quoi d’autre.
On s’en tape, c’est pas notre truc !
Poun
: Bon, c’est quand même bien si on peut
être une locomotive mais on ne tient pas non plus
à être les papys. On est juste un groupe qui
s’éclate sur scène et qui donne du
plaisir aux gens qui viennent nous voir. On n’est pas
là pour faire les assistantes sociales et donner des
conseils. On est comme tout le monde : on se la met mais on ne se dit
pas qu’on est en tête de liste…
Et trouvez-vous que la vie en
tournée sur plus d’un mois et demi, ça
peut devenir chiant ?
Arno : Le
problème est qu’entre nous, on ne peut pas se
saquer (rires) ! On a chacun notre tour bus et nos chambres
d’hôtel séparées. Nan,
c’est vraiment très très bien.
Mais pour pouvoir mettre autant
d’intensité en live, ça
réclame une certaine hygiène de vie quand
même, non ?
Poun : Euh, ouais,
c’est vrai, ouais… En fait, tu t’en
aperçois plus quand tu prends de l’âge.
Mais comme on fonctionne par cycle album, tournées,
t’es toujours dans le bain. Y a bien un mois ou deux dans
l’année où tu peux souffler un peu mais
t’as toujours une certaine condition, entre
répètes et tournées. C’est
vrai aussi que tu ne peux pas te la mettre tous les soirs
même si on le fait…. AH AH AH !
Arno :
Ca nous est déjà arrivé de nous la
mettre sévère en soirée et
d’être « armoire » le
lendemain. La semaine dernière, je m’en suis mise
une terrible et là, tu te dis que tu dois te mettre des
freins. C’est tellement facile en tournée :
t’arrives là, l’alcool est à
volonté, t’as tes potes backstage, t’es
tranquille. Alors il faut savoir se freiner, même si parfois,
c’est super dur !
Poun : Quand t’arrives
sur scène et que t’es pas bien, tu te dis
qu’il va falloir dormir un peu. Le problème pour
le chant est que si t’as mal au crâne avant de
monter sur scène, c’est vraiment horrible. Moins
pour les musiciens. Alors si en plus, t’as la voix
pétée, là, c’est
l’horreur totale.
Tiens, comme on parle
d’hygiène de vie, voilà une habile
transition : on va parler un peu de fumette.
Poun
: Nan, surtout pas de drogue !
En gros, on peut dire que vous
êtes des chantres de la fumette. Mais vous ne pensez pas que
vous avez un discours en live qui peut être quand
même un peu dangereux ?
Arno : On ne
pousse personne à fumer nous…
Poun :
Merde, on n’est pas des assistantes sociales. On
n’est pas là pour dire aux gens de ne pas faire ci
ou ne pas faire ça, quoi. Nous, on se la met mais on
n’est pas les seuls non plus. Les gens qui fument des
bédots n’ont pas attendu qu’on leur
dise. C’est une liberté d’esprit. Nous,
on aime bien fumer des pétards et on le dit dans nos
chansons. On a quand même le droit de le dire…
Maintenant, si on vient me dire que je n’ai pas le droit
d’en parler, je ferais de la musique pour quoi ? Pour rentrer
dans une boîte et on me sortira quand on aura besoin de moi ?
Après, ok, y a des gens qui disent que c’est
dangereux… Tu crois que c’est pas aussi dangereux
de vendre de l’alcool en vente libre à Champion ?
A côté de chez moi, à Lille, y a un
Champion : tu verrais la gueule des mecs qui viennent se la mettre avec
leur bibine… Ils n’achètent pas des
pizzas mais des bouteilles de toute sorte! Et ça,
c’est en vente libre, mais on ferme les yeux.
Arno
: Je suis d’accord avec Poun mais je rajouterais
qu’avant nous, y a eu plein de groupes que se la sont mises
aussi. Si tu commences à penser aux années 70 par
exemple, on n’est pas les premiers à fumer.
Poun
: Maintenant, tu peux te foutre la race si tu veux mais c’est
toi qui décides. On n’est pas des dealers : vas-y,
goûte, c’est bon ! Non… On
n’est pas des gens qui décident pour les autres.
On n’est pas des fachos, merde (rires) !
Arno :
Nous, on se la met mais le mec qui est sobre, respect aussi. Chacun est
libre. Maintenant, en jouant tous les soirs, on sent les
mêmes odeurs, tu vois. On n’est pas les seuls.
Donc, faut arrêter le délire.
Tiens, parle-nous justement du
dernier morceau du DVD : « Legalize Me » pour
éclaircir le truc...
Arno :
Justement, ça ne parle pas du tout de drogue. Il y a eu un
gros amalgame à ce propos sur les forums ou autre. Les gens
disaient : ouais, BBA ne parle que de weed dans leurs chansons,
etc… Mais à part « Mary »,
aucun autre morceau de Speech Of Freedom ne parle de ça.
Dans Human Bomb, il n’y avait qu’un seul morceau
aussi. Si les gens pensent qu’on ne parle que de weed, ils
sont très cons. Faut lire un peu les textes, et «
Legalize Me » ne parle pas du tout de weed.
Poun :
Ca parle plutôt du fait de légaliser nos propres
personnes : accepte ma façon de penser, sans
forcément entrer dans un cadre
pré-établi, tu vois le truc ?! Sois comme
t’as envie d’être. C’est plus
ça le message de cette chanson.
Justement, venons-en au DVD
maintenant. C’est plus un DVD avec un CD bonus ou un CD live
avec un DVD en plus ?
Poun : A la base,
c’est fait pour être un DVD live. Ensuite, on
s’est dit que par rapport au format digipack, moins cher que
le format classique du DVD, on pouvait insérer un CD en
plus. Mais c’est quand même le DVD qui prime.
Comment s’est
présentée cette opportunité de faire
un DVD ?
Poun : En fait, au départ, on
a émis la demande à la maison de disques depuis
un petit moment déjà et comme Tagada Jones avait
aussi besoin de faire un DVD, l’occasion s’est
présentée. On a fait ça ensemble dans
une salle à St Nazaire. On a monté ça
en co-prod avec notre assoce et la maison de disques. Nous, on
s’est occupés du mixage, mastering et du
graphisme. Toute la technique caméras, montage,
c’est Enragé Productions.
Vous pensez quoi du
résultat alors ? C’est conforme à vos
attentes de départ ?
Poun : Bah,
t’es jamais satisfait à 100 % d’autant
que c’est une première expérience. Mais
je suis rassuré par les gens autour de moi qui me disent
qu’il est bien. Il n’y a pas eu de critiques
négatives et tant mieux… Ce n’est
peut-être pas le DVD de l’année mais on
a fait de notre mieux et ça reste fidèle
à ce qu’on est. Après, c’est
difficile d’enregistrer un seul live car sur
d’autres dates, ça peut être
différent parfois, t’es plus excité. Ce
n’est peut-être pas le meilleur soir de la
tournée mais c’était quand
même bien pêchu.
Et hormis la partie live, pour
ceux qui ne l’ont pas encore vu, que peut-on trouver en bonus
?
Poun : Déjà sur le live,
y a une guest apparition de Jag sur deux morceaux, l’ancien
chanteur de BBÄ.
Arno : En bonus, y a tous les
à-côtés : la vie en coulisse, des
conneries, des vieux live, du studio, une galerie photos, et des bonus
cachés qu’il faut trouver ! Je n’en
dirai pas plus (rires)…
Sur cette tournée,
vous avez donc joué quand même une vingtaine de
dates en Allemagne. Alors, comment ça s’est
passé ?
Arno :
Déjà, le public est quand même beaucoup
plus rock qu’en France je trouve.
Poun : On a
joué dans des boîtes et après le
concert, les mecs et les meufs sont restés pour danser sur
du Métal, pas comme ici quoi… C’est une
culture musicale bien plus rock, plus ouverte.
Arno : Sur
certaines dates, on a joué devant des publics nombreux,
c’était blindé et on ne s’y
attendait pas.
Poun : C’était un peu
comme recommencer au début : on n’est pas connus
et on avait une petite promo. On n’avait pas la
même force de communication qu’en France. Et
encore, au niveau des magazines, je trouve qu’en France, on
n’est pas super bien lotis. Je pense qu’on
s’est plutôt fait notre nom sur les dates et sur le
fait d’avoir tourné depuis une dizaine
d’années. C’est ce qu’on
essaye de faire à l’étranger. Et un
petit coup de pouce des magazines, ça ne fait jamais de mal.
Y a eu pas mal
d’interviews quand même à la sortie de
l’album…
Poun : Ouais, y en
a eu quelques-unes mais quand tu vois ce qu’on vend par
rapport à d’autres groupes qu’on voit
tout le temps sur 5 pages, et qui vendent moins, on se demande bien
pourquoi on n’a pas plus d’espace dans les
mags… On n’est pas assez hype, on ne
s’habille pas à la méga star ?! Je sais
pas, je vais peut-être me maquiller ce soir…
Bon, vous serez quand
même en page de garde sur Noiseweb… Bon, ok, on
n’a pas 100.000 lecteurs par mois mais quand même
(rires) !
Poun : Ah mais avec les webzines, les
fanzines et les radios, y a pas de problèmes ! Ce ne sont
que des passionnées qui font ça. Le
problème avec les magazines est qu’ils
fonctionnent dans un système un peu hype : ils ont des
portes ouvertes, ils font des interviews de fous, avec les gros
groupes. Après, toi, tu passes au second plan, comme une
merde quoi...
Comme on dit, on ne prête
qu’aux riches…
Poun : Ouais, mais si ton
groupe éclate au grand jour grâce au public, ils
récupèreront le truc après en disant
qu’ils y ont été pour quelque chose.
Quelle
est la suite pour BBÄ ? Déjà des
morceaux prêts pour un album suivant ?
Arno : Ouais,
on a commencé à bosser. On a un morceau et
quelques riffs par ci par là. Avec tous les concerts, on
n’a pas eu le temps de vraiment se retrouver et de bosser
sérieusement. Dès la fin de cette
tournée, on a deux mois de boulot pour composer.
Poun
: Je pense que vers avril 2006, on aura un nouvel album dans les bacs.
Des
idées de paroles déjà ?
Poun
: Que dalle ! Pas le temps de réfléchir en
tournée. En plus, on est assez
éloignés : Arno, Hervé, Sam et moi, on
habite à Lille ou dans les environs mais Scalp et Etienne
habitent toujours dans le Sud, donc c’est pas
évident non plus. On ne peut pas se dire : tiens, demain, tu
passes en répète vite fait là ? Non,
il faut absolument qu’on s’aménage des
plages de travail fixes comme on va faire en novembre et
décembre.
Bon, alors, pour finir,
qu’auriez-vous envie de dire aux gens qui n’ont pas
encore le DVD, pour leur donner l’envie de
l’acquérir ?
Poun : Euh, y a un morceau
de shit caché dans chaque CD (rires) ! C’est
ça en fait notre bonus (rires) ! Le tout est fait en
chanvre, donc vous pouvez aussi fumer la pochette.
Arno :
Ouais en plus avec les colorants, vous aurez en plus mal à
la tête !
Poun : Nan mais sérieusement,
si tu ne nous a jamais vus en live, c’est une bonne occasion
d’acheter le DVD pour te donner une idée de ce
qu’on est et peut-être aussi de venir nous voir par
la suite. Après chacun est libre de faire ce qu’il
veut, même de le graver. Mais comme tu auras des remords, tu
iras l’acheter (rires) !
Un dernier
petit mot pour nos lecteurs chez NOISEWEB ?
Arno : Et bien,
continuez à faire bouger la musique en France et
déplacez-vous aux concerts. Dans le Nord/Pas-de-Calais et
aussi un peu partout ailleurs, ça se déplace
bien, donc continuez comme ça. J’espère
qu’on se croisera maintes et maintes fois en live par la
suite !
Poun : Et surtout, droguez-vous (rires gras) !!!